Site icon La Revue Internationale

Angela Merkel perd une élection et gagne une rivale

[image:1,f]

La situation politique d’Angela Merkel est quelque peu paradoxale. D’un côté, 59% des Allemands déclarent soutenir sa politique d’austérité et refusent, comme elle, une croissance qui serait financée à crédit. De l’autre, elle accumule les défaites électorales lors des élections régionales. A seize mois du terme de son mandat, elle est sans doute au sommet de son pouvoir… Pour la descente, il lui appartient de freiner et  d’éviter la chute.

Une défaite nette en Rhénanie du Nord-Westphalie

Le chef de file de la CDU dans ce land, le ministre fédéral de l’Environnement, Norbert Röttgen, n’a pas manqué de prendre ses responsabilités : « Cette défaite est amère, nette et elle fait très mal ».

« C’est la défaite de la CDU et avant tout ma défaite », a-t-il ajouté, en annonçant sa démission de la direction de la CDU régionale. « Ce résultat dépasse de loin nos craintes », a également reconnu l’un des hauts responsables du parti, Peter Altmeier.

Le SPD a obtenu 38,2% des suffrages, soit 3,7 points de plus qu’en 2010, et devrait former une coalition avec les Verts, stables avec 12,1 % des voix.

Rejet de l’austérité ou pas ?

Le résultat ne traduisant néanmoins pas forcément un rejet de l’austérité. L’allié libéral de la CDU au niveau fédéral, le FDP, un « faucon » en la matière, s’en sort mieux que prévu après une descente aux enfers depuis plus d’un an. Il recueille 8,5 % des voix dans cet Etat industriel où se trouvent notamment les sièges de la Poste, des télécommunications mais aussi de la première compagnie aérienne Lufthansa ou des groupes énergétiques RWE et EON.

Le Parti des Pirates, le jeune mouvement contestataire qui a le vent en poupe, fait son entrée dans un quatrième Parlement régional avec 7,8 % des suffrages. En revanche la formation d’extrême-gauche Die Linke continue son effacement progressif du paysage politique allemand et n’a pas passé la barre des 5% des suffrages nécessaires pour avoir des députés.

Un avertissement pour Angela Merkel

Cette région industrielle, dominée par les villes de Düsseldorf et Cologne est un bastion historique mais ce n’est résultat n’en est pas moins un avertissement adressé à Angela Merkel.

Certes, les Allemands lui savent gré de promouvoir l’austérité budgétaire pour améliorer la situation de la zone euro mal en point. Fidèle à son credo de l’austérité, la chancelière a encore réaffirmé jeudi devant les députés qu’elle excluait une croissance financée à crédit.

Le bilan électoral de la coalition libéralo-conservatrice s’avère calamiteux depuis son arrivée au pouvoir en 2009 : le FDP n’a pas réussi à passer la barre des 5 % dans six scrutins régionaux. La CDU a notamment perdu son fief historique du Bade-Wurtemberg mais aussi Hambourg, la deuxième ville du pays, et n’a enregistré qu’un peu plus de 20 % dans plusieurs autres régions.

L’impact de cette défaite devrait demeurer limité pour Angela Merkel. Pourtant, la Rhénanie du Nord-Westphalie pèse lourd dans la vie politique fédérale : en 2005, après avoir subi une déroute électorale dans ce Land, le chancelier Gerhard Schröder avait convoqué des élections législatives anticipées et permis l’arrivée d’Angela Merkel au pouvoir.

Hannelore Kraft, une rivale ?

Cette victoire du SPD a un visage. C’est celui d’Hannelore Kraft, 51 ans, la ministre-présidente sortante de la région et vice-présidente du SPD au niveau fédéral. Rayonnante à l’annonce des résultats, cette « mutti » jouit d’une très forte popularité et, désormais, elle pourrait revendiquer une part de l’affection des Allemands sur laquelle l’emprise d’Angela Merkel s’érode.

Quitter la version mobile