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Dernières rumeurs pour le gouvernement Ayrault I

[image:1,f]En vertu de l’article 8 de la Constitution de 1958, « le président de la République nomme le gouvernement sur proposition du Premier ministre ». Si la nomination relève bien du chef de l’État, celle-ci ne relève pas de son seul bon vouloir… Appartenances partisanes, équilibres politiques, compétences et expérience, fidélités, amitiés ou simples affinités personnelles, origine géographique, âge et – parité oblige – genre, sont autant d’éléments qui entre en considération dans la délicate composition d’un gouvernement.

À cette délicate tâche, François Hollande s’était peut-être refusé à songer en cours de campagne, mais, depuis son élection, le 6 mai, il a pu en neuf jours y apporter les dernières retouches. Et, on peut difficile imaginer que l’annonce par le nouveau secrétaire général de l’Élysée, Pierre-René Lemas, l’autre nommé du premier jour, ne tarde bien au-delà de la matinée du mercredi 16 mai.

Passons en revue les principaux acteurs et les principales difficultés avec lesquelles le président François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault doivent composer…

Le cas Aubry

L’histoire retiendra que la première secrétaire du Parti socialiste, finaliste des primaires citoyennes à l’automne 2011, « numéro deux » du gouvernement Jospin en 1997, ne sera pas devenue la deuxième femme française à diriger un gouvernement – après Edith Cresson, en 1991. Elle a annoncé qu’elle quittait la tête « de la rue de Solferino » et que, rarement heureuse en élections, elle ne se présenterait pas aux législatives. Fin juin, il ne lui restera donc que sa mairie de Lille, utile fief pour un responsable de l’opposition, maigre lot de consolation pour une gauche de retour au pouvoir.

Mentionnée il y a quelques semaines à Bercy au portefeuille de l’Économie, des Finances, en première ligne dans la lutte contre la crise, peu encline à retrouver un département social – « La Dame des 35 heures »… – elle n’a jamais caché son goût pour la Culture. Un peu court pour elle, et elle pourrait donc prendre la tête d’un vaste ministère des Savoirs qui regrouperait Éducation, Culture, Jeunesse et Recherche – peut-être avec rang de « ministre d’État », elle disposerait pour chaque secteur de ministre de plein exercice et, premier ministre bis, chapeauterait la mise en œuvre d’une grande priorité du nouveau président.  

Mercredi matin, une nouvelle rumeur… Martine Aubry ne ferait pas partie du nouveau gouvernement.

« Eléphants » et « éléphanteaux » se disputent les postes régaliens

Affaires étrangères, Intérieur, Défense, Justice… autour de jolis lots de consolation en début de quinquennat pour ceux qui se sont engagés, corps et âmes dans la campagne, et la garantie en cas de réussite d’accéder, de fait, au statut tant envié de « premier ministrable ».

Deux « éléphanteaux » – plus si jeunes -, deux révélations de la campagne, d’abord, dans cette catégorie : Pierre Moscovici, ancien ministre des Affaires européennes de Lionel Jospin, s’imagine au Quai d’Orsay en charge des Affaires étrangères. Manuel Valls, candidat malheureux des primaires, rallié tardivement à François Hollande, se prépare pour le ministère de l’Intérieur. Les positions sécuritaires, à la droite du parti socialiste, plaide pour une nomination Place Beauvau.

D’autres y rêvent aussi… Laurent Fabius succéderait volontiers au un autre ancien Premier ministre, Alain Juppé, au Quai d’Orsay. Sa prise de position pour le « non » au référendum sur la Constitution européenne en 2005 pourrait jouer en sa faveur – même si 2005, c’est loin. François Rebsamen, maire de Dijon, très proche de François Hollande songe, quant à lui, à Beauvau. Peut-être comme ministère délégué.

À la Justice, Place Vendôme, le nom de Bertrand Delanoë revient de manière de plus en plus récurrente. Contrairement à ses engagements de campagne de 2008, il céderait donc, avec deux ans d’avance, la mairie de Paris à Anne Hidalgo. Une femme à la tête de la capitale, une première.

À la Défense, deux fidèles aussi du Président : Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne, ou Bernard Cazeneuve, maire de Cherbourg. À moins que, pour « caser » Laurent Fabius

Les ministères de la crise… Qui à Bercy ? Qui rue de Grenelle aux Affaires sociales ?  

À Bercy, le nom de Michel Sapin, camarade de 40 ans de François Hollande, au service militaire et à l’ENA, ministre de l’Économie sous Pierre Bérégovoy en 1992, revient avec insistance. François Hollande pourrait aussi se souvenir qu’il enseigna l’économie à Sciences-Po, en tandem avec Pierre Moscovici. Le nom de Karine Berger, économiste réputée, est aussi cité. À 39 ans, elle paraît un peu jeune. Dans tous les cas, le ministre des Finances sera bien entouré de sous-ministres et il est question de Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, ainsi que de Nicole Bricq, Rapporteur générale du budget au Sénat.

Rue de Grenelle, c’est Marisol Touraine qui fait figure de favorite. Normalienne, énarque – fille du sociologue Alain Touraine -, elle est une experte de ces questions.

À l’Agriculture, il était question de Stéphane Le Foll, plus proche conseiller de François Hollande, ce pourrait être Arnaud Montebourg, à moins qu’il aille à la Production…

Et les femmes ?

François Hollande a promis un gouvernement paritaire. Politiquement, un gouvernement paritaire qui donnerait l’impression de placer les femmes dans des positions subalternes ne manquerait pas d’être critiqué. Après les « Jupettes » de 1995, les « Hollandettes » de 2012… Dans ce cas, il existe quelques autres femmes de grande expérience dans les rangs socialistes… Elisabeth Guigou pourrait se voir offrir le Quai d’OrsayMarylise Lebranchu, ancienne garde des Sceaux, a l’expérience nécessaire pour la plupart des ministères et puis circule aussi le nom d’Anne Lauvergeon, ancien « sherpa » de François Mitterrand et ex-présidente d’AREVA. Valérie Fourneyron, maire de Rouen, irait aux Sports ou… à la Santé.

Et les jeunes ?

De nouveaux visages, il est fait mention de trois drôles de jeunes femmes, souvent dans des secteurs culturels… Najat Vallaud-BelkacemAurélie Filipetti et Fleur Pellerin. Côté garçons, le nom de Bruno Julliard, adjoint au maire de Paris chargé de l’Éducation supérieure, circule.

Et les non-socialistes ?

François Hollande a fait savoir que ses ministres seraient des « politiques », il n’a pas dit qu’ils seraient tous socialistes.

Europe-Écologie devrait être de ce premier gouvernement avec, en premier lieu, Cécile Duflot. Un ou plusieurs ministres ? Le score réalisé par Eva Joly ne plaide pas pour la multitude. Autres candidats possibles toutefois : Eva Joly en personne, le sénateur Jean-Vincent Placé ou l’euro-député Yannick Jadot.

Ailleurs… Robert Hue, président du Mouvement unitaire progressiste et ancien secrétaire général du Parti communiste français, pourrait incarner le communisme gouvernemental en l’absence d’alliance avec le Front de GaucheJean-Luc Mélenchon ne demande rien et ne veut rien…

Bien des noms pour un gouvernement resserré…

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