[Image:1,l]Embarras manifeste à la Maison-Blanche après la tuerie perpétrée, dimanche 11 mars, par un soldat américain, qui a froidement abattu 16 civils afghans, dont plusieurs femmes et enfants. Tandis que les autorités américaines se confondent en excuses, les talibans promettent déjà de riposter
16 civils tués dans une fusillade nocturne
Dimanche 11 mars avant l’aube, un soldat du contingent américain de la force internationale de l’Otan (Isaf) a quitté sa base de la province de Kandahar, au sud de l’Afghanistan. Lourdement armé, il a ouvert le feu sur les occupants de trois maisons de villages alentours, dont neuf enfants et trois femmes, avant de brûler leurs corps.
« Je suis entré dans trois maisons et j’ai compté 16 morts, qui incluaient ceux d’enfants, de femmes et d’hommes âgés », a raconté un journaliste de l’AFP qui a pu visiter le lieu de cette tragédie.
Le soldat, qui était sans doute mentalement atteint, est ensuite rentré à sa base où il a été placé en détention.
Condoléances attristées
Le général britannique Adrian Bradshaw, commandant adjoint de l’Isaf, a exprimé, au nom de la force internationale, ses « regrets sincères » et sa « peine » pour « cet incident épouvantable».
Barack Obama a aussitôt téléphoné à son homologue afghan Hamid Karzaï pour lui faire part de sa « consternation » et de sa « peine ». Le président américain a « présenté ses condoléances au peuple d’Afghanistan et a souligné l’engagement de son administration à établir les faits aussi vite que possible et à faire rendre des comptes à toute personne ayant une responsabilité » dans ce massacre, a déclaré la Maison-Blanche.
L’ambassade des Etats-Unis à Kaboul a également publié un communiqué pour déplorer l’attaque « contre des civils innocents ».
Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a assuré qu’une enquête était « en cours» sur le drame.
Le président Hamid Karzaï a lui aussi condamné ce carnage :« Il s’agit d’un assassinat et d’une action impardonnable», a-t-il déclaré.
Vengeance programmée
Les talibans n’ont pas tardé à riposter, au moins verbalement. Dans un communiqué publié sur leur site internet, lundi 12 mars, ils ont juré qu’ils « vont venger chacun des martyrs tués sauvagement par les envahisseurs ».
« La majeure partie des victimes sont des enfants innocents, des femmes et des vieillards, massacrés par les barbares américains qui ont volé leur vie précieuse sans merci et maculé leurs mains de leur sang», disent encore les insurgés islamistes, qui promettent redoubler leurs attaques contre les « sauvages américains malades mentaux ».
Des précédents déjà lourds
L’affaire intervient dans un contexte déjà extrêmement tendu, à la suite de plusieurs « transgressions morales » par les soldats américains, des provocations qui ont ulcéré la population civile afghane.
Le 21 février, des exemplaires du Coran avaient été brûlés sur la base militaire de Bagram. L’affaire avait entraîné une semaine de violentes émeutes, qui ont fait environ une trentaine de morts et 200 blessés.
Le 14 janvier, une vidéo choquante avait été diffusée, montrant des marines en train d’uriner sur les cadavres de talibans, provoquant l’ire des Afghans.