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Pourquoi Ngozi Okonjo-Iweala ne sera pas élue

[image:1,l] Créée en 1945, pour lutter contre la pauvreté en apportant des aides, des financements et des conseils aux États en difficulté, la Banque mondiale a, jusqu’ici, toujours été présidée par des Américains.

Cette situation, les pays africains ont de plus en plus de mal à l’accepter. Après tout, l’organisation n’est-elle pas censée bénéficier aux pays en voie de développement ? Ne sont-ils pas les mieux placés pour la diriger ?

La fierté de l’Afrique

Cette année, l’annonce de la candidature de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, ancienne directrice générale de la Banque mondiale, a relancé le débat. « Il serait temps que les pays occidentaux reconnaissent les pays émergeants » estime Bismark Rewane, un analyste nigérian. « D’autant que la nomination de Ngozi Okonjo-Iweala boosterait les Africains. »

Sa stature vaut à la candidate nigériane le titre de personnalité « publique la plus admirée au Nigéria », selon le journal Vanguard.

L’auteur Rotimi Fasan compte aussi parmi ses soutiens: « Le Dr Okonjo-Iweala est éminemment qualifiée. Son expérience est grande et sa connaissance de la Banque mondiale fait d’elle la meilleure candidate », souligne-t-il. D’autres commentateurs sont tout aussi enthousiastes. Ils vont jusqu’à dire que la ministre est « la fiancée et la fierté de l’Afrique. »

Candidate de l’Afrique du Sud, du Nigeria et de l’Angola, Ngozi Okonjo-Iweala a également su convaincre l’Union Africaine, qui lui apporte inconditionnel soutien.

Une candidature irréaliste

Les journaux africains ne sont pas les seuls à vanter les mérites de la Nigériane. De grands médias occidentaux, comme The Guardian et The Economist appuient également la candidature de la femme politique. The Economist a ainsi appelé la Banque mondiale à élire la personne la plus qualifiée. Cependant, la théorie ne rejoint pas toujours la pratique et pour nombre d’Américains, la candidature nigériane n’est pas envisageable.

Fin mars, Robert Zoellick, l’actuel président de la Banque mondiale, était en Inde. Devant les journalistes, il est revenu sur les conséquences d’une telle élection. Il lui semble clair que si les Américains n’étaient plus à la tête de l’organisation internationale, ils reverraient leurs aides à la baisse« Je crois qu’il est important, pour les États-Unis, d’avoir quelques personnes à la tête de certaines de ces institutions. Rien n’indique cependant qu’il s’agisse nécessairement de la Banque mondiale. »

Le 23 mars, le président Barack Obama faisait de Jim Yong Kim, le président de l’université de Dartmouth, son candidat attitré. Dans la foulée, Jun Azumi, le ministre des Finances japonais, apportait, lui aussi, son soutien à l’ancien directeur du département de VIH/Sida de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « C’est quelqu’un d’extrêmement compétent. Il a beaucoup fait pour la lutte contre le sida » a déclaré Jun Azumi à Tokyo. « Nous pensons qu’il est le candidat approprié. »

La bonne chose à faire

Bien qu’il estime que Ngozi Okonjo-Iweala soit « très certainement » la personne la plus qualifiée, Todd Moss, analyste pour le Centre pour le développement mondial, penche également pour Jim Yong Kim

« Nous vivons une période trouble. Est-ce vraiment le moment de pousser la plus grande puissance économique dehors », s’interroge l’Américain, convaincu que si la Nigériane prenait la tête de la Banque mondiale, les chances de réélection d’Obama seraient compromises.

La probabilité de voir un candidat africain prendre les rênes de la Banque mondiale semble plus que jamais réduite à néant. L’administration de Barack Obama, ni aucune autre d’ailleurs, ne céderont cette position privilégiée sous prétexte que la théorie le dicte.

Global Post / Adaptation Anaïs Leleux pour JOL Press
 
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