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Disparition de la Dolce Vita en Europe

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Une étude européenne coordonnée par l’Inserm et révélée le 19 mars dernier démontre que les huit pays offrant les conditions de vies requises à une bonne ésperance de vie sont la Suède, Malte, la Grèce, l’Irlande, Chypre, le Royaume Uni, le Luxembourg et l’Espagne. Frédéric Bizard apporte son éclairage de scientifique sur la question de l’espérance de vie dans les pays développés.

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Pour espérer une durée de vie longue en bonne santé, les huit pays où il faut mieux vivre qu’on soit une femme ou un homme sont la Suède, Malte, la Grèce, l’Irlande, Chypre, le Royaume Uni, le Luxembourg et l’Espagne; soit quatre pays du Sud et quatre pays du Nord de l’Europe et deux des cinq grands pays (manquent France, Allemagne et Italie).

C’est ce qui ressort d’une étude européenne présentée le 19 avril 2012, réalisée dans l’ensemble des pays européens dans le cadre de l’Action conjointe européenne et coordonnée par l’Inserm, sur les espérances de vie en bonne santé.

Ecarts au sein de l’Union Européenne

En moyenne dans l’UE 27, l’espérance de vie sans incapacité (EVSI) est de 62 ans chez les femmes et de 61,3 ans chez les hommes, soit un écart de seulement 0,7 an entre les deux sexes, alors que l’écart d’espérance de vie à la naissance (EV) est de six années (82,7 contre 76,7). Malte et la Suède se détachent nettement avec une EVSI supérieur à 70 ans pour les deux sexes, alors que le troisième pays est la Grèce avec une EVSI de 67,6 ans chez les femmes et 66,4 chez les hommes. La Suède possède le record en matière temps de vie sans incapacité chez les hommes de 90%. Les écarts au sein de l’UE 27 atteignent un pic en 2010 avec 19,5 ans chez les femmes (entre Malte et la République Slovaque) et 19,4 ans chez les hommes (entre la Suède et la République Slovaque). En moyenne dans l’UE 27, l’année fatidique est la 62ème année où l’être humain déclare souffrir d’incapacité à partir de cet âge, avec une tendance à la convergence entre les deux sexes au fil des ans. Les femmes passent environ 75% de leur vie sans incapacité contre 80% chez les hommes, ce qui peut s’expliquer en partie par une déclaration plus volontaire des femmes pour leurs incapacités que chez les hommes.

La France est mal classée et en baisse

Chez les femmes, la France se classe en douzième position en 2010 (moins deux places versus 2009) à 63,5 ans d’EVSI, alors que notre pays présente la plus longue espérance de vie de 85,3 ans avec l’Espagne. Chez les hommes, la France se classe en quatorzième position en EVSI à 61,9 ans, en baisse de trois places versus 2009. En matière d’espérance de vie, la France n’arrive qu’en huitième position chez les hommes à 78,2 ans. Pour les deux sexes, la France se classe derrière la Bulgarie et la République Tchèque en matière d’EVSI ! Parmi les cinq grands pays d’Europe de l’Ouest, seule l’Allemagne fait moins bien que la France, avec des résultats misérables par rapport à son leadership économique, aussi bien en matière de PIB que de chômage. Les Allemands ont des résultats en EVSI inférieurs de 3,5 ans à la moyenne de l’Union Européenne dans les deux sexes et sont en 20ème et 22ème position respectivement chez les femmes et chez les hommes.

Diminution de la qualité de vie des femmes

On s’aperçoit que le niveau de richesse n’est pas directement lié à une bonne EVSI, puisque les deux premières économies de l’UE 27 sont mal classées sur ce critère. L’espérance de vie continue à progresser dans tous les pays européens dans les deux sexes, alors que l’EVSI diminue chez les femmes et augmente légèrement chez les hommes. Les femmes étant plus nombreuses dans les populations européennes, on observe une augmentation du nombre d’années de vie avec incapacité au cours du temps dans l’UE 27, ce qui est une source d’augmentation des dépenses de santé d’une part et de diminution de la qualité de vie des femmes d’autre part. Les mauvais résultats de la France et de l’Allemagne en EVSI sont à relier (c’est une des sources parmi d’autres) à leur niveau plus élevé des dépenses de santé (dans les cinq premiers pays les plus dépensiers dans le monde).

On peut craindre une dégradation de l’EVSI dans l’UE 27 dans les années à venir du fait de la crise économique et financière. L’année 2010 ne révèle que partiellement l’impact de la crise économique qui a suivi la crise des subprimes de 2009. La crise des dettes souveraines de 2011, avec son impact redoutable sur les économies nationales, risque d’accélérer la baisse de la qualité de vie dans l’UE 27. L’Allemagne démontre qu’une économie solide ne suffit pas à apporter à sa population une durée de vie longue en bonne santé!

> Consulter le blog de Frédéric Bizard

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