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« Des J.O. ? Non, merci, très peu pour moi… »

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Un manque d’enthousiasme

Moi, enthousiaste concernant les Jeux Olympiques de cet été ? Et comment ! Toute ma vie, j’ai scruté les calendriers pour marquer les années bissextiles, attendant la grand-messe du sport. Mais cette année, c’est différent. Pour la première fois les Jeux se tiendront dans ma ville ! Dans mon arrondissement. Plus précisément à 4,5 kilomètres de mon palier. Et plus l’évènement approche, plus je le redoute.

À cet égard, je suis comme la plupart des Londoniens. Nous avons franchi le cap des cent jours avant l’ouverture des Jeux, le 27 juillet, mais le vent du désintérêt semble souffler dans les rues de Londres et pourrait probablement se faire sentir jusqu’à Paris, l’autre capitale, candidate déchue à l’organisation des Jeux.

Les organisateurs de l’évènement ont des problèmes avec les organismes de publicité. L’indifférence et la peur ne sont pas les meilleurs arguments pour susciter l’excitation.

La goutte qui a fait déborder le vase se situe surement dans les préparatifs, à l’automne 2011 dernier. À l’époque nous avions reçus un courrier d’agent immobilier, nous affirmant que nous pourrions obtenir entre 6 500 et 10 000 euros pour louer notre appartement à deux chambres pendant la durée des J.O. Mes voisins ont sauté sur l’occasion, et en anticipant le profits emmenèrent leurs enfants pour de superbes vacances de trois semaines à Goa, en Inde. Aujourd’hui, ils attendent toujours les locataires et cette nouvelle manne financière.

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Les raisons du désenchantement

Des anecdotes qui contribuent au désenchantement autour de « Londres 2012 ». La BBC a essayé de comprendre ce sentiment de plus en plus généralisé et en a tiré dix conclusions pertinentes : le chaos des transports en commun pour commencer.

La ville peut à peine faire face à sa population régulière avec son infrastructure, mais le Guardian indique que les transports publics devraient être perturbés de 50 ou 60%. En particulier le métro, qui pourrait accueillir jusqu’à trois millions de passagers supplémentaires.

La seule nouveauté majeure des infrastructures souterraines est le train « javelin », qui se rendra de la gare de King Cross Station jusqu’au Parc Olympique (à Stratford) situé à plus de 11 km. Tout ça en 7 minutes. Cool, non ?
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Mais la station King’s Cross brasse déjà le flux le plus important de Londres. Imaginez 25 000 personnes par heure, qui tentent de se rendre à Times Square ou à la Penn Station. Agoraphobes s’abstenir !

Au delà de la logistique pure et simple, si les Londoniens ne sautent pas de joie, c’est aussi pour des raisons, disons, culturelles. La « moquerie » est un trait de caractère quasi inné chez les Anglais. Elle coule dans le sang des Londoniens ! Imaginez ce que cela donne lorsqu’il est question d’accueillir un évènement « feel good ». La BBC a d’ailleurs réalisé un « docu-moqueur » intitulé « 2012, depuis deux ans maintenant ». Une satire qui met en scène des bureaucrates essayant de remplir le cahier des charges des J.O. Un ton ironique et taquin, certes, mais qui a au moins l’avantage de susciter de l’intérêt.

Un buisness à ciel ouvert

Le deuxième point gênant concerne le mercantilisme grossier. On se doute bien que les J.O. révêtent un aspect commercial. Pour avoir l’occasion de devenir ville « hôte » des Jeux, Londres n’avait pas d’autres options possibles : il fallait investir, prévoir des commerces à cet effet. Seulement les touristes ne se rendront pas dans le quartier de Stratford – qui soit dit en passant aurait largement besoin de cet argent – pour consommer, ils n’auront qu’à traverser le gigantesque Mall de Westfield’s où des milliers de mètres carrées de boutiques les attendront, avant d’arriver au Parc olympique.
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Des souvenirs encore vifs

Les J.O. seront donc juste une occasion comme un autre de permettre aux touristes de visiter la ville, en marge des rencontres sportives. Une réalité que nous ne partageons pas, car très peu d’entre nous ont pu obtenir des billets pour assister aux compétitions. Nous allons regarder la télévision comme le reste du monde, avec l’avantage d’avoir le bon fuseau horaire et pas de « pauses – pub ».

Nous ressentirons l’importance de l’évènement uniquement lorsque nous serons confrontés à son autre réalité, plus pragmatique celle-ci : métro bondé, route barrée, impossibilité de se rendre au travail, etc. Merci les J.O. !
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La dernière vraie bonne raison est la suivante. L’organisation des J.O. a été confiée à Londres, le 6 juillet 2005. Moins de 24 heures après, les attentats à la bombe ont tué 54 personnes. L’excitation a laissé place au choc et à l’horreur. Voilà peut-être la cause profonde de ce manque d’enthousiasme : notre joie d’accueillir les Jeux Olympiques appartient à une autre époque.

Adaptation Global Post / Henri Lahera pour JOL Press

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