En ce dimanche 22 avril, plusieurs milliers d’internautes ont répondu à l’appel lancé par Guillaume Champeau, fondateur du site d’actualité numérique, Numérama, de contourner le code électoral et l’interdiction de publier les résultats du premier tour avant 20 heures. Parmi eux, Jean-Michel Billaut prend la vague Twitter et annonce la fin de la politique 1.0.
[image:1,l]
Je croyais que cela n’était pas possible dans notre pays. Mais il s’est passé hier une chose que je trouve des plus intéressantes. Barack Obama avait utilisé l’Internet et les outils du 2.0 pour accéder à la Maison Blanche. En France aucun politique n’a (encore) fait cela. Preuve que nos politiques 1.0 n’ont pas encore complétement intuité la chose, alors que l’économie française s’immisce dans le numérique, que cela soit le fait de nos startups (voir le e-billautshow), ou de nos entreprises 1.0 qui tentent de s’adapter.
Quelques réflexions pêle-mêle
Le #RadioLondres a fait péter les compteurs de l’Internet Français. Alors que les médias 1.0 nous endormaient, avec toutefois quelques nouveautés dans la soirée électorale du PAF : on nous montre la porte de la loge où Ségolène Royal se fait pomponner pour les caméras, on suit la voiture du Président sortant dans les rues de Paris, etc. Bref, de la grande démocratie de type « remplissage d’écrans ».
Il est assez symptomatique, je trouve, que dans l’e-inconscient collectif des twittos français, cela soit la référence à l’appel du 18 juin du Général de Gaulle qui récolte tous les suffrages. Il y avait en effet d’autres #. Pourquoi ce choix collectif en temps réel ?
A l’époque, la France était dans de sales draps. Est-ce qu’il en est de même aujourd’hui ? A l’époque, il nous fallait bouter hors de nos frontières l’envahisseur. Aujourd’hui veut-on bouter inconsciemment hors de nos organisations les politiques 1.0 ? Qui sont dans l’esprit du commun des mortels 2.0 plus intéressés par la recherche du pouvoir à tout prix ? Et par le fric ? (la Rolex a eu bon succès sur #RadioLondres, n’en déplaise au Ségala 1.0)
Nos institutions sont vétustes et usées jusqu’à la corde. Le CSA s’est fait ridiculiser. De même que nos précieux instituts de sondage 1.0. La loi qui interdit (avec juste raison dans le monde 1.0), la loi donc qui interdit de diffuser des résultats avant la fermeture du dernier bureau de vote, n’est plus adaptée pour le monde 2.0. Il faut la revoir. Et aller chercher des noises à des peuplades hors de France parce qu’ils ont publié des choses que les Français ne devaient pas savoir (alors que l’élite, elle savait) est du dernier des ridicules. Surtout que la Justice française a d’autres chats à fouetter avec nos propres problèmes.
La politique 1.0 vit ses dernières heures
En revanche, je dois dire que les twittos gaulois ont un humour absolument décapant (cela m’a rappelé les chansonniers des temps anciens). Ce qui tranche avec les têtes d’enterrement que l’on voyait sur nos écrans audiovisuels 1.0. J’ai bien rigolé sur ce #. A se tordre de rire. J’ai même entraperçu quelques étrangers qui manifestement se demandaient ce qui se passait en France.
Les néo-libéraux veulent nous mettre au régime sec. Réduction des dépenses. Moindre progression des dépenses de santé, etc. Mais se posent-ils le problème de l’organisation de nos administrations ? Je suis persuadé qu’avec une organisation 2.0 du secteur de la santé (secteur qui me tient à cœur, vu mon amputation) nous pourrions réaliser beaucoup d’économies de frais généraux. Mais pour faire cela, il va falloir mettre au pas les différents silos du secteur. Il est plus facile de dire que l’on va réduire les dépenses, que de mettre en œuvre rapidement une autre organisation. La politique 1.0, c’est l’arbre qui cache la forêt. C’est l’opium du peuple.
Les gens de gauche eux, au contraire, veulent injecter beaucoup plus d’argent dans la mécanique (en augmentant les impôts sur les dits riches), sous des prétextes divers : création d’emploi, l’humanisme, etc. Ils veulent par exemple augmenter sensiblement le nombre de fonctionnaires dans notre aimable Education Nationale. Personnellement, je pense que ce n’est pas pour autant que nos chères têtes blondes sauront mieux lire, écrire et calculer en sortant du primaire. Ils feraient mieux avec cet argent, de fournir un iPad aux élèves avec des applications adhoc. (J’ai l’exemple avec mon petit-fils, cinq ans, qui avec « Dictée Montesorri » apprend en jouant à écrire des mots. Dans deux mois, il saura lire et écrire le bougre.)
Qui parle du numérique ?
Et vous ont-ils parlé du numérique ? Non, ou en tout cas très peu. Ont-ils évoqué le TRES haut débit ? Non ! Ont-ils susurré quelques remarques de bon aloi sur la réforme de l’Etat à la sauce 2.0 ? Que nenni ! C’est pourtant avec cela que l’on va faire la France du futur.
La France est à un tournant de son histoire. Nous vivons les derniers soubresauts de la Révolution Industrielle avec ses technologies traditionnelles. Et on a l’impression qu’il y a deux France (comme du temps du Général avec les collabos et les résistants ?) : la France 1.0 que l’on voit sur nos télés traditionnelles, et la France 2.0 qui s’en donne à cœur joie en créant des startups pour mettre en œuvre l’économie numérique, et en se défoulant sur #RadioLondres.
Une crainte ? Dans les deux cas de figures, nous ne sommes pas à l’abri d’une chienlit 1.0 : la crise (comment vont réagir les marchés après le deuxième tour ?), la montée des fascismes. De droite ou de gauche. Une dictature ? Sommes-nous dans un pré-1789 qui nous a fait passer de la révolution agricole avec son élite (la royauté/les nobles) à la révolution industrielle avec son élite (les bourgeois, les capitalistes) ? Les Homo Sapiens ont toujours eu des problèmes pour répartir au mieux la valeur ajoutée qu’ils créent sur terre.
PS. Je pense qu’il serait utile d’éditer un livre (sur support papier par les 1.0) reprenant simplement les meilleurs twittos (textes, photos etc.) de #RadioLondres.
> Consulter le blog de Jean-Michel Billaut