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Tentative de coup d’État : Carlos Gomes Junior arrêté

[image:1,l]Des coups de feu et des explosions ont retenti, jeudi 12 avril dans la soirée, à proximité de la résidence de l’ancien Premier ministre, Carlos Gomes Junior, dans la capitale Bissau. Une maison a été incendiée, les militaires ont bloqué la situation sur l’artère principale de la ville, les émissions de la radio et de la télévision ont été interrompues.

Une tentative de coup d’État militaire, Carlos Gomes Junior arrêté

« Il se passe des choses. Nous ne savons pas de quoi il s’agit. Il y a des tirs, des fusillades sporadiques d’armes automatiques et il y a eu trois fortes détonations », a raconté un diplomate en poste à Bissau. « Nous avons entendu que cela venait d’un endroit à proximité de la résidence de Gomes Junior », a-t-il ajouté. Vendredi 13 avril au matin, les plus grandes incertitudes demeurent quant au sort de ce dernier. Certaines rumeurs indiquaient que le chef du gouvernement aurait pu être tué. En fin de matinée, sa femme a affirmé que celui-ci avait été arrêté par les militaires.

Carlos Gomes Junior s’est attiré les foudres d’une partie de l’armée en raison de sa politique de réforme et de réduction des effectifs pléthoriques de l’institution militaire. Au cours de la même opération, des soldats auraient arrêté le président par intérim, Raumundo Pereira, ancien président du Parlement et membre du PAIGC, le parti de Carlos Gomes Junior.

À deux semaines du second tour de la présidentielle

Avec ces attaques, c’est le processus électoral, en cours dans le pays, qui est menacé. Le premier tour de l’élection présidentielle visant à désigner un successeur au président Malam Bacai Sanha, décédé dans un hôpital parisien en janvier 2012, des suites d’une longue maladie, s’est déroulé le 21 mars dernier. Avec 49% des voix, Carlos Gomes Junior a manqué de peu la majorité absolue et doit affronter au second tour, l’ancien président Kumba Yala, le 29 avril prochain.

Kumba Yala a appelé au boycott de l’élection affirmant que le premier tour avait été entaché de fraudes. Quelques heures avant le début des événements, ce dernier, qui affirme avoir des liens étroits avec les militaires appartenant majoritairement à l’ethnie Balanta, a mis en garde contre les « conséquences » de la tenue du second tour de l’élection.

Une situation inacceptable pour la CEDEAO

Une réunion des ministres des Affaires étrangères de la CEDEAO se tenait à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Le représentant de la Guinée-Bissau, Mamadou Djalo Pires, a appelé à une « réaction énergique » de la communauté internationale. « La situation est grave. Les soldats occupent les rues », a déclaré Mamadou Djalo Pires.

Comme cela a été le cas pour le Mali, la CEDEAO condamne formellement et sévèrement une telle tentative de coup d’État. « C’est inacceptable et cela ne sera pas accepté par la CEDEAO », a affirmé Daniel Kablan Duncan, ministre ivoirien des Affaires étrangères.

Les risques d’une déstabilisation

La Guinée Bissau, petit pays enclavé entre le Sénégal et la Guinée Conakry, est devenu la tête de pont des cartels de la drogue sud-américains. Une véritable plaque tournante permettant de faire transiter la marchandise à destination de l’Europe. Les hauts gradés de l’armée nationale ont été qualifiés de trafiquants de drogue par les États-Unis et, selon les diplomates en poste dans le pays, l’armée est au courant de chaque avion chargé de cocaïne qui atterrit sur le territoire.

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