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Un délicat sommet des Amériques pour le candidat Obama

[image:1,l]Le sommet des Amériques de Carthagène s’est achevé sans déclaration finale. Le motif : un véto américain concernant le retour de Cuba au sein de l’Organisation des États Américains. « Il n’y a pas eu de déclaration parce qu’il n’y a pas eu d’accord », a annoncé le président colombien Juan Manuel Santos, à l’issue de cette rencontre qui réunissait depuis samedi une trentaine de dirigeants des pays de l’Organisation des États Américains (OEA) dans le port caribéen de Carthagène.

Ce sommet a surtout pâti de son organisation alors que s’engage la campagne présidentielle américaine. À six mois du scrutin, Barack Obama, candidat à sa réélection, ne pouvait revenir sur des positions traditionnelles des États-Unis sans risquer de se priver de précieux soutiens en vue du scrutin du 6 novembre.

Barack Obama mis en minorité sur Cuba

La majorité des pays soutient la participation de Cuba au Sommet des Amériques et le président colombien Juan Manuel Santos, qui avait qualifié d’ « anachronisme » l’exclusion, a appelé à lancer un « processus pour que cela devienne réalité » lors de la prochaine édition. Exclue de l’OEA depuis un demi-siècle et le blocus économique infligé par les États-Unis, Cuba n’a jamais assisté à ces sommets organisés tous les trois ans depuis 1994, ni demandé sa réintégration.

Seuls les États-Unis et le Canada s’opposent au retour de La Havane. Accepter un retour de Cuba dans le giron de l’organisation aurait sans doute privé Barack Obama du soutien d’une partie de l’électorat hispanique, en partie des exilés cubains, profondément anticastristes, dans un État crucial comme la Floride. Un coup politique trop risqué, plus symbolique qu’efficace s’il s’agit d’accélérer la transition.

« Cuba, à l’inverse d’autres participants, n’est pas encore une démocratie et ne respecte pas encore les principes de base des droits de l’Homme », a déclaré le président américain. « Je suis optimiste quant au processus de transition à Cuba. »

Idem sur le soutien à l’Argentine sur la question des Malouines   

Un autre sujet explosif qui a empêché la signature d’un accord final, la question du soutien sud-américain à l’Argentine pour la souveraineté de l’archipel des Malouines, trente ans après la guerre contre la Grande-Bretagne.

Là encore, impossible pour le président américain d’abandonner son allié traditionnel britannique, même si, en l’occurrence, cela pourrait lui apporter les faveurs de l’électorat hispanique. En réalité, aucun candidat sérieux à la présidence des États-Unis ne pourrait se permettre de revenir sur la « relation spéciale » entre Washington et Londres pour mieux figurer sur la scène continentale américaine.

Barack Obama critiqué sur son programme de lutte contre la drogue

Une autre pomme de discorde – et un autre enjeu électoral – a marqué le sommet où les dirigeants latino-américains ont critiqué l’efficacité du programme de lutte contre la drogue financé par les États-Unis à hauteur de 8 milliards de dollars depuis 2000.

Barack Obama a jugé le débat « utile » mais a exclu toute idée de dépénalisation, promue notamment par certains dirigeants d’Amérique centrale, endeuillée par la mort de 20 000 personnes, l’an dernier, liées aux cartels. À la tête du premier pays producteur de cocaïne, le président colombien a toutefois assuré que le sommet avait permis de s’accorder sur la « nécessité d’explorer de nouvelles pistes ».

Un scandale embarrassant

Le week-end colombien a aussi été marqué par un scandale autour de Barack Obama. Onze membres de son service de sécurité sont soupçonnés d’avoir eu recours à des prostituées colombiennes. « J’espère qu’il y aura une enquête approfondie et rigoureuse », a-t-il déclaré à ce sujet. « S’il s’avère que les allégations faites dans la presse sont confirmées, alors bien sûr je serai en colère ». Oui, ce n’est pas le genre de la Maison Blanche version Barack Obama.

Depuis La Havane, le vieux leader cubain Fidel Castro a ironisé sur la mise en minorité du président américain Barack Obama qu’il a jugé « pensif et parfois absent » lors des débats, dans un article publié dimanche 15 avril, par la presse officielle.

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