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Ce que le procès Breivik dit de l’extrémisme en Europe

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[image:1,l] En Europe, l’extrême-droite est un mal insidieux. Dans de nombreux pays, le négationnisme est réprimé par la loi. En Allemagne, il est illégal d’afficher des croix gammées. En France, les insultes antisémites sont passibles d’amendes. Mais cela n’empêche pas la haine. Dans l’ombre, elle continue à gangréner la société. En Europe de l’Est, les partis antisémites, islamophobes et anti-immigrants rencontrent un succès grandissant.

Trouver un bouc-émissaire

La crise exacerbe les tensions : il faut rapidement trouver un coupable, un bouc-émissaire. De préférence quelqu’un qui ne leur ressemble pas. Et cela, certains dirigeants politiques l’ont parfaitement saisi. Ils savent exactement où rediriger leur frustration. 

Dans le nord de l’Europe, et une majeure partie de l’Europe Occidentale, ces partis controversés semblent moins problématiques, cependant, les idées et valeurs qu’ils véhiculent rencontrent un écho considérable.

«Tout ce qu’il souhaite, c’est être déclaré sain d’esprit »

Les attaques perpétrées en Norvège par Anders Behring Breivik soulèvent des questions cruciales : quelle est la meilleure façon de traiter avec cette haine ? Faut-il tenter de la proscrire, ou doit-on au contraire lui permettre d’exister librement ?

Anders Behring Breivik, dont le procès a débuté lundi 16 avril, a admis avoir tué 77 personnes, tout en plaidant non coupable. Il estime en effet avoir « agi en état de légitime défense », s’estimant victime de la montée de l’islam et du multiculturalisme en Norvège. Les avocats Anders Behring Breivik ont tenté de convaincre leur client de plaider la folie passagère, pour espérer bénéficier d’une réduction de peine, en vain. 

« La plupart des gens dans son cas, voudraient être déclarés fous, pour pouvoir échapper à une lourde condamnation », explique Odd Groen, l’un des défenseurs. « Mais lui, tout ce qu’il souhaite, c’est être déclaré sain d’esprit ». 

Anders Behring Breivik se voit en héros

Selon lui, Anders Behring Breivik considère que ses tueries étaient « nécessaires » pour attirer l’attention sur son manifeste, un texte idéologique destiné à avertir les Norvégiens du « danger islamiste » qui guette le pays. Il ne souhaite en aucun cas que les gens le prennent pour un paranoïaque schizophrène, cela supposerait qu’il a tué des innocents sans raisons. Anders Behring Breivik en est persuadé, il se voit comme le nouveau héros de la Norvège.

À l’ouverture de son procès, il a adressé au public composé de familles de victimes, de survivants et de journalistes, un salut d’extrême droite, le bras droit tendu, poing serré. 

« Je ne reconnais pas les tribunaux norvégiens. Vous avez reçu votre mandat de partis politiques qui soutiennent le multiculturalisme. Je ne reconnais pas l’autorité de la cour » a-t-il ensuite déclaré aux juges. 

Le fait d’un homme seul

À l’origine, Anders Behring Breivik, a affirmé appartenir à un groupuscule violent qui se faisait appeler les « Chevaliers du Temple », et qui projetait de nombreuses attaques à venir. 

Le procureur a enquêté et en a conclu qu’un tel groupe n’existait pas. Anders Behring Breivik avait bel et bien agi seul. 

En attendant, l’Union européenne ne relâche pas sa pression sur les États membres pour qu’ils suppriment les lois discriminatoires. Pourtant, qu’importe le nombre de lois, si les différents Anders Behring Breivik, encore trop nombreux à travers le monde, n’apprennent pas les vertus de la tolérance et de l’ouverture d’esprit.

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