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Un candidat mémorable
Il était fougueux, il était imprévisible. Il condamnait Satan qui s’attaquait à l’Amérique en y apportant le vice et condamnait la Révolution française de ne pas avoir été motivée par « Le Seigneur Tout Puissant ». Il a ordonné au Portoricains de parler anglais et a choqué les Néerlandais en déclarant que 5% de leurs décès étaient dus à l’euthanasie involontaire. L’excentrique Rick Santorum va cruellement nous manquer, plus encore lorsque l’on sait que plus rien, ni alignement des étoiles ou quelconque déformation cosmique, ne fera de lui le prochain président des États-Unis.
Cela paraissait pourtant évident lors de l’interview sans saveur de Mitt Romney par Diane Sawyer, lundi 16 avril dernier. Lors d’une réception mondaine, les petites remarques fusaient sur le candidat républicain encore en lice. « Comment cet homme a-t-il pu devenir gouverneur du Massachussetts ? » demandait un banquier de Cape Cod (Massachussetts). « C’est un mormon républicain qui a gagné [les élections sénatoriales, ndlr] l’État le plus irlandais et catholique du pays ? ».
Mitt Romney, le mal-aimé
« Je ne l’aimais pas beaucoup avant, désormais, je ne peux plus le supporter » a grommelé un autre résident du Massachussetts, travaillant pour la Croix-Rouge. « Pour qui se prend-t-il ? », continue de pester le partisan de Rick Santorum, à l’adresse du rival Mitt Romney. Manifestement, la boutade lancée par l’ex-gouverneur Mit Romney à son concurrent n’a pas fait l’unanimité. Et pour cause. Lancer un « prépare tes affaires [Rick Santorum, ndlr] » devant un parterre de militants pro-Santorum, il fallait oser ! Même l’admirable femme de « Mitt », Ann Romney, avait l’air embarrassé par le commentaire. « N’est-t-il pas adorable ? » a-t-elle tenté de rattraper, avec humour et une pointe de gêne.
« La plus importante élection dans l’Histoire de notre pays »
Les 4 000 sympathisants de Rick Santorum présents se sont attroupés. Impensable de manquer ne serait qu’une bribe de la conférence téléphonique retransmise, immédiatement après l’interview dans laquelle le candidat républicain a annoncé son retrait de la campagne.
Rick, Karen et même la petite Bella étaient présents. Le parfait tableau de famille avec bébé gazouillant en arrière-plan. Le candidat déchu a remercié avec émotion ses partisans pour cette « miraculeuse » campagne, fournissant du grain à moudre aux plus médisants. De temps à autre, échappaient des commentaires cinglants et ironiques. « Humm, oui en effet, un miracle ! Un miracle qu’il soit allé aussi loin » pouvait-on entendre si l’on savait tendre l’oreille.
Ce que Dieu Veut…
L’ancien sénateur de Pennsylvanie en a profité pour réitérer son message, en déclarant que « c’était la plus importante élection dans l’histoire de notre pays » et qu’il avait l’intention de rester impliqué dans la vie politique.
« Bien sûr, nous sommes déçus de constater que tout ne se soit pas passé comme nous l’espérions » a expliqué l’homme qui avait donné des sueurs froides à Mitt Romney, en remportant onze États et 250 délégués. « Mais lorsque Dieu vous demande quelque chose, Il ne veut pas forcement que vous soyez victorieux ».
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Maintenir le cap
Malgré ce revirement, Rick Santorum a maintenu fermement le cap sur son objectif initial :
« Il n’est toujours pas question que Barack Obama gagne [la présidentielle, ndlr] une nouvelle fois » a-t-il martelé, promettant de rester actif dans son combat. Le candidat défait est cependant resté évasif sur ses projets futurs. Il a simplement annoncé qu’il resterait en contact avec les autres candidats, et souhaite s’assurer que le parti Républicain cultive ses valeurs conservatrices. « Restez à l’écoute. Cette voie est absolument nécessaire pour notre parti et notre pays. Je n’ai encore annoncé mon soutien à aucun autre candidats, ni donné d’indications aux délégués qui ont voté pour moi », a déclaré le candidat.
Vers la vice-présidence ?
Soit Rick Santorum est le seul homme aux États-Unis à penser que Mitt Romney n’est pas nominé, soit il attend une offre intéressante. Sa femme reste également mystérieuse à ce sujet : « Rick a détourné le débat national » a déclaré Karen Santorum. « Les gens reparlent de foi, de valeurs familiales fortes. Je suis triste que la campagne soit finie… Mais je sais que de grandes choses nous attendent ». Seulement, voilà, personne ne semble savoir à quoi ces « grandes choses » font référence, et si elles concernent la vice-présidence. Des suppositions et hypothèses que peu de résidents du Massachussetts, État de naissance de Mitt Romney, ont envie de voir se réaliser. « C’est un taré » ont souligné certains irascibles Bay-Staters (habitant du Massachussetts) en évoquant Rick Santorum.
Partir, pour mieux revenir…
La politique libérale du Massachussetts ne s’accorde en effet que peu avec les visions ultra conservatrices de l’ancien sénateur de Pennsylvanie. Mais il reste une dernière tâche à accomplir pour Rick Santorum, et non des moindres : « Nous voulons continuer à être votre voix, mais nous devons d’abord régler nos dettes de campagne… Plus vite nous effacerons l’ardoise, plus vite nous reviendrons sur le terrain pour défendre nos convictions. »
Ce n’est donc peut-être pas la dernière fois que l’on entend parler de Rick Santorum. Espérons qu’il nous réserve encore quelques-unes de ses envolées, dont il a le secret.
Global Post / Adaptation Henri Lahera pour JOL Press