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Des primaires républicaines à Mad Men, le rêve américain

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Trois victoires, qui scellent un destin. Pour la première fois depuis le début des primaires républicaines, Mitt Romney a creusé l’écart avec ses deux principaux concurrents, Rick Santorum, et Ron Paul. Nous revenons dans le détail sur ce dernier scrutin des primaires républicaines, que nous suivons pas à pas>>lire notre article.

Mitt Romney, challenger de Barack Obama

Car, ces trois dernières victoires ( Wisconsin, Maryland, Washington DC) ont clairement conforté Mitt Romney dans son rôle de futur challenger de Barack Obama. Lequel ne s’y est pas trompé, puisque lors de sa conférence de presse du 3 avril, celui-ci n’a pas manqué, pour la première fois depuis le début de la campagne, de s’attaquer ouvertement à Mitt Romney, lui jetant directement le gant : il se risqua à critiquer le projet du Comité du budget de la Chambre défendu par le très républicain Paul Ryan (dont certains pensent qu’il pourrait devenir le vice-président de Mitt Romney), qualifié par Mitt Romney de « merveilleux ». Obama qualifia, quant à lui, ce projet budgétaire de désastreux. « Une recette pour le déclin », a-t-il même déclaré, en montrant à quel point le projet républicain privilégiait les plus fortunés. «Sous couvert de vouloir réduire le déficit, ils cherchent en fait à imposer une transformation radicale à notre pays. Il s’agit ni plus ni moins de darwinisme social », a-t-il également déclaré. Une critique qui sonne déjà la charge électorale.

Restituer les rêves de grandeur de l’Amérique

Evoquer le déclin de l’Amérique est audacieux : alors que la croissance reprend timidement aux États-Unis, les chiffres de l’emploi y restent mauvais et le déficit abyssal. Alors, comment faire espérer des jours meilleurs ? Les républicains se moquent de l’ancien slogan du président  « Yes we can  » qui se serait transformé en «Yes we can  flow » (couler)… Car, c’est bien de cela dont il s’agit. Comment faire retrouver ses rêves de grandeur à une Amérique qui a le blues ? Alors que la campagne a à peine commencé, la fragilité d’une économie encore sous le choc de la récente crise financière laisse les Américains inquiets. Si la classe supérieure a retrouvé le chemin de la consommation optimiste (LVMH a fait un bond en 2011), les classes moyenne et populaire sont encore à la traîne. Ce sont celles-là mêmes auxquelles Obama s’adresse, lorsqu’il se bat pour sa réforme de santé ou pour l’augmentation de la taxation des couches supérieures.

Ronald Reagan, nouvelle référence pour Barack Obama ?

Fait rare, Barack Obama a même osé citer Ronald Reagan, pourtant républicain emblématique, en soulignant que l’ancien président n’avait pas hésité à augmenter les impôts pour équilibrer ses budgets. Or, Ronald Reagan est exactement celui qui redonna confiance à l’Amérique, après la fin de la récession du début des années 1980. En citant en référence le républicain icônique, Barack Obama opère un habile glissement : il sous-entend un désaveu implicite du camp de ses successeurs dans leur projet pour l’Amérique.

Rick Santorum a fini par se retirer

Un désaveu qui joue sur les ambiguïtés du message républicain. L’aile ultra-conservatrice représentée par Rick Santorum pousse vers une orthodoxie anti-interventionniste, avec des coupes sombres dans les dépenses jugées secondaires ( la santé, l’éducation..). Mitt Romney est donc obligé de composer avec ce courant qui le conduit à durcir ses positions. Voilà pourquoi, nombreux sont ceux qui ont poussé Rick Santorum à se retirer de la course, afin de laisser le champ libre à Mitt Romney, et d’éviter que des primaires fratricides ne fragilisent le favori. Un débat tactique qui n’a pas fait que des heureux. Nous revenons sur la personnalité de ce candidat malheureux du camp républicain à près de 7 mois du scrutin présidentiel. >>lire notre article.

Les femmes, levier du futur scrutin

D’autant que Rick Santorum ne contribue pas seulement à peser sur les positions en matière économique. Il pèse aussi sur les débats d’ordre sociétal. Ainsi, sur les questions de l’avortement et de la contraception, celui-ci  a « forcé » Mitt Romney à se « droitiser », en se prononçant en faveur de restrictions. Comme nous l’explique Cécilia Attias, le cas de Sandra Locke a suscité la première grande polémique depuis le début de la campagne (>>Lire le billet de Cécilia Attias) : à la suite d’une maladresse commise par un animateur de radio, toute la communauté féminine américaine s’est lancée vent debout contre les républicains. Or, l’électorat féminin est décisif pour Barack Obama : il lui avait assuré 65 % de son électorat en 2007.

Mad Men et les rêves de grandeur de l’Amérique vintage

Un électorat, dont les républicains ne peuvent se passer, pour leaquel les sujets de santé et d’éducation sont essentiels. Mitt Romney se doit donc de les interpeller autrement : la sécurité ? La promesse d’une grandeur retrouvée ? L’Amérique de 2012 voudrait croire en l’avenir, mais elle aime aussi se rassurer avec son passé. Le succès sans précédent de la nouvelle saison de la série de télévision Mad Men montre combien le miroir vintage d’une Amérique, qui se vivait comme invincible, fascine ( >> lire notre article ). Une époque où la négritude ne faisait pas vendre, où les hommes, purs produits WASP (White Anglo-Saxon Protestant) inventaient une nouvelle école du bonheur basée sur la consommation et où les femmes étaient de belles plantes, qui avaient le choix entre le tablier de ménagère et le clavier de secrétaire. Une époque bien traditionnelle finalement, presque rassurante, publicité vivante pour le camp républicain. Le duel Romney-Obama ne fait que commencer. Bien au-delà d’un combat républicains contre démocrates, c’est un clivage sur la conception de l’Amérique qui est à l’œuvre. Amérique progressiste qui doit réinventer son ascenseur social en panne ou Amérique qui se réfugie dans un espace feutré à la « Sterling Cooper », pour s’enivrer de whisky  tassé et de vodka bien glacée…  

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