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Le reporting extra-financier des entreprises françaises est officialisé

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Le gouvernement a publié le 26 avril le décret d’application de l’article 225 de la loi Grenelle 2 obligeant les entreprises de plus de 500 salariés à intégrer dans leur rapport de gestion un reporting des informations sociales et environnementales, précisant les conditions de la vérification des informations par un organisme tiers indépendant. Cette décision institue un lien indéfectible entre performance et responsabilité des entreprises. Désormais, la responsabilité sociétale ne se cantonnera plus à une posture marketing ou à un levier d’image. Au-delà du discours, les entreprises devront désormais apporter la preuve de leur engagement sociétal.

Qui désormais se risquerait à prétendre que les entreprises n’ont pas à répondre aux enjeux du développement durable, en conciliant progrès économique, équité sociale et préservation de l’environnement, alors que les conséquences de l’action humaine n’ont jamais autant impacté la société et l’environnement ? Face à la prise de conscience de la nécessité d’agir pour lutter contre le changement climatique, face à la montée en puissance d’un consommacteur désireux d’interagir avec les entreprises et face à la pression grandissante des parties prenantes, certaines entreprises – notamment les cotées et donc obligées par la loi NRE – se sont déjà emparées de la thématique du développement durable. Elles ont mis en avant leurs engagements, traduits en bonnes pratiques et selon leur maturité (et celle de leurs parties prenantes), assorties d’indicateurs notamment produits par le référentiel GRI.

Ce qui ne se mesure pas ne s’améliore pas

Ce décret élargit le panel à quelque 2 500 entreprises françaises. Elles disposeront désormais d’un cadre où la prise en compte du développement durable ne pourra se résumer à quelques belles intentions et bonnes pratiques s’inscrivant dans un périmètre qu’elles auront choisi. L’article 225 de la loi Grenelle 2 consacre un modèle de mesure de la performance globale des entreprises qui induit la mesure des impacts environnementaux, sociaux et sociétaux selon un canevas précis. Qui dit mesure, dit bien sûr indicateurs clés de performance. Mais au-delà de la production de chiffres, la mesure sous-tend une démarche d’amélioration continue fondée sur la comparaison entre le présent et le passé, à l’aune d’une formalisation de l’engagement sociétal de l’entreprise, avec une évaluation critique, un retour d’expérience et des objectifs de progrès, afin de proposer à ses parties prenantes une information transparente, comparable et opposable. Ainsi, avec cette incitation à s’engager dans une démarche de progrès, la RSE induit donc une nécessaire pro-activité pour orienter son modèle économique en s’attachant à considérer et évaluer les impacts tant directs qu’indirects des actions menées et des écosystèmes mobilisés.

La RSE, facteur de performance globale et valorisation immatérielle de l’entreprise

L’intégration des données extra-financières dans le rapport de gestion pose la question de la prise en charge au sein de l’entreprise de l’établissement des comptes sociétaux. Elle suggère une collaboration étroite entre les directions du développement durable, de la communication et les directions financières, gardiennes de l’information qui engage l’entreprise. Elle induit aussi la nécessité de se doter de méthodes de reporting fiabilisées, proches de celle utilisées dans le reporting financier, parce elles engagent la valorisation de la performance globale de l’entreprise et constituent un puissant facteur de sa valorisation immatérielle.

Dès lors, plusieurs questions se posent pour les entreprises. Que prendre en compte, comment le prendre en compte, comment évaluer, sur quelle base et avec le soutien éventuel de quel référentiel ? à qui présenter cette information et donc comment la présenter ? Ce questionnement souligne la nécessité pour les entreprises de se faire accompagner par un tiers expert qui saura leur proposer une approche méthodologique en rapport avec leur maturité sur le champ de la responsabilité sociétale, et en conformité avec le contenu du décret, qui saura leur faire gagner du temps et par là même de l’argent. On voit bien que si ces futurs rapports extra-financiers (mais on les appellera tout aussi bien rapports développement durable ou rapport RSE selon l’évolution des entreprises) devront combiner pertinence du discours et preuve métrique, ils devront être aussi en capacité de proposer aux multiples parties prenantes intéressées par l’entreprise d’accéder facilement à l’information qui les intéresse. C’est pourquoi l’on devrait assister à une forte évolution d’un document papier mis en ligne, à un document qui répondra aux exigences d’interaction et aux habitudes de consommation de l’information de l’écosystème des entreprises.

La publication de ce décret constitue finalement une formidable opportunité pour les entreprises de réinventer leur modèle économique, de disposer d’un nouvel atout de différenciation et de durabilité, sur la base d’une responsabilité sociétale génératrice de valeur pour leurs actionnaires, leurs salariés et l’ensemble de leurs parties prenantes. Les entreprises qui ont déjà anticipé la parution de ce décret et que nous avons accompagnées ont ainsi pu mesurer leur maturité sur le champ de la RSE et s’engager dans une démarche d’amélioration et de structuration de leur stratégie.

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