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Les officiels corrompus de Wukan exclus du PC

[image:1,l]Les « e-citoyens » chinois ont laissé exploser leur joie sur la toile. Une fois n’est pas coutume, ils ont célébré… une sanction, plus exactement la condamnation de 20 cadres locaux du Parti communiste, du hameau de Wukan, accusés d’avoir détourné des fonds publics

Un modèle dont il faudrait s’inspirer

Sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, les utilisateurs ont applaudi les villageois de la petite communauté, qui ont provoqué la chute des dirigeants à coups de manifestations et protestations publiques. Sur Baidu, l’équivalent de Google, « Wukan » est rapidement devenu l’un des dix termes les plus recherchés. « Nous devons nous inspirer de cette nouvelle, pour agir » écrit l’un des utilisateurs de Weibo basé à Guangzhou, capitale de la province de Guangdong, où se situe Wukan« Il faut que nous continuions à créer des perturbations, de cette façon, nous aiderons notre pays à promouvoir la démocratie et à s’opposer aux activités de corruption.» Les troubles sont apparus un an plus tôt. Avec l’expulsion d’officiels locaux corrompus, la résolution pacifique des plaintes des villageois a diffusé l’espoir d’une réforme démocratique partout en Chine. 

Une stratégie politique pour apaiser les esprits

Les experts restent néanmoins prudents. Vivian Zhan, professeur de Sciences Politiques à l’Université chinoise de Hong Kong, refuse de voir dans cette décision le signe d’une plus grande transparence et d’une ouverture du gouvernement central. « C’est une vieille stratégie du gouvernement chinois que de poursuivre et punir certains officiels (peu importants) en temps de protestations majeures. C’est une façon d’apaiser les esprits et d’empêcher que le conflit ne prenne plus d’ampleur », écrit-elle.

Rien de plus qu’une « tape sur les doigts »

Les médias tenus par le parti ont beaucoup insisté sur le fait que les officiels avaient été « punis ». En réalité, il semblerait que les chefs locaux s’en soient tirés avec une tape sur les doigtsXue Chang, l’ancien chef communiste du hameau, n’a été condamné qu’à restituer 30 000 euros. Une bagatelle au regard des montants détournés.

En mars, se sont tenues des élections locales « démocratiques ». D’après Vivian Zhan, leur portée est elle aussi à relativiser. D’autant que les nouveaux élus restent, eux aussi, subordonnés à la branche locale du Parti« Elles ne sont que ce qu’elles auraient dû être ces deux dernières décennies. Il y a peut-être eu plus de transparence avec ces élections, mais cela ne change en rien le fait qu’il n’y a pas de réelle démocratie dans ces villages. » 

Vers une plus grande stabilité… à long terme

Dans le dernier numéro du magazine du Parti à Guangdong, l’éditorialiste a insisté sur le fait que les événements de Wukan doivent servir de leçon aux autres gouvernements locaux. Les officiels devraient, selon lui, se soucier davantage des préoccupations des villageois.

Sun Liping, professeur de Sociologie à l’Université de Tsinghua, croit que ce qu’il faut retenir de Wukan, ce ne sont pas les élections, mais la résolution pacifique d’un conflit qui a grippé toute la Chine. « Cela prouve que des moyens démocratiques peuvent être utilisés pour réduire les problèmes en Chine », écrit-il. « C’est aussi un signe que la société chinoise a le potentiel d’être plus démocratique et capable de stabilité à long-terme. »

Global Post / Adaptation Anaïs Leleux – JOL Press

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