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«Artiste surveillé», Ai Weiwei place des webcams chez lui

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[image:1,l]L’artiste contestataire chinois Ai Weiwei défie une nouvelle fois le régime de Pékin. Mardi 3 avril, il a annoncé qu’il avait installé à son domicile de la capitale chinoise quatre caméras reliées à Internet, pour tourner en dérision la surveillance permanente à laquelle il est soumis.  

Un artiste en « résidence surveillée »

« Ma vie est placée sous tellement de surveillance et de contrôles, que ce soit mon téléphone, mon ordinateur… Notre bureau a été perquisitionné, j’ai été fouillé, chaque jour je suis filé, il y a des caméras de surveillance en face de chez moi », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse.

« Alors je me suis dit, pourquoi pas installer (des caméras) ici afin que les gens puissent voir toutes mes activités », a-t-il poursuivi. « J’espère qu’en face (du côté des autorités, ndlr), on fera également preuve d’une certaine transparence. »

Ai Weiwei avait été détenu dans un lieu inconnu de début avril à fin juin 2011, ce qui avait soulevé une vague d’indignation à travers le monde. Il vit depuis sous surveillance, sans pouvoir quitter Pékin, et fait l’objet d’un harcèlement permanent de la part du régime.

Cycle provocation-répression : l’affaire de Twitter

Le 18 mars dernier, Ai Weiwei avait pu utiliser pendant deux heures dimanche le compte qu’il venait de créer sur Sina Weibo – le twitter chinois -, soulevant les espoirs de certains internautes, avant de se le voir supprimer. 

Son premier message avait été de dire: «Test. Ai Weiwei. 18 mars 2012 ». « Le moment est venu. Les cieux ont changé en Chine », avait-il également posté. En deux heures, Ai Weiwei avait attiré 10.680 « followers » ou abonnés

Il avait précisé avoir utilisé son numéro de Sécurité sociale pour ouvrir un compte sur le site de micro-blogging après avoir découvert par hasard que son nom n’était plus bloqué. Mais sa joie a été de courte durée: son compte est devenu inaccessible lundi 19 mars, peu après minuit, sans doute supprimé par la censure.

Cycle provocation-répression : dans la ligne de mire du fisc

Jeudi 29 mars, Ai Weiwei avait annoncé que l’administration chinoise venait de rejeter son appel contre une amende d’un montant de 15 millions de yuans (2,4 millions de dollars) pour évasion fiscale.

D’après ses amis, cette affaire de revenus prétendument dissimulés ne serait qu’un montage de la part du pouvoir pour museler l’artiste avant-gardiste exposé dans le monde entier, notamment actuellement au Jeu de Paume à Paris.

L’artiste compterait poursuivre dans les 15 jours l’administration des impôts de Pékin et le bureau de la sécurité publique de la capitale.

En novembre 2011, il s’était acquitté d’une caution de 8,45 millions de yuans (environ 1 million d’euros), payée par des dizaines de milliers d’admirateurs, ce qui lui avait permis de demander la révision administrative des accusations d’évasion fiscale. Les autorités fiscales ont jusque fin avril pour rendre leur décision.

Le « loft » d’Ai Weiwei, un programme court…

Une des webcams tourne au-dessus de son lit, les autres ont été placées à son bureau, dans sa chambre à coucher et dans sa cour. Leurs images devraient être consultables sur le site de l’artiste à l’adresse http://weiweicam.com.

Mardi 3 avril 2012 à 11h30 heure de Paris. A cette adresse, pas de webcams accessibles. Ou plutôt des images fixes qui rappellent les premières webcams de la préhistoire du net. La censure des autorités chinoises auraient-elles déjà frappé ?

 

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