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Comment les Américains repèrent les talents français

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[image:1,l]« La FAF (French-American Foundation) est fière d’avoir cinq « Young Leaders » dans le cabinet de François Hollande, lui-même un « Young Leader » en 1996. »

Un gouvernement formé chez les Américains

Les ministres seraient-ils tous formés à la même école ? S’il n’y a que deux énarques dans le gouvernement Ayrault I, les mystérieux « Young Leaders » sont, eux, bien représentés.

Et pour cause, la FAF continue, « Félicitations à Pierre Moscovici (1996), ministre de l’Économie et des Finances ; Arnaud Montebourg (2000), ministre du redressement productif ; Najat Vallaud-Belkacem (2006), ministre des Droits des Femmes et Porte-parole du gouvernement ; Marisol Touraine (1998), ministre de la Santé et des Affaires sociales ; et Aquilino Morelle (1998), conseiller politique à l’Élysée. »

Beau palmarès pour une institution qui ne fait que très peu parler d’elle, et pour cause derrière ces trois lettres, la FAF, se cache un organisme bien secret, privé et surtout extrêmement élitiste.

Reconstruire les relations franco-américaines d’après-guerre

Créée à l’initiative des présidents Ford et Giscard d’Estaing en 1976, la Fondation avait pour objectif de raviver la flamme des relations entre les États-Unis et la France. Le programme vedette de la fondation, « Young Leaders » a quant à lui ouvert ses portes en 1981. Depuis, chaque année, quelques « élites » françaises et américaines sont sélectionnées pour participer à un séminaire destiné à créer des interactions et « des liens durables entre des jeunes professionnels et américains talentueux et pressentis pour occuper des postes clés dans l’un ou l’autre pays. »

Le ton est donné. Le programme « Young Leader » permet aux meilleurs « jeunes talents » français et américains de passer quelques jours ensemble pour apprendre à se connaître et tisser des liens qu’ils seront sans aucun doute amenés à renforcer au cours de leur carrière.

Faire connaissance dans un cadre convivial

L’idée de ce club de rencontre pour énarques, ou pas, mais sans aucun doute politico-VIP est de permettre aux futures personnalités importantes de se rencontrer dans un cadre convivial, qui permette d’installer une ambiance propice à la détente, tout ça en « off » pour que les langues se délient.

Selon ses créateurs, la Fondation et son programme auraient largement contribué à l’amélioration des relations franco-américaines d’après-guerre. Et pour cause, depuis 1981, plus de 300 leaders importants se sont assis autour des tables rondes du programme franco-américain.

Les grands noms politiques et journalistiques sont tous « Young Leaders »

Parmi eux,côté américain, Bill Clinton et sa femme Hillary, actuelle Secrétaire d’État. Côté français, Alain Juppé, ancien ministre des Affaire étrangères, Valérie Pécresse, ancienne ministre du Budget et Porte-parole du gouvernement, Jacques Toubon, ancien Garde des Sceaux du gouvernement Juppé II ou encore Alain Richard, ancien ministre de la Défense du gouvernement Jospin.

Mais les politiques ne sont pas les seuls concernés par l’amitié franco-américaine. Parmi les grands noms de la presse française, ils sont nombreux à avoir été sélectionnés et être devenus, à leur tour, « Young Leaders ». Parmi eux, Denis Olivennes, président d’Europe 1Laurent Joffrin, PDG de LibérationErik Izraelewicz, directeur du MondeJérôme Clément, président d’ARTE ou encore Jean-Marie Colombani, fondateur de Slate.

Une alliance atlantique au-delà des clivages politiques

Heureux soient-ils ces « Young Leaders » qui ont réussi à franchir les barrières de la difficile sélection. Choisis sur recommandations d’un ancien membre, d’un membre du bureau ou du comité de la Fondation, les « Young Leaders » doivent avoir entre 30 et 40 ans et sont considérés comme ayant du potentiel pour prendre de hautes responsabilités en France ou aux États-Unis.

Ces « jeunes » se réunissent ensuite à l’occasion de deux réunions annuelles, organisées en France ou aux États-Unis. Les « Young Leaders » ont eu l’occasion de visiter Chicago en 2009, Marseille en 2010 et San Diego en 2011.

Pendant cinq jours, ces derniers sont invités à se retrouver autour de tables rondes. Supervisés par quelques « anciens », ils parlent alors politique, économie, médias, politique sociale, affaires étrangères, de manière informelle, décontractée, franche et surtout « en off » insiste la Fondation.

En dehors de ces conversations, les « Young Leaders » participent à quelques activités de groupes censés les rapprocher, de quoi construire des relations durables garantissant une future collaboration de qualité. L’alliance atlantique semble dépasser alors les clivages politiques.

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