Site icon La Revue Internationale

Mairie de Londres recherche super-héros

batman.jpgbatman.jpg

[image:1,l]Deux ennemis jurés désireux d’en découdre dans l’épais brouillard de la capitale anglaise. Le décor est planté. Les élections municipales de Londres prennent peu à peu des allures de comics, ces bandes dessinées américaines, qui mettent en scène des super-héros.

D’austères mesures financières ont transformé la capitale anglaise en un étrange « Gotham City », fief du ténébreux Batman. Par nuit noire, on se surprendrait presque à scruter le ciel à la recherche du « Bat-signal », alertant un justicier. Dans la capitale anglaise, tous en appellent à un politicien qui saurait « nettoyer les rues de la ville », freiner les symptômes de la crise économie et s’assurer que les trains arrivent à l’heure.  

Deux poids lourds de la politique

Dans le pur style « comic books », se placent, au cœur de l’intrigue, deux rivaux. Le premier, Ken Livingstone, socialiste auto-proclamé, surnommé le « Roi Triton » en référence à sa passion pour les amphibiens. Le second, Boris Johnson, homme de droite aux cheveux rebelles et que les Anglais appellent, tout simplement, « BoJo »

Bien que les 5 millions d’électeurs soient habitués à leurs petites rivalités, – car c’est avec fracas et certains coups sous la ceintures que Ken Livingston et Boris Johnson se parvenus à se hisser au sommet-, les Anglais boudent l’attitude des deux prétendants. En conséquence, ils pourraient bien, cette fois, se tourner vers un autre personnage clef des fictions à sensation : l’outsider.

Seulement, « siéger » à l’Hôtel de ville londonien est une mission qui ne peut être confiée à n’importe qui. Les décisions prises par le maire de Londres ont des répercussions sur toute l’Europe, la capitale anglaise étant la première puissance économique du continent.

Les origines

Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, peut-être faudrait-il revenir sur l’origine de l’aventure.

[image:2,l]

En 2000Ken Livingston est élu pour la première fois maire de Londres. Une victoire qu’il doit notamment à son statut de héros local. Dans les années 1980, alors qu’il était quasiment inconnu au bataillon politique, il a suscité l’admiration des Anglais en s’opposant à la « Dame de fer », Margaret Thatcher.

À la mairie de Londres, Ken Livingston est heureux. En cette période d’avant-crise, ses idées de gauche sont appréciées et ne semblent pas contradictoires à la bonne tenue des affaires. Preuve, s’il en faut, sa capitale est même choisie pour accueillir les Jeux Olympiques de 2012.

Ken Livingston a l’accent tranchant du Sud de Londres, et les attitudes d’un « droïde » bureaucrate. Il parvient toutefois à faire oublier son manque de charisme grâce à sa vivacité d’esprit. Reste que, pour nombre de Londoniens, sa politique n’est pas vraiment efficaceEn 2008, après deux mandats, ils lui préfèrent Boris Johnson.

[image:3,l]

À l’intérieur de son propre parti, Boris Johnson est considéré comme un rebelle. Incapable de gérer sa vie privée (les tabloïds font leurs choux gras de ses problèmes conjugaux), il apparaît régulièrement dans des émissions télévisées, planches de salut qui permettent de maintenir sa cote de popularité.

Boris Johnson n’a pas déçu ses partisans et électeurs. Un premier exploit qui mérite d’être souligné. L’an passé, il a maintenu la barre malgré les violentes émeutes qui ont balayé la ville. Ses détracteurs lui reprochent néanmoins de s’être attribué le mérite d’actions initiées par l’administration de Ken Livingston.

L’outsider sort de l’ombre

La curiosité de découvrir la fin de l’aventure nous gagne. Sautons quelques chapitres pour dévoiler l’épisode tant attendu : l’élection municipale de cette année. Voilà, nous y sommes. Nous retrouvons donc sans surprises, le Roi Triton et Bojo. Ils se talonnent dans les sondages d’opinion. Pour le pouvoir, murmurent les observateurs, ils seraient prêts à n’importe quoi. Récemment, lors d’un échange « irréaliste » entre les deux hommes, Boris Johnson, baissant totalement la garde, s’est laissé aller à traiter Ken Livingston de « putain de menteur ». Au même moment, Siobhan Benita, une femme qui a manifestement le sens du timing, décide de sortir de l’ombre.

« Aussi mauvais l’un que l’autre »

[image:4,f] À 40 ans, cette mère de deux enfants a su séduire les médias. Sa campagne, discrète à Londres, change du tumultueux « Show de Boris et Ken ». Néanmoins, rares sont les analyses à croire qu’elle pourra rivaliser face aux deux poids lourds de la politiques. Les bookmakers estiment ses chances de 100 contre 1 à 20 contre 1. Pour Siobhan Benita, employée du ministère de la Santé britannique, sa soudaine popularité prouve que les Londoniens sont las de Boris Johnson et Ken Livingston.

« Ils passent bien trop de temps à se quereller », déplore-t-elle. « Nous n’entendons que très peu parler « politique ». La campagne a été dominée par les débats entre Ken et Boris. Je pense que les gens sont fatigués. Ils en ont assez des candidats traditionnels. Ils veulent quelqu’un d’autre ».

Beaucoup partagent son avis. « Ils sont aussi mauvais l’un que l’autre » affirme Akhdan Hussein, 28 ans, en sortant du métro à Oxford Circus« Franchement, je ne pourrais pas vous dire pour qui je voterais. Probablement pour celui qui va me permettre de faire quelques économies. »

Une histoire de gros sous

Robert Whitehead, expert économique, affirme que les considérations financières vont jouer un rôle essentiel dans ces élections. Ken Livingston promet aux Londoniens de réduire les coûts des transports. Un objectif inatteignable, selon Boris Johnson.

« Il en appelle au porte-monnaie des gens, leur promettant, que grâce à lui, il feront des économies », explique Robert Whitehead. « La campagne de Boris Johnson est très différente. Sa stratégie c’est de répéter : « plus jamais Ken ». Un slogan tellement porteur qu’un site internet lui est consacré. Sa campagne est très négative. Ken tente de répondre à ces attaques ».

Interrogé sur les chances de Siobhan Benita, Robert Whitehead a esquissé un sourire moqueur. Une réaction que la candidate ne pense pas mériter. « J’ai passé 15 ans au cœur du gouvernement. Je sais comment fonctionne la machine politique », se défend la femme politique. Qui sait Londres assiste, peut-être, à l’avènement d’une nouvelle ère, guidée par une justicière démasquée.

Global Post / Adaptation Anaïs Leleux – JOL Press

Quitter la version mobile