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Roselyne Bachelot : «Les femmes gagneront ensemble»

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JOL Press : pourquoi avoir choisi aujourd’hui de rendre un hommage particulier aux femmes du Printemps arabe ?

Roselyne Bachelot-Narquin : il y a une phrase de Nelson Mandela que j’aime bien : «  Tout ce qui est fait pour nous sans nous, est fait contre nous. » Je pense que cette phrase s’adresse particulièrement aux femmes du monde arabe. Oui, les peuples aspirent à la liberté, à la démocratie, mais il faut que ces mouvements démocratiques, auxquels les femmes ont participé, continuent avec elles.

En effet, les femmes ont participé aux révolutions arabes et elles doivent être présentes dans le processus démocratique : les assemblées constituantes, les nouvelles lois, les élections aux parlements de ces pays. Et c’est le rôle de la France que d’être à l’écoute, de les aider, non pas pour imposer un modèle qui serait le modèle parfait, le nôtre, et Dieu sait si nous avons des progrès à faire, mais plutôt pour échanger.
Nous avons mis un siècle à installer notre démocratie et on voudrait que ces peuples l’installent en une semaine ?  Bien entendu, tout cela se fera petit à petit, mais nous devons être là d’abord pour les féliciter, les encourager et pour échanger avec elles.

Aujourd’hui, les combats féministes des pays occidentaux ne sont-ils pas en décalage par rapport à la situation réelle des femmes dans le reste du monde ?

Roselyne Bachelot-Narquin : ces combats ne sont pas en décalage, ils sont effectivement à adapter selon chaque pays. Alors, bien sûr, il y a des lignes rouges. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé le rappelait devant un parterre de ministres et d’ambassadrices du monde arabe, il y a encore quelques minutes. Parmi ces lignes rouges, il y a effectivement le droit des femmes. Droit de participer à la vie démocratique, droit à l’éducation, droit à la protection de leur santé génésique, sexuelle et de reproduction. Bien entendu ce sont des droits qui correspondent à des textes que la France a signés, comme la Convention onusienne pour le refus de toute discrimination envers les femmes, ou la Plateforme du Caire sur la population et le développement, ou la Plateforme de Pékin. Bien entendu, ces choses-là font références à des droits fondamentaux qui ne sont pas négociables. Chaque pays a son développement démocratique, donc il n y a pas de décalage, mais simplement la spécificité de chaque destin.

Concernant la parité, que pensez-vous de l’idée d’une règle européenne imposant des quotas pour les femmes dans les conseils d’administration ?

Roselyne Bachelot-Narquin : j’y suis tout à fait favorable. J’ai d’ailleurs participé au dernier Conseil des affaires sociales, le conseil EPSCO dans le jargon communautaire, où j’ai présenté à mes collègues ministres européennes cette démarche de la France pour l’institution de la parité dans les conseils d’administration. Le succès de ma présentation a été mitigé. Tous les pays ne sont pas pour des démarches coercitives. J’ai toutefois remarqué que la commissaire Viviane Reding, qui était là, a exprimé un intérêt et une démarche bienveillante pour cette proposition. Mais est-ce que la norme sera une recommandation ? Je préfèrerais une directive, c’est à dire une loi européenne. J’ai l’impression d’avoir semé une graine qui ne demande qu’à fleurir !

Un message pour les femmes du monde entier ?

Roselyne Bachelot-Narquin : nous allons gagner ensemble.  Cette journée du 8 mars est une journée très importante. Les femmes ne gagnent que si elles sont solidaires, si elles sont unies ensemble. Nous n’avons pas seulement qu’un destin individuel, nous n’avons pas seulement qu’un destin national, nous avons un destin planétaire pour les droits des femmes et nous allons combattre ensemble.

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Propos recueillis par Olivia Phélip 

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