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Ioulia Timochenko, martyr ou démon?

[image:1,l] Un visage de madone slave, auréolée d’une couronne de tresses blondes. On donnerait à Ioulia Timochenko le bon Dieu sans confession. L’opposante ukrainienne est pourtant loin d’être une sainte

La princesse du gaz

Née le 27 novembre 1960 dans la ville industrielle de DniepropetrovskIoulia Timochenko obtient, en 1984, son diplôme en économie et cybernétique de l’université d’État de l’Oblast. Elle entame sa carrière professionnelle à l’Usine Lénine de construction mécanique, avant de lancer une chaîne de locations de cassettes vidéo puis de fonder, en 1991, la Compagnie ukrainienne du gaz.

C’est là qu’elle fait la connaissance de Pavel Lazarenko, gouverneur de la région, avec qui elle se lie d’amitié. En 1995, devenu Premier ministre, l’homme politique propulse sa jeune protégée à la tête de la compagnie privée SEU (systèmes énergiques unis d’Ukraine). Très vite, les contrats pleuvent. Les pots de vin aussi. Ioulia Timochenko devient l’une des premières fortunes du pays.

En 1999, Pavel Lazarenko, reconnu coupable d’escroquerie et de blanchiment d’argent, est arrêté. Ioulia, elle, n’est pas inquiétée. Elle a senti le vent tourner. Et a su s’éloigner de lui à temps… pour se rapprocher de Leonid Koutchma, le président de la République

L’entrée en politique

En décembre de la même année, Ioulia Timochenko entre en politique. Élue députée de la région de Kirovohrad, elle se voit proposer, par le nouveau Premier ministre, Viktor Iouchtchenko, le poste de vice-Premier ministre et le portefeuille de l’Énergie.

Au gouvernement, la « princesse du gaz », comme on la surnomme, parvient à restructurer le secteur de l’énergie et à éponger la dette ukrainienne contractée auprès de la Russie. Son succès lui donne des ailes. Et Ioulia Timochenko ne tarde pas à critiquer ouvertement les autres membres du gouvernement.

Le désaveu

Las de la voir interférer dans ses affaires, le président Leonid Koutchma la prend en grippe, et finit par la limoger en janvier 2001. Ioulia Timochenko, poursuivie pour falsification de documents et contrebande, est alors incarcérée.

Quand elle sort de prison, un mois plus tard, Ioulia Timochenko est victime d’un accident de voiture. La belle, qui en sort miraculeusement indemne, crie à l’attentat et parvient à fédérer l’opposition.

Symbole de la révolution orange de 2004, Ioulia Timochenko devient, après l’investiture du candidat Iouchtchenko à la présidence de la République, Premier ministre. Limogée en 2005, elle reprend ses fonctions en 2007, avant de se présenter, en 2010, à l’élection présidentielle

Battue par Viktor IanoukovitchIoulia Timochenko voit alors son gouvernement renversé par le nouveau président de la République.

Une chute planifiée ?

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Fini les robes moulantes et les talons aiguillesIoulia Timochenko s’affiche en tenue sobre, des petites lunettes vissées sur le nez. Malade, elle a compris qu’elle n’allait plus pouvoir jouer de sa féminité. Désormais, c’est l’image d’une femme combattive qu’elle veut renvoyer. En se posant en martyr montée à l’échafaud pour sa patrie, Ioulia Timochenko, qui souffrait en Ukraine d’une large impopularité, a su faire oublier le « Machiavel en jupon » qu’elle a été. A tel point que certains se demandent si tout n’était pas calculé.

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