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Margot Honecker ne regrette rien

[image:1,l] Deux ans. C’est le temps qu’il a fallu au journaliste Eric Friedler pour convaincre Margot Honecker, 84 ans, de se laisser aller à quelques confidences. Depuis la chute du Mur de Berlin, la veuve du dernier dirigeant de la RDA n’avait accordé aucune interview.

La ténacité du reporter aura fini par payer. Margot Honecker, qui avait pourtant juré qu’elle ne s’entretiendrait jamais avec un « ouest-allemand », l’a reçu à trois reprises, dans sa maison du Chili, où elle s’est exilée au début des années 1990.

Son éminence violette n’a qu’un regret

Devant la caméra de Friedler, la femme de l’ex-dictateur, décédé d’un cancer en 1994, n’exprime aucun regret, si ce n’est celui de ne pas avoir eu « le temps de réaliser tous ses plans».

Interrogée sur les centaines de personnes tuées pendant la Guerre froide parce qu’elles tentaient de franchir le Mur de Berlin, Margot Honecker va jusqu’à parler de stupidité: « Pourquoi ont-ils pris ce risque? Ils n’avaient pas besoin de faire cela, pas besoin de franchir le Mur. Ils ont payé de leur vie une telle stupidité. » 

Toujours avec cette déconcertante simplicité, « Son éminence violette », comme la surnommaient les allemands (une allusion à la couleur pourpre de ses cheveux), justifie sans peine le recours à la Stasi, la police secrète chargée d’espionner les citoyens est-allemands. « Nous avions des ennemis, nous avions donc besoin d’une police d’État », explique-t-elle. Les personnes emprisonnées et torturées, « étaient des criminels ». Il fallait donc les enfermer.

La question des adoptions forcées– les enfants d’opposants étaient retirés à leurs parents pour être élevés par des familles favorables au régime – Margot Honecker la balaye aussi d’un revers de la main : « cela n’a jamais existé » affirme-t-elle.

La RDA, « une meilleure Allemagne »

Celle qui fut ministre de l’Éducation pendant près de trente ans, vit dans la nostalgie d’une « autre Allemagne, la meilleure, la RDA ». Elle en est convaincue, et maintient que la chute du Mur n’est « une contre-révolution fomentée par les agents de l’Ouest et des idiots utiles  ». Quant à l’unité allemande : une profonde « erreur ». Pourquoi y avoir eu recours puisque le déclin économique de la RDA « n’est simplement pas vrai », selon elle.

22 ans après sa fuite, Margot Honecker est toujours, d’après Friedler, « en relation avec toute une garde d’anciens camarades. Elle passe des heures sur l’Internet, et sait exactement ce qui se passe dans la république fédérale ».

La vieille dame ne s’en cache pas, elle vit dans l’espoir d’un retour à une Allemagne communiste, arguant, qu’un jour, les « graines » qu’elle et son mari ont semées, « finiront par germer ».

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