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Réindustrialiser la France : des paroles aux actes !

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L’avenir de notre industrie, du « Made in France », est devenu le thème à la mode. Mais, échéances électorales obligent, les candidats à l’Elysée ne peuvent en aucun cas se contenter de tirer la sonnette d’alarme. La TVA sociale est certes actuellement sur la table : c’est une mesure intéressante qui doit réduire le coût du travail en France. Mais la TVA sociale arrive ou trop tard ou trop tôt car c’est une disposition fiscale qu’il vaut mieux mettre en place en période de croissance car elle est pénalisante à court terme. Par ailleurs, elle sera insuffisante pour restaurer la compétitivité de nos entreprises et en particulier de nos ETI (Entreprise de taille intermédiaire) qui peuvent et doivent devenir le fer de lance de notre économie.

Nos responsables ne se trompent pas en faisant de cet objectif une priorité. Mais si la France veut conserver une place incontournable sur l’échiquier économico-politique mondial, il ne faut plus se contenter de belles paroles lancées pendant la campagne présidentielle. Concentrons-nous sur les enjeux prioritaires. J’ai plusieurs idées sur le sujet.

Les jeunes diplômés, une chance pour les ETI

La transmission est un sujet prioritaire. Certes, la création d’entreprises se porte bien en France. Réjouissons-nous. Mais il faut également se pencher sur le passage de témoin entre les générations. L’Insee estime que 700 000 chefs d’entreprises issus du baby-boom partiront à la retraite dans les dix prochaines années. En jeu : la sauvegarde de milliers d’emplois, des savoir-faire.

Pour y répondre, je fonde beaucoup d’espoirs sur les jeunes. Actuellement, un grand nombre d’ETI sont sous-staffées pour répondre aux enjeux qui se posent à elles. Les dirigeants, les fondateurs ne peuvent tout faire par eux-mêmes. Ils doivent apprendre à déléguer et à transmettre aux jeunes générations. Je suis convaincu que c’est en leur confiant une partie des clés de leur entreprise que les dirigeants pourront tout à la fois accélérer leur stratégie de développement et commencer à préparer leur avenir.

Si elle ne reste pas dans le giron familial, l’entreprise ne pourrait-elle pas être reprise par un de ces jeunes diplômés dont la culture internationale n’est pas le moindre des atouts ?

Reste à convaincre ces étudiants qui restent fascinés par le monde des grandes entreprises et aussi par la sécurité, supposée, que celles-ci offrent à ces cadres. Comme je l’expliquais récemment à des étudiants de Sup de Co Reims, ils auraient beaucoup à y gagner ; en premier lieu l’opportunité de se voir confier plus de responsabilités immédiates que dans une grande entreprise mais aussi la chance de devenir actionnaire d’une entreprise qui cherche à fidéliser ses talents. Les dirigeants d’ETI doivent donc absolument intensifier leurs efforts de séduction auprès des jeunes car ceux-ci sont plus ouverts qu’ils ne l’imaginent. La crise est passée par là et rebat les cartes entre les entreprises, aucune entreprise ne paraissant « a priori » sans risques aujourd’hui. Comment ? En commençant par aller à leur rencontre dans les campus ; tout simplement….

Former des repreneurs d’entreprises, favoriser les spin-off

Je propose également d’identifier 500 repreneurs d’entreprises à l’échelle nationale qui pourraient être formés pour éviter que certaines de nos pépites ne disparaissent. Pour cela, privilégions les meilleurs cadres de ces ETI ou de grandes entreprises prêts à franchir le pas aujourd’hui car les choses sont en train de changer…mais oui ! Rompus au management, au marketing des produits et des marchés … qui mieux que ces managers peut permettre à ces entreprises de poursuivre leur chemin ?

Enfin, pour accélérer la réindustrialisation de notre économie, nous devons également densifier notre tissu d’ETI. En privilégiant deux approches complémentaires.

D’un côté, je suggère de multiplier les « spin-off » c’est-à-dire les scissions, par les grands groupes, d’activités qui ne font pas partie de leurs métiers historiques. Arkema en est un bel exemple. Le chimiste aurait-il connu le même succès s’il était resté dans le giron de Total ? Le timing me paraît excellent. Face à la dégradation de leur environnement, les grandes entreprises se recentrent sur leurs activités principales pour améliorer leur rentabilité et leurs fonds propres et rassurer leurs partenaires financiers ou leurs actionnaires.

De l’autre, aider nos ETI à grandir. Il faut s’assurer qu’elles atteignent une taille critique leur permettant de mieux affronter la concurrence. Pour cela, les regroupements de PME ou d’ETI doivent être favorisés surtout quand elles veulent intensifier leur présence à l’international. Les banques pourraient accompagner ces rapprochements, en détectant, parmi leurs clients, les PME susceptibles de s’unir dans un mariage gagnant-gagnant. Citons à ce titre le cas du groupe DAHER. Cette ETI, qui réalise 800 M d’€ de chiffres d’affaires, a l’ambition de fédérer les PME françaises du nucléaire. Son objectif : devenir un acteur incontournable en France comme à l’international, le partenaire de rang 1 des grands donneurs d’ordre du secteur (électriciens, industriels du cycle du combustible, constructeurs de centrales…). Il a ainsi acquis en septembre 2011 deux PME spécialisées, Vanatome et Verdelet. Le groupe mène également, avec succès, la même stratégie dans l’aéronautique.

Enfin, en matière de financement, de nouvelles opportunités s’offrent aux entreprises. Le prix de la pierre a probablement atteint des sommets. Les titres d’Etat sont peu rentables et la Bourse est trop incertaine. Investir dans des entreprises, en particulier dans des ETI qui ont des projets de développement passionnants et rentables, peut séduire les investisseurs, petits et grands car investir dans ces entreprises à fort potentiel de croissance peut devenir un placement rentable, durable et responsable. Nos ETI ont un bel avenir : aidons-les à grandir !

> Consulter le blog de Daniel Karyotis

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