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Berlin, nouvel eldorado des start-ups

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Une histoire singulière

Lorsqu’Adam Groffman a atterri l’été dernier à Berlin, ce n’était censé être qu’une simple étape de son tour du monde. Cependant quelques jours ont suffi à le convaincre de poser ses valises pour s’installer dans la capitale allemande. Ce designer de 27 ans, originaire du Texas s’est accordé un mois de recherches pour trouver un emploi. Au terme de cette échéance, et en cas de mauvaise fortune, il aurait regagné les États-Unis. Le sort – et le marché du travail berlinois – en ont voulu autrement. « Il m’a fallu environ deux semaines pour trouver un contrat de travail, dans une start-up », a-t-il déclaré.
Adam Groffman est alors venu renflouer les rangs des étrangers qui ont afflué à Berlin pour en faire la nouvelle scène mondiale des start-ups à succès.

Le « buzz » autour de Berlin a débuté avec la réussite de plateformes musicales en ligne telles que SoundCloud, qui regroupe 12 millions d’utilisateurs, ou encore le site Wooga, devenu l’un des leaders du jeu en ligne sur réseaux sociaux (environ 50 millions d’utilisateurs par mois).

Une ville où tout semble possible

En effet, la ville s’est transformée en plaque tournante des sociétés de e-commerce, de jeux en ligne ou encore de high-tech. Elle est désormais perçue comme une rivale de Londres et même de la Silicon Valley californienne, maison mère des entreprises aux succès vertigineux.

La chambre de Commerce de Berlin a d’ailleurs annoncé la fondation de plus de 1 300 start-ups sur Internet depuis 2008. Pas moins de 500 firmes ont été mises en place l’année précédente. Une réussite due à plusieurs facteurs favorisants : des prix peu élevés pour les bureaux, des espaces attrayants, des infrastructures de qualité dans la capitale, des travailleurs qualifiés et polyglottes.
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Les concepteurs, développeurs et programmeurs sont naturellement attirés par cette métropole dynamique, où la vie nocturne est animée et les coûts abordables. « Il y a quelque chose d’unique à Berlin », explique Adam Groffman qui justifie son choix. « On ressent un grand potentiel dans cette ville ». Le designer texan qui tient également un blog de voyage, travaille actuellement à temps partiel comme concepteur Web dans la société UPcload. L’entreprise a développé une technologie qui permet aux acheteurs en ligne de mesurer, à l’aide d’une webcam, la taille des vêtements envisagés pour un achat optimal.
Cet afflux a formé une immense « grappe » de talents, dans laquelle on trouve foule de connaissances dont se servent les entrepreneurs de la capitale pour développer leur business.

Par ailleurs, en plus d’un environnement informatique favorable au développement des start-ups, ce milieu professionnel peut compter sur un important soutien de la communauté du web et sur une facilité à tisser du réseau. Des espaces de travail coopératif comme le Betahaus ou le St-Oberholz Cafe accueillent régulièrement des meetings en langue anglaise. Et, il est rare qu’ils n’évoquent pas l’informatique et les entreprises qui y sont associées.

Un esprit de collaboration

« Il y a un véritable esprit de communauté à Berlin » déclare Nadia Boegli de Tweek TV, une chaîne spécialisée sur les médias sociaux diffusée sur Ipad. « Si vous ouvrez un compte Facebook et regardez les groupes affiliés aux start-ups berlinoises, vous y trouveriez tellement d’évènements que vous pourriez sortir tous les jours de la semaine ». Cela se traduit par un solide réseau de soutiens que les entreprises les mieux implantées sur le marché, peuvent fournir à celles qui débutent. « C’est très collaboratif. Tous essayent vraiment de s’entraider » souligne Edial Dekker, PDG et co-fondateur de Gidsy, un site commercial qui propose des « expériences artistiques », telles qu’une visite guidée des meilleurs graffitis de la ville ou des cours de cuisine, etc.

Edial Dekker, originaire d’Amsterdam, a fondé l’entreprise avec ses frères Floris et Phillip l’été dernier. Un concept qu’ils ont étendu à New York, San Francisco, Londres et Amsterdam. La start-up a reçu 1, 2 millions de dollars d’un groupe d’investisseurs dont Sunstone capital et l’acteur Ashton Kutcher.

Alors que Berlin n’a pas porté chance a ceux qui ont voulu y transposer des sociétés américaines, Gidsy est l’exemple même des entreprises ayant réussi à tirer profit de la capitale, tout en maintenant un marché ouvert à l’international.

On y trouve ainsi des entreprises d’applications sur mobiles comme Amen ou 6Wunderkind, mais aussi de livraisons de repas comme Delivery Hero ou encore des chaînes « branchées » comme Tape TV, équivalent Web de MTV qui arrive en France et au Royaume-Uni.

« La plupart des start-ups berlinoises que je connais ont une portée  mondiale » souligne Nadia Boegli. Sa chaîne par exemple, créée l’année dernière vient d’être lancée à Londres en mars dernier.
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Un bilan parfait ?

Malgré le portrait idyllique qui en est brossé, la vie – professionnelle – à Berlin n’est pas si rose. Il est en effet plus difficile de trouver des investisseurs dans la capitale. Les sociétés sont donc obligées de chercher les financements à l’étranger.

Il y a moins de capital-risque en Allemagne qu’au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Les institutions financières allemandes sont traditionnellement réfractaires aux risques, préférant les entreprises plus sûres pour débloquer des financements. Un des rares exemples d’investissement allemand dans les start-ups est celui obtenu par Earlybird. Autrefois basée à Munich, la société a décidé de migrer vers Berlin et a annoncé qu’un fonds de 100 millions de dollars pour les technologies et le web européen serait investi sur un pays germanophone.
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« Cela ne suffit pas pour autant compte tenu de la quantité de start-ups qui émergent de Berlin » affirme Pawel Chudzinski, à la tête de Point Nine Capital, une jeune entreprise de financement. « Pour moi, c’est le signal que ce marché n’est pas assez financé ».

Point Nine Capital a investi quelques centaines de milliers d’euros dans les start-ups allemandes et un dernier tiers dans d’autres pays d’Europe.

Pawel Chudzinski défend donc les grandes possibilités d’investissements à Berlin. « Pour les personnes voulant investir dans la technologie, il y a un vrai champ libre. À San Francisco, l’argent et le nombre de projets sont illimités. Ici, il y certes moins de projets, mais c’est surtout l’argent qui fait défaut ».

Ces modèles de financement vont donc rapidement devoir être à la hauteur de la nouvelle ascension de Berlin. Il n’y a pour l’instant pas le moindre signe d’entreprises comparables à Google, Twitter ou Facebook. Mais les start-ups de la ville n’en sont qu’à leurs balbutiements.
« La différence avec des villes comme New York ou San Francisco réside dans la jeunesse de ce mouvement. Il y a des tas de personnes qui se déplacent à Berlin, et beaucoup de compagnies réussissent très bien. Je pense qu’il serait intéressant d’assister à cette évolution dans la capitale allemande. »

Global Post / Adaptation Henri Lahera pour JOL Press

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