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Vladimir Poutine confiant à la veille de la présidentielle

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Vladimir Poutine, Premier ministre depuis 2008, année où il avait quitté le Kremlin faute de pouvoir effectuer un troisième mandat, est le favori de la présidentielle du dimanche 4 mars, malgré un mouvement de contestation sans précédent depuis son arrivée à la tête de l’Etat russe en 2000. A l’étranger, et en particulier en Occident, le retour en force de l’ancien Président inquiète quelque peu et laisse craindre une nouvelle radicalisation du régime politique en Russie, une fuite en avant qui pourrait en faire une nouvelle menace pour le très fragile équilibre mondial. Fin limier, manipulateur né, Vladimir Poutine se veut rassurant.  

Les manifestations, « une bonne expérience pour la Russie »

Depuis les élections législatives du 4 décembre dernier, les soupçons de fraude et la perspective du retour au Kremlin de Vladimir Poutine ont poussé l’opposition – les oppositions – dans la rue. Malgré les rudesses de l’hiver russe, la mobilisation lors de nombreuses manifestations a été exceptionnelle et inattendue. Le pouvoir a plutôt bien réagi : d’une part, en dépit d’une forte présence policière, il n’y a pas eu de bavures qui auraient pu créer les conditions d’une situation insurrectionnelle ; d’autre part, les pro-régimes ont répliqué en masse à chaque démonstration de force des « anti ».

Devant la presse étrangère, Vladimir Poutine est allé jusqu’à se féliciter de la protestation contre son régime : « Je suis, par exemple, très content que cette situation ait lieu », a-t-il affirmé, interrogé sur la vague de manifestations déclenchée par les fraudes présumées aux législatives de décembre. « Cela veut dire que les autorités (…) doivent réagir avec vivacité à ce qu’il se passe dans le pays, à l’humeur des gens et répondre à leurs attentes », a-t-il poursuivi, estimant qu’il s’agissait « d’une bonne expérience pour la Russie ».

Pas de durcissement du régime

Ses opposants accusent Vladimir Poutine de préparer une mise au pas du pays, un retour à un régime authentiquement autoritaire, usant de certains instruments du totalitarisme soviétique dont il est lui-même, ancien du KGB, le pur produit.

Le candidat a exclu toutes intentions allant dans ce sens : « Et pourquoi le ferais-je ? Pourquoi ces craintes, alors que nous faisons exactement l’inverse ? Nous n’avons rien prévu de tel », a-t-il promis. Les instruments de propagande utilisés – contrôle des médias, visites arrangées, surveillance des opérations de vote, création de partis affidés, promotion de candidats fantôches – semblent pourtant prouver l’inverse.

Dmitri Medvedev, futur Premier ministre

Vladimir Poutine a confirmé que lui-même et l’actuel Président, Dmitri Medvedev, allaient simplement échanger leurs places à la tête de l’exécutif russe. Après un « intérim » de quatre ans, la répartition des rôles entre les deux hommes reviendra donc à la « normale » : la prédominance de Poutine sur Medvedev n’a pu être mise en doute que rarement et brièvement au cours des dernières années.

« Si les citoyens du pays me font confiance pour le poste de président du pays, alors je proposerai M. Medvedev comme chef du gouvernement », a-t-il confirmé. « Nous disons clairement et honnêtement au pays ce que nous proposons », a-t-il ajouté. Devant les critiques que soulèvent « ces petits arrangements entre camarades », Vladimir Poutine a expliqué avoir convenu il y a longtemps avec Dmitri Medvedev que le candidat à la présidentielle serait le plus populaire d’entre eux. « On s’est mis d’accord par le passé que l’un de nous serait candidat à la présidentielle, » a-t-il raconté, « à la fin de l’année passée il était clair que la popularité de votre serviteur était supérieure à celle de Medvedev », a-t-il poursuivi. Comme ils sont issus, tous les deux, de la même formation politique, « Russie Unie », il serait donc normal que le moins bien placé cède sa place au mieux placé…

Au pouvoir jusqu’en 2024 ?

En vertu de modifications apportées à la constitution russe au lendemain de l’élection présidentielle de 2008, le mandat du nouveau président passera de 4 à 6 ans, renouvelable une fois. Dès lors, Vladimir Poutine pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2024. Alors, âgé de 72 ans, il aura passé 20 des 25 années précédentes au Kremlin – et les cinq restantes à la Maison Blanche, la résidence du Premier ministre. Un palmarès flirtant avec le record établi par Staline…

Lors de cet entretien, il a clairement laissé entendre qu’il ne songeait pas à une retraite politique, et n’a pas n’exclut d’être candidat à la présidentielle de 2018, car ce serait « normal » avec le soutien de la population. « Je ne sais pas si je veux être assis (au pouvoir) pendant vingt et quelques années. Je n’ai pas décidé encore. Pour le moment il est question de l’élection du président pour les six ans à venir », a-t-il ironisé. Avant d’ajouter : « Ce serait normal, si tout se passe bien, si ça plaît aux gens. Ce ne serait pas normal si les gens n’aiment pas, si les choses se passaient mal, si la personne s’accroche à son fauteuil et enfreint la loi ». Une façon aussi de rappeler qu’en se pliant aux lois constitutionnelles en 2008, il avait montré son attachement aux principes démocratiques.

Dimanche, Vladimir Poutine sera confronté à quatre candidats, que tout oppose : deux vétérans de la vie politique russe, le communiste Guennadi Ziouganov et le nationaliste Vladimir Jirinovski, et deux nouveaux venus, le social-démocrate Sergueï Mironov et le milliardaire libéral, Mikhaïl Prokhorov. Vladimir Poutine s’est dit sûr d’avoir le soutien de la majorité des Russes, même dans les grandes villes et au sein de la classe moyenne où l’opposition est réputée la plus forte.

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