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Lyad Ag Ghaly, un chef pour les islamistes d’Ansar Dine

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[image:1,l]Tombouctou est désormais aux mains des rebelles islamistes. Depuis dimanche 1er avril, le groupuscule islamiste Ansar Dine travaille à instaurer la charia dans cette ville mythique, paradis de nombreux touristes.

Un groupuscule islamiste prend Tombouctou d’assaut

Mardi 3 avril, trois chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) se sont rendus sur place, afin de rencontrer le chef d’Ansar Dine, qu’ils connaissent depuis longtemps, et qu’ils soutiennent depuis le début de la rébellion.

Lyad Ag Ghaly apparaît désormais comme un chef islamiste pour le nord du Mali. En quelques jours, une organisation qui ne faisait plus vraiment parler d’elle, qui peinait à réunir dans ses rangs plus de 150 hommes, à attirer tous les regards de la communauté internationale sur le Mali.

Pourtant, cet islamiste, fou de Dieu qui ne jure que par la charia, n’a rien du parfait soldat d’Al-Qaïda. Il s’est même fait remarqué, à de nombreuses reprises, pour son opportunisme.

Iniciateur de la rébellion Touareg

Touareg de la tribu des Iforas, Lyad Ag Ghaly est connu pour avoir déclenché les premières rébellions, au début des années 1990, à Menaka et Tinzawaten. À cette époque, il était chef du Mouvement populaire de libération l’Azawad (MPLA), le front historique de la rébellion.

Très vite, des dissensions viennent perturber l’ordre intérieur du parti. Lyad Ag Ghaly est de moins en moins soutenu. Les accords de Tamanrasset, en 1991, achevent le MPLA. Le front se scinde en deux, d’un côté le Front populaire de libération de l’Azawad, de l’autre, l’Armée révolutionnaire de libération de l’Azawad.

Resté à la tête du MPLA, Lyad Ag Ghaly soutiendra le pacte national de 1992 qui entend rétablir la paix entre le gouvernement malien et les Touaregs.

En 1996, le MPLA est dissous à l’occasion de la Flamme de la paix de Tombouctou, cérémonie durant laquelle les rebelles touaregs brûlent 3 000 armes utilisées durant le conflit.

Conversion à l’Islam radical

Mais Lyad Ag Ghaly est un ambitieux, et dès 2003, il commence à fréquenter Al-Qaïda, par l’intermédiaire d’un de ses cousins, Abdelkrim Taleb, dirigeant d’une petite branche de l’AQMI.

Grâce à ses relations, il participera à la libération de nombreux otages européens. N’hésitant pas à toucher d’onéreuses commissions au passage.

Sans doute attiré par l’islamisme radical, Lyad Ag Ghaly commence à voyager au Pakistan et rencontre de nombreux prêcheurs extrêmistes. Son combat change de nature. De l’indépendance, il passe à la charia. Un revirement radical. En effet, si les Touaregs sont musulmans, ils sont en revanche profondément et naturellement opposés à toute forme d’islam radical. Les femmes Touaregs ne sont ni voilées, ni soumises à un régime autoritaire, mais libres de leur choix. Un mode de vie qui va à l’encontre de la charia pour laquelle Lyad Ag Ghaly se prend subitement de passion.

Une succession d’alliances fragiles

Profitant de l’occasion inespérée, provoquée par le coup d’État de quelques militaires maliens qui ont écarté Amadou Toumani Touré, jeudi 22 mars, Lyad Ag Ghaly, à la tête d’un groupuscule islamique portant le nom d’Ansar Dine (Serviteurs du Seigneur) constitué de quelques 150 hommes, prend d’assaut le nord du Mali et s’avance jusqu’à Tombouctou.

Issu de la même tribu qu’Ag Majim, chef d’État-Major du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), Lyad Ag Ghaly  conclut une alliance de fortune, contre-nature et temporaire, avec son ancien ami, contre le Mali.

Mais les alliances de Lyad Ag Ghaly sont fragiles. S’il ne se reconnaît plus dans le MNLA, maintenant que la charia est devenue une priorité et l’indépendance Touareg un combat du passé, Lyad Ag Ghaly ne se reconnaît pas non plus dans l’AQMI. Al Qaïda au Maghreb islamique fournit à Lyad Ag Ghaly une aide considérable en ce moment, mais cette entente sera peut-être, elle aussi, de circonstances. Pour le chef d’Ansar Dine, le combat pour la charia a ses limites et Lyad Ag Ghaly n’est pas encore prêt à basculer dans le terrorisme.

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