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La visite de David Cameron est historique

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David Cameron a atterri à Naypyidaw, capitale birmane depuis 2005, à la mi-journée de ce vendredi 13 avril. Accueilli par le ministre des Affaires étrangères Wunna Maung Lwi, il devait rencontrer le président Thein Sein, ancien officier supérieur instigateur des réformes en passe de mettre un terme à près de 50 ans de dictature militaire, avant de s’envoler pour Rangoun, à 300 km sur les côtes, pour un entretien avec la prix Nobel de la Paix et nouvelle députée, Aung San Suu Kyi.

Un hommage à Aung San Suu Kyi et au président Thein Sein

Lors de la précédente étape de sa tournée en Asie du Sud-Est, le Premier ministre britannique avait donné le ton de sa visite. « Rendons hommage à ceux qui, pendant des décennies et en payant très cher de leur propre personne, ont combattu pour la liberté et les réformes. Et en particulier Aung San Suu Kyi, qui est une source d’inspiration », a-t-il déclaré dans un discours à Jakarta, en Indonésie.

« Rendons également hommage au leadership du président Thein Sein et de son gouvernement (…). Et montrons que, quand ils ont le courage d’entreprendre des réformes, nous avons le courage d’y répondre ».

Par ces mots, David Cameron avait ainsi appelé au soutien du pouvoir en place, composé d’anciens militaires réformateurs qui ont succédé à une junte en mars 2011. Un encouragement supplémentaire un peu moins de deux semaines après les élections législatives partielles du 1er avril, qui ont vu le triomphe de l’opposante et de ses troupes. Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a remporté 43 sièges sur les 44 qu’elle briguait, devenant la première force d’opposition du pays, un an et demi après les élections controversées de novembre 2010, qu’elle avait boycottées et trois ans avant les élections générales de 2015.

Vers un allégement substantiel des sanctions

Ces élections partielles étaient considérées comme un test de la sincérité du nouveau régime et ont été unanimement saluées par la communauté internationale.

L’Union européenne doit décider d’un allègement substantiel de ses sanctions, le 23 avril à Luxembourg, le jour même où Aung San Suu Kyi doit siéger au Parlement pour la première fois.

Les États-Unis se sont, pour leur part, engagés à « alléger » les restrictions sur les investissements en Birmanie et à nommer rapidement un ambassadeur.

Et les ministres des Affaires étrangères du G8 se sont prononcés en faveur d’un allègement des sanctions « afin d’aider à ancrer les réformes de ce pays et à faire en sorte qu’il s’intègre dans les processus politiques régionaux et internationaux », ont-ils déclaré dans un communiqué commun à l’issue d’une rencontre à Washington, jeudi 12 avril.

La visite symbolique (et intéressée) du chef de gouvernement de l’ex-puissance coloniale

Le Royaume-Uni entend jouer un rôle moteur dans la réintégration de la Birmanie au concert des nations, au titre d’ancienne puissance coloniale. « Burma » a accédé à l’indépendance le 4 janvier 1948 et, ironie du sort, le père d’Aung San Suu Kyi, Aung San reste dans l’Histoire du pays, comme héros national pour avoir été le porte-drapeau de cette lutte pour l’indépendance.

Une visite symbolique qui n’est, semble-t-il, pas dénuée d’arrière-pensées. David Cameron est accompagné d’une importante délégation d’hommes d’affaires, soucieux de se faire une idée du potentiel du pays lorsque les sanctions économiques seront levées. Mais, plus encore que les premières étapes de levée des sanctions, c’est la fin du stigmate sur la Birmanie qui sera plus significative encore. Pour que les entreprises multinationales retournent sur place, il faudra que les freins au commerce, à l’investissement et au tourisme soient levés. 

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