Ils ne devaient pas briguer la présidence égyptienne, ils ont finalement changé d’avis. Les Frères musulmans ont annoncé la candidature de Khairat Al-Chater, considéré comme le numéro 2 de la confrérie. Avec 40% des sièges à l’Assemblée, les Frères musulmans s’apprêtent à obtenir tous les pouvoirs en Égypte.
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C’est désormais officiel, Khairat Al-Chater représentera la cause des Frères musulmans lors de l’élection présidentielle égyptienne qui se déroulera les 23 et 24 mai prochain.
Khairat Al-Chater, nouveau visage des Frères musulmans
Informaticien puis important homme d’affaires, Khairat Al-Chater change à nouveau de casquette en s’engageant en politique auprès des Frères musulmans, qu’il a largement financé. Il est depuis considéré comme le numéro 2 de la confrérie.
Après avoir été les grands vainqueurs des élections législatives, avec plus de 40% des sièges, les Frères musulmans avaient annoncé ne pas vouloir briguer la présidence, afin de ne pas monopoliser le pouvoir. L’organisation souhaitait alors s’engager auprès d’un candidat venu d’une autre formation et représentant leur courant de pensée. Plusieurs semaines après les résultats et quelques jours de débats plus tard, les Frères musulmans sont finalement revenus sur leur décision. Ils présenteront un candidat affilié.
Un changement de position qui serait dû à l’absence de candidats capables de poursuivre l’esprit de la révolution. Pour les Frères musulmans, le Parlement, à l’instar du Conseil suprême des forces armées actuellement au pouvoir, demeurent les transfuges de l’ancien régime d’Hosni Moubarak.
L’esprit de la révolution en péril
« Nous avons donc décidé de participer à la présidentielle, non parce que nous sommes avides de pouvoir mais parce que la majorité parlementaire ne peut pas jouer son rôle » a déclaré Mohamed Morsy, président du parti Liberté et Justice (PLJ), le parti des Frères musulmans.
La confrérie dénonce la présence, lors du scrutin présidentiel, d’anciens alliés d’Hosni Moubarak, fidèles jusqu’aux dernières heures du régime en janvier 2011. Les Frères musulmans estiment qu’ils mettent en péril les acquis de la révolution égyptienne. « La révolution et le processus démocratique sont réellement menacés » a estimé Mahmoud Hussein, secrétaire général de la confrérie. Amr Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmad Chafic, dernier Premier ministre du Raïs et Omar Souleimane, ancien vice-président de Moubarak, sont ainsi explicitement visés.
Les Frères musulmans se rapprochent des Salafistes
Après le long processus qui a mené à l’élection d’une Assemblée à majorité islamiste, les Égyptiens se retrouvent actuellement au cœur de nouvelles tensions qui entourent la rédaction d’une constitution censée établir un socle institutionnel au nouveau régime. Les relations entre les Frères musulmans et le CSFA se sont détériorées alors que les partis laïques, minoritaires, ont décidé de boycotter la commission chargée de la rédaction du texte afin de dénoncer une alliance circonstancielle entre la confrérie composée d’islamistes modérés et les Salafistes.
Lors des dernières législatives, si les Frères musulmans ont été majoritaires dans de nombreuses circonscriptions, les Salafistes, partisans d’un islam dur et d’une application stricte de la Charia ont créé la surprise en remportant, eux aussi, de nombreux sièges à l’Assemblée.
La configuration de l’élection présidentielle change radicalement, à moins de deux mois du scrutin. Avec une forte majorité à l’Assemblée, les Frères musulmans font logiquement figure de favoris. Néanmoins, la crainte d’un monopole islamiste, à l’encontre de certains idéaux de la révolution, pourrait bien pousser de nombreux Égyptiens à se tourner vers d’autres candidats plus modérés.