Site icon La Revue Internationale

Des civils en lutte contre les Talibans

[image:1,l] Les Talibans sont à ses trousses depuis près de trois ans. Mais Haji Mutabar Khan, le chef d’une milice civile du Nord-ouest du Pakistan, leur échappe sans cesse. Une réunion secrète qui s’est tenue le mois dernier, entre Khan et des chefs de tribus, a pourtant bien failli lui être fatale.  

Bien que l’attentat-suicide du kamikaze, chargé d’éliminer le chef de milice, ait été déjoué de justesse, il a toutefois entraîné le mort du fils de Khan et plusieurs combattants volontaires ont été blessés lors de cette attaque. Trois d’entre eux ont été héliportés et conduits à l’hôpital militaire de Peshawar, un traitement ordinairement réservé aux soldats exclusivement.

Une guerre de l’ombre

Cet assaut subi par Khan et le traitement spécial dont lui et ses hommes bénéficient symbolisent cette guerre larvée qui se poursuit le long de la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan. 

Islamabad n’a jamais pu étendre son contrôle dans cette région reculée et l’armée pakistanaise ne parvient pas à y mener d’opérations militaires. La lutte contre les Talibans locaux est alors confiée aux groupes de combattants volontaires, à l’instar de celui de Khan.

Ces milices anti-Talibans sont bien souvent d’une efficacité redoutable car elles détiennent un atout : une excellente connaissance du terrain et de la région.

En échange de leur aide, les militaires leur apportent un soutien logistique. « On nous donne des munitions, des armes, et d’autres choses dont nous avons besoin » détaille Ul-Haq, l’un des volontaires. 

Khan a créé sa milice en 2009, en réaction au meurtre, par les Talibans, de cinq officiers de police. En représailles, Ul-Haq et cinq-cents volontaires ont incendié plus deux cents maisons appartenant à des Talibans. « Pour eux, ça a été la fin de la partie» se souvient Ul-Haq. En effet, les Talibans n’ont eu d’autre choix que de se réfugier en Afghanistan, de l’autre côté de la frontière.

Les Talibans en confiance

Depuis, les Talibans ont recouvré leurs forces.  En 2011, ils ont mené trente-et-une attaques et tué quarante-quatre soldats et civils. 

Sirajuddin Ahmad, leur porte-parole, s’est confié à un journaliste local. Il a affirmé que lui et les siens continueraient à pourchasser les membres de la milice de Khan et quiconque qui apporteraient son soutien aux forces de sécurité pakistanaises: « Cette fois, il [Khan] a survécu. Mais pour combien de temps ? Il a mis sur pied une milice tribale, tué certains de nos hommes. Il mourra. Ce sera la punition pour ses crimes. »

Selon Athar Abbas, le porte-parole des militaires, le retour des Talibans dans la région n’aurait pas été envisageable sans l’aide de certains Afghans. « De ce qu’on sait, explique-t-il, ils ont bénéficié, de l’autre côté de la frontière, d’un soutien local, du gouvernement et d’officiels. »

Pour Malak Zafar Khan, le leader d’un autre groupe de combattants, la priorité reste avant tout les enfants, dont l’avenir est menacé par les Talibans. Alors que la région est déjà touchée par un fort taux d’illettrisme, les Talibans ont détruit sept écoles.  Désormais, tout ce qu’il espère, « c’est que les enfants reçoivent une éducation et parviennent à vivre en paix. » 

Quitter la version mobile