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Mondial 2014 et J.O. 2016, deux plaies pour Rio

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J.O. et Coupe du Monde, un défi pour le Brésil

Le 25 avril, le Comité de la Coupe du Monde de football et celui des Jeux Olympiques, basé à Rio de Janeiro au Brésil, ont rendu un dossier commun concernant « les violations des Droits de l’Homme dans le cadre de grands évènements ». Il s’agit de la première condamnation liée à la mise en place d’infrastructures nécessaires aux deux rendez-vous sportifs internationaux, en 2014 et 2016.
Ce document de 90 pages, accompagné d’un DVD, a été distribué à tous les officiels, jeudi 19 avril 2012 et met en évidence l’impact négatif de chantiers monumentaux destinés à accueillir la Coupe du Monde de football et les Jeux Olympiques, et transformations de paysages urbains qui s’en suivent.

Plus de 7 000 familles déplacées

Le dossier expose une série de violations des Droits de l’Homme. On peut y lire : « Ce que révèle la trajectoire du projet olympique de Rio : une ville encore plus inégale, un projet qui va exclure des milliers de familles et détruire des communautés entières… Un projet dont la majorité des bénéfices ne profitera qu’à certains agents économiques et sociaux ».

Le dossier à charge, comprend notamment les résultats d’une enquête sur les violations des droits de la propriété et ceux des résidents de la ville, estimant qu’un total de 7 185 familles ont été ou seront injustement déplacées au cours des préparatifs à ces évènements d’ampleur mondiale.

Des quartiers menacés

Afin de quantifier ces violations de droits, le Comité Populaire, en partenariat avec la Plateforme Brésilienne des Droits de l’Homme Économiques, Sociaux, Culturels et Environnementaux (DHESCA), recense les communautés touchées par la construction des infrastructures (et tous les évènements annexes).
Morro de Providencia, un quartier historique situé dans les hauteurs de la ville, vieux de 110 ans et bâti par des esclaves affranchis, est connu pour être la toute première favela de la capitale brésilienne. Il est aujourd’hui menacé par les projets de constructions.

Le gouvernement explique cependant qu’il envisage de relancer « l’activité touristique » de ce lieu et assurer la « préservation du patrimoine » de la ville. À cet effet, la municipalité prévoit l’installation d’un télésiège, afin de profiter du panorama qu’offre ce quartier.

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Relogées dans des quartiers insalubres

Parallèlement aux transgressions de la loi, le pamphlet souligne le manque de transparence lié aux projets de constructions et insiste sur le non consentement des communautés concernées, au sujet des décisions prises par les autorités. 835 familles, résidant à Morro de Providencia, ont été « invitées » à se loger hors de la favela historique, sans obtenir davantage d’informations sur les raisons de ce déménagement imposé. Le scandale se poursuit lorsque le gouvernement prévoit d’installer ces familles dans des quartiers vétustes, en périphérie de la ville. Ces « nouveaux » quartiers de résidence, sans eau courante ni réseau électrique fiable, représentent un réel risque sanitaire pour les habitants.

Par ailleurs, le départ de la centaine de familles de Morro de Providencia, garantes d’une certaine sécurité dans la favela, pourrait tomber le quartier sous l’escarcelle de trafiquants et criminels notoires.   

À l’occasion d’un débat à l’Université fédérale de Rio de Janeiro, le membre du Congrès, Marcelo Freixo, a dénoncé ces innombrables projets de délocalisations. « Il y a un manque absolument absurde de démocratie et de transparence, marqué par un pouvoir autoritaire, de la violence (…). Une diabolisation des quartiers les plus pauvres et une exclusion systématique des citoyens » a-t-il dit. « C’est plus important que la Coupe du Monde et les Jeux Olympiques ».

Des projets d’une profonde injustice

Clara Silveira, modératrice du débat et membre du mouvement national pour les droits des résidents estime que « la participation populaire est complètement inexistante en ce qui concerne ces projets. Chantiers qui ne sont d’ailleurs absolument pas intégrés dans un plan d’urbanisme ».

Le Comité a également manifesté sa préoccupation au sujet de l’impact environnemental et écologique d’un tel événement à Rio, ville d’ores et déjà en proie à des inondations, glissements de terrains, manque d’assainissement de l’eau…

Enfin, le dossier explique que la Coupe du Monde va promouvoir un football élitiste, sport populaire qui représente pourtant une base culturelle du Brésil « les stades historiques vont être détruits pour être remplacés par de grands magasins. Les billets pour assister aux matches de l’équipe nationale ou ceux des championnats deviennent trop chers pour le fan traditionnel ».

« À l’instant où Rio de Janeiro a été choisie pour accueillir les Jeux Olympiques 2016, les grandes entreprises, politiciens et autres analystes ont renforcé l’idée qu’il y avait de gros investissements à faire, et qu’il fallait donc faire face à nos plus grands problèmes. Comme s’il fallait instaurer une nouvelle dignité à la population », s’indigne le Comité responsable du dossier. « Pourtant, à l’heure qu’il est, la ville évolue de manière diamétralement opposée aux beaux principes de l’intégration sociale et à la promotion de la dignité humaine ».

Global Post / Adaptation Rédaction JOL Press

> Retour au dossier : Le Brésil prépare les JO de Rio 2016

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