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Charles Taylor reconnu coupable de crimes contre l’humanité

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[image:1,l]Le verdict est tombé. Charles Taylor, président du Liberia de 1997 à 2003, a été reconnu coupable des crimes contre l’humanité et crimes de guerre, durant le conflit en Sierra Leone, de 1996 à 2002. Le politicien de 64 ans, devient le premier ex-chef d’État condamné par la justice internationale, depuis le procès historique de Nuremberg.

Des armes contre des diamants

Charles Taylor était accusé d’avoir mené une campagne de terreur, afin de contrôler de la Sierra Leone voisine. Pendant 12 ans, ce « seigneur de la guerre » a fourni des armes aux rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), en échange de diamants

Responsable de l’un des conflits les plus meurtriers d’AfriqueCharles Taylor avait néanmoins plaidé non coupable des 11 chefs d’accusation retenus contre lui, dont : meurtres, violsesclavagismemutilationspillages ou encore enrôlement forcé d’enfants soldats.

Une forme de réparation pour les victimes

Selon Elise Keppler, de l’ONG Human Rights Watch, ce procès va « envoyer un message »« L’immunité ne règne plus, même les personnes de pouvoir peuvent être poursuivies », résume l’humanitaire. « Les victimes de la Sierra Leone ont terriblement souffert pendant le conflit. Ce verdict représente une forme de réparation ».

Charles Taylor devrait être incarcéré dans une prison anglaise. Le gouvernement néerlandais a accepté d’accueillir le procès à La Haye à condition que l’ex-président purge sa peine dans un autre pays.

Un procès exemplaire

Le tribunal spécial pour la Sierra Leone a été instauré en 2002, à la fin d’une guerre civile qui a entraîné 50 000 morts et des milliers de mutilés. Treize personnes ont été initialement poursuivies, mais trois suspects sont morts avant leur procès. L’un d’entre eux semble s’être « volatilisé ». 

Le procès Taylor est une affaire historique. Depuis Nuremberg, il s’agit de la première fois qu’un ex-président est jugé pour des crimes contre l’humanité. Un premier verdict qui ouvrira probablement la voie à d’autres condamnations. Actuellement en prison, Laurent Gbagbo, l’ancien président de Côte d’Ivoire, attend son jugement par la Cour Pénale Internationale (CPI). Le président soudanais Omar-el-Béchir est lui poursuivi pour son implication dans le Génocide du Darfour. Quant à Slobodan Milosevic, président de l’ex-Yougoslavie, il est mort avant la fin de son procès. 

L’affaire relancée grâce à Naomie Campbell

Le verdict tombé le 26 avril, vient clore de longues années de procédures. En se prolongeant, ce procès Taylor a conduit au désintérêt des médias. Cependant, l’affaire fait à nouveau couler de l’encre, lorsqu’en 2010, le top model, Naomi Campbell, a été appelé à la barre des témoins. Le mannequin a déclaré à la cour avoir reçu des « pierres à l’aspect sale » d’un inconnu, qu’elle présume être Charles Taylor, après un dîner organisé par Nelson Mandela, en Afrique du Sud, en 1997.

John Jukon, président d’une chaîne d’ONG du Libéria, relève que l’argent qui a financé le procès de l’ancien président aurait pu être utilisé à meilleur escient, pour aider les pauvres de Sierra Leone, notamment.

Pouvoir désormais parler des « diamants de sang » 

L’association, « Open society justice initiative », financée par le milliardaire George Soros, s’est engagée à assurer une médiation, visant à détailler, à la population de Sierra Leone et du Libéria, les conséquences du verdict rendu par la CPI. Pour Ian Smillie, expert du conflit des diamants, appelé à la barre pendant le procès pour aborder les ravages causés par le commerce des « diamants de sang », « le commerce non-régulé des diamants pendant les années 90 a causé, directement et indirectement, la mort de millions de personnes.  Le carnage est monstrueux, et les effets s’en ressentiront encore longtemps » regrette-t-il. Le spécialiste conclut en rappelant que certes, « les diamants n’ont pas causé la guerre, mais ils en ont été le carburant ».

Global Post / Adaptation Anaïs Leleux – JOL Press

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