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Présidentielle du 1er juillet: que la campagne commence!

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[image:1,l]Le Pape Benoit XVI a réalisé un miracle politique dans la municipalité agricole de Silao, située à 350 kilomètres au Nord-ouest de Mexico.

Dimanche dernier, la foule venue voir le Saint-Père a également attiré les quatre candidats à l’élection présidentielle, à cinq jours du début de la campagne.

Une situation impensable 25 ans auparavant, une époque durant laquelle les politiciens et les hommes d’Églises n’apparaissaient jamais en public simultanément, et où les élections libres n’étaient pas de mise. C’est d’ailleurs le Parti Révolutionnaire Institutionnel, qui a gouverné pendant 71 ans d’affilé, qui menait la barque ce jour-là. Difficilement imaginable quand on sait que ce parti, arrivé second aux élections de 2006, clamait haut et fort que les élections étaient truquées.

Mais ici à Silao, Andres Manuel Lopez Obrador, le candidat de la coalition de gauche (PRD), était assis avec des rivaux qu’il appelait autrefois des « idiots » ou « des mafiosos ».

Maintenant que la campagne présidentielle débute, les promesses d’élection annoncent encore plus de changements. En particulier, le PRI, considéré comme le grand favori.

Ce parti jouit d’une réputation positive en périodes de crise. Malgré la corruption, les crises du peso et les abus des droits de l’Homme, le parti prône la promotion de la croissance économique et la lutte contre le crime organisé.

Le PRI grand favori des sondages

Les sondages indiquent qu’Enrique Peña Nieto, le candidat du PRI serait crédité de 45% des intentions de vote, devant le Parti de l’Action Nationale (PAN), actuellement au pouvoir, et représenté par Josefina Vasquez Mota qui récolterait 32% des suffrages. La coalition de gauche, mené par Obrador se situerait aux alentours de 22%.

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Peña Nieto est l’ex-gouverneur de l’État de Mexico. Durant son mandat (2005-2011), la ville était couverte de panneaux vantant les projets de travaux publics dont il s’est servi pour construire sa notoriété. On pouvait y lire : « Un gouvernement qui vous délivre »

Les analystes politiques estiment que l’élection sera particulièrement difficile. Le télégénique Peña Nieto  sera attendu au tournant notamment sur des affaires d’adultères et d’enfants illégitimes. Des histoires à scandales qui pourraient lui coûter chères.

Alors qu’il présentait son ouvrage à la prestigieuse foire du livre de Guadalajara, Nieto n’a pas pu citer trois œuvres qui avaient marqué sa vie. Cela lui a valu quelques tweets sarcastiques, insinuant qu’il devait préférer les séries télé (les fameuses telenovelas dont les Sud-américains raffolent) aux œuvres littéraires. Un clin d’œil à sa femme Angelica Rivera, star d’un feuilleton télévisé local.

Une situation déjà embarrassante, qui ne s’est guère améliorée suite au dérapage de sa fille adolescente. Elle a en effet déclaré que les personnes qui insultaient son père n’étaient « que des abrutis et des prolos ».

Toutefois, selon l’analyste indépendant Fernando Dworak, ces maladresses successives pourraient s’avérer sans conséquences pour le candidat. « Principalement parce que les lois électorales ne permettent plus de faire de la publicité négative à la radio et à la télévision ». Durant les dernières élections, des spots méprisants rappelaient les excès du PRI et avaient complètement désarçonné la campagne de Lopez Obrador.

Peña Nieto a donc abordé des sujets sérieux et s’est positionné comme un réformateur capable de relancer la croissance en promouvant l’investissement privé dans PEMEX, la compagnie pétrolière de l’État. Des réformes que ce même parti avait refusé ces douze dernières années.

Une tendance mexicaine

Aldo Muñoz, professeur de sciences politiques de l’Université Autonome de l’État de Mexico, à Toluca indique que l’électorat mexicain s’est habitué à l’alternance des gouvernements au pouvoir, non seulement au niveau étatique mais également municipal.

Une habitude qui pourrait causer du tort au PAN. Ce parti qui gouverne depuis 2000, a réussi à créer une stabilité sur le plan macro-économique. Il n’a en revanche pas tenu son engagement d’une croissance à 7%, promise par le président Vincente Fox. Il a également tenté de restructurer le système judiciaire et la sécurité intérieure, sans pour autant éliminer la corruption.

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Depuis l’arrivée au pouvoir de Vincente Calderon en décembre 2006, la lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé aurait fait environ 47 000 morts. Un chiffre qui n’aide pas le parti au pouvoir. « Cela choque plus que la pauvreté et la corruption habituelle » explique Muñoz.

Le PAN a nommé Josefina Vazquez Mota, ex-ministre de l’Éducation et du Développement comme première candidate féminine à l’élection présidentielle mexicaine. Elle s’invite dans la course à la manière d’un outsider et se décrit comme « la fille désobéissante » du parti, en raison notamment des désaccords avec son propre camp, et particulièrement les loyalistes de Calderon.

Federico Estevez , également professeur de sciences politiques au sein de l’université de Muñoz, décrit Vazquez Mota comme une dirigeante compétente mais se demande, non sans humour, si elle pourra vraiment remporter le vote de l’électorat féminin, rattaché à Nieto : « comment peut-elle concurrencer un métro-sexuel de Toluca ? »

Toujours d’après les sondages, Lopez Obrador se retrouve donc à la troisième place. L’ex-maire de Mexico a voyagé à travers le pays durant les cinq dernières années, en créant un mouvement social et politique et en se faisant passer pour le « vrai président », refusant de reconnaitre la légitimité du gouvernement de Calderon.

Il a d’ailleurs déclaré au quotidien espagnol « El Pais », qu’il « accordait son pardon à Calderon » et « qu’il voulait la paix et la réconciliation, dans une république aimante ».

Parmi les autres candidats, le très discret Gabriel Quadri. Son parti, la Nouvelle Alliance, créé par l’Union nationale des Travailleurs de l’Éducation est orienté centre-droit. Il est crédité d’à peine 1% des intentions de votes. Son inscription n’est donc pas assurée.

 

Adaptation Henri Lahera pour JOL Press

 

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