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Les « Soudan » dans l’ombre d’Omar el-Béchir

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La sensible frontière soudanaise est de nouveau le théâtre de nombreux bombardements meurtriers depuis plusieurs jours. Au cœur de cette nouvelle série de violences, les sacro-saints puits de pétrole situés dans la partie Nord du nouveau Soudan du Sud.

Omar el-Béchir tire les ficelles du Soudan

Alors que la communauté internationale appelle au calme dans la région, Khartoum refuse toute négociation avec son voisin du Sud. Omar el-Béchir, à la tête du Soudan, poursuit ses attaques contre Juba, un « insecte » sur le planisphère, selon les mots qu’il a utilisé ces derniers jours.

Derrière le Soudan et son récent voisin du Sud, véritables damiers d’ethnies et de religions, en proie à d’interminables conflits, Omar el-Béchir règne en maître depuis 23 ans.

Formé à l’école de la guerre du Kippour

Né le 1er janvier 1944 dans une famille rurale vivant à Hosh Bonnaga, un village à une centaine de kilomètres de KhartoumOmar Hassan Ahmed el-Béchir se découvre rapidement une vocation pour les armes. Formé en tant que parachutiste à l’Académie militaire du Caire dès ses 16 ans, il intègre l’armée égyptienne et se distinguera notamment durant la Guerre du Kippour, contre Israël, en 1973.

De retour au Soudan, Omar el-Béchir prendra le commandement de la huitième brigade, en charge de lutter contre l’Armée populaire de libération du Soudan.

Chef omnipotent d’un Soudan divisé

C’est en 1989 qu’un nouveau chapitre de l’Histoire du Soudan s’écrit, sous l’impulsion de cet ambitieux général. Le 30 juin de cette année, Omar el-Béchir mène le coup d’État qui renverse le Premier ministre, Sadeq al-Mahdi. Il prend alors la tête du Commandement révolutionnaire pour le salut national et devient ainsi chef de l’État, Premier ministre, Chef des forces armées et ministre de la Défense.

Durant son coup d’État, Omar el-Béchir reçoit l’aide précieuse de son ami et mentor Hassan al-Thourani, chef du Front islamique national. Avec son soutien, Omar el-Béchir dirige désormais le Soudan vers un islam radical. Alors que le nord du pays est déjà musulman, Omar el-Béchir déploie ses forces pour imposer la charia dans le Sud, catholique et animiste.

Le conflit entre le Nord et le Sud-Soudan prend un nouveau tournant. Initié en 1983, il fera environ deux millions de morts jusqu’en 2005.

Imposer la charia au Soudan du Sud

Le 16 octobre 1993, le Commandement révolutionnaire pour le salut national est dissous et Omar el-Béchir devient officiellement président de la République. À ce poste, il mène une politique dirigée autour de deux axes principaux, l’instauration de la charia comme base juridique de l’État soudanais et le refus d’octroyer son autonomie et son droit à l’autodétermination au sud du pays.

L’alliance entre Omar el-Béchir et Hassan al-Thourani s’achève à la fin des années 90. Ce dernier, porte-parole du Parlement, entend promulguer une loi visant à réduire les pouvoirs du président. Le président répond par la force, encercle le Parlement, dissout l’Assemblée. Hassan al-Thourani sera ensuite incarcéré.

Sans l’appui religieux de son ancien allié, Omar el-Béchir se détourne de l’Islam et ouvre la voie des négociations avec la partie sud du pays. Négociations qui aboutiront à un référendum, en 2011 pour l’indépendance du territoire où sont regroupées toutes les zones pétrolières, au cœur des revendications du Nord, aujourd’hui.

Génocide au Darfour

La présidence d’Omar el-Béchir a également connu le début du conflit au Darfour, région située à l’ouest du pays. Si les origines de ce conflit sont ethniques et trouvent leur source dans un premier conflit démarré en 1987, Omar el-Béchir est accusé d’avoir transformé une guerre, en véritable génocide.

Le 4 mars 2009 puis le 12 juillet 2010, la Cour pénale internationale, par la voix du procureur Luis Moreno Ocampo, émet plusieurs mandats d’arrêt contre Omar el-Béchir. Ce dernier est désormais accusé de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide perpétré au Darfour, sous ses ordres.

Omar el-Béchir devient ainsi le premier accusé de génocide devant le Tribunal pénal international et le premier chef d’État en fonction placé sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI.

Toutefois, Omar el-Béchir reste toujours soutenu par certains pays qui l’ont accueilli malgré les pressions de la communauté internationale. Le Qatar, l’Égypte, le Tchad, Djibouti, le Kenya et plus récemment la Chine, principal partenaire économique du Soudan, en font notamment partie.

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