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Enrique Peña Nieto, le grand favori du PRI

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[image:1,l] Vendredi 11 mai dans la capitale mexicaineEnrique Peña Nieto a dû faire face à l’indignation des étudiants de l’Université Ibéro-américaine. Ce candidat de 45 ans, ancien gouverneur de l’État de Mexico et favori de l’opposition, s’est retrouvé face à une foule d’étudiants qui l’a hué, le traitant de « lâche ». Cet évènement contraste avec les accueils chaleureux que le candidat a reçus tout au long de ces six premières semaines de campagne.

Favori dans les sondages à l’élection présidentielle

Bien qu’il y ait des doutes sur le passé de son parti ou sur ses pêchés personnels, Enrique Peña Nieto jouit d’une confortable avance à deux chiffres sur ses rivaux dans les sondages. La dernière enquête réalisée par l’institut Consulta Mitofsky porte les intentions de vote à 38,5%. Son omniprésence médiatique et son physique avantageux ont renforcé sa popularité politique.

Même avec le chahut universitaire récent, Enrique Peña Nieto a su garder son sang-froid. « Je ne refuserai jamais l’opportunité d’écouter la société, encore moins la jeunesse » ,relate un message du candidat, sur son compte Twitter .

Les faiblesses du candidat

Les premiers pas dans la campagne électorale ont mis en évidence les faiblesses du candidat du PRI. Il a en effet commis des gaffes embarrassantes. En novembre dernier, au Salon du livre de GuadalajaraEnrique Peña Nieto n’a pas su citer le nom de ses trois auteurs préférés. Cela a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, et ses détracteurs en ont profité pour lui reprocher une médiocrité intellectuelle.

L’autre faiblesse du candidat concerne la mère des trois enfants du candidat, Monica Pretelini, morte en 2007 à la suite d’une crise d’épilepsie, alors que la maladie avait été diagnostiquée deux ans plus tôt. Les soupçons de négligence règnent, l’accusation d’homicide involontaire ou volontaire sur Internet revient régulièrement.

Mais de nombreux médias préfèrent ne pas s’attarder sur ce scandale, ou quand ils le font, semblent laver le candidat de tout soupçon. Lors de la récente perturbation à l’Université Ibéro-américaine à Mexico, une chaîne de journaux détenus par le groupe OEM ont titré « Le succès de Pena à Ibéro ».

Enrique Peña Nieto : un phénomène médiatique

Le candidat du parti de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador accuse la puissante industrie médiatique du pays d’être l’outil de la mise avant d’Enrique Peña Nieto. Ce dernier bénéficie en effet d’une forte médiatisation, qui lui permet de cultiver sa popularité politique depuis qu’il a quitté son bureau de gouverneur l’été dernier.

Enrique Peña Nieto a fait toutes sortes de promesses au peuple, concernant notamment la lutte contre la corruption, la refonte du secteur de l’énergiela sécurité sociale ou encore les impôts. Ces engagements viennent en abondance, alors que certains membres de son propre parti ont reculé devant des propositions similaires.

Josefina Vazquez Mota : une adversaire dans la campagne

 Josefina Vazquez Mota, candidate du Parti national (PAN), a attaqué Enrique Peña Nieto en mettant en évidence les projets incomplets qu’il avait mené dans l‘État de Mexico – en vain. En lice pour succéder au président actuel Felipe Calderon, qui légalement ne peut pas cumuler deux mandats, Josefina Vazquez Mota a vu sa campagne décliner. Les apparitions importunes de chahuteurs, des événements annulés, et dernièrement l’évanouissement de la candidate alors qu’elle participait à une conférence sur la sécurité, ont porté un coup dur à sa campagne.

Une grande partie de la publicité et du discours de la campagne de la candidate mettent en avant le terme « différent ». Ce slogan – alors qu’elle vient du même parti que l’actuel président- est difficile à vendre.

« Différent est un mot bizarre en anglais. C’est la même chose en espagnol », déclare le professeur de Sciences politiques, Federico Estevez de l’Institut technologique autonome de Mexico. Pour ne rien améliorer, l’ancien président Vicente Fox, un membre du parti PAN, a annoncé que la campagne du parti avait besoin d’un « miracle » – avant de se rétracter.

Il semblerait que Vicente Fox fonde son pessimisme sur les sondages. Le dernier sondage du Consulta Mitofsky donne Enrique Peña Nieto avec une avance de 17,5 points par rapport à Josefina Vazquez Mota dont les intentions de vote ont chuté d’un point, tombant donc à 21 %, son score le plus bas depuis le début de la campagne en mars, selon Reuters.

Lopez Obrador et sa « République amoureuse »

Le candidat du parti de gauche Andres Manuel Lopez Obrador, qui a perdu de peu les élections en 2006, serait à 19% selon les sondages de l’institut Consulta Mitofsky. Le candidat, dont le parti fonctionne sur la réunion d’un trio de partis de gauche, a répandu un concept onirique dans la campagne : la création d’une « République amoureuse » et d’une réconciliation nationale.

Ce message pourrait trouver une forte résonance auprès de nombreux Mexicains, découragés par la montée galopante de la violence, depuis décembre 2006, date à laquelle le gouvernement de l’actuel président Felipe Calderon, a lancé un assaut militaire pour endiguer les cartels de la drogue.

La nostalgie d’un pays plus tranquille pourrait donner l’avantage à Enrique Peña Nieto, dont le PRI a gouverné le Mexique pendant 71 ans, jusqu’en 2000. Beaucoup de Mexicains accordent du crédit au PRI pour avoir su garder la violence des drogues à distance, notamment en négociant avec des groupuscules du crime organisé. Un fait que le PRI a naturellement toujours nié.

L’engouement  du peuple mexicain

L’enthousiasme pour le PRI est évident dans ​​la campagne électorale. Lors de plusieurs événements, des hommes ont imité Enrique Peña Nieto en se gominant les cheveux, tandis que les femmes forment des brigades connues sous le nom « Las Gaviotas » –  nom du feuilleton des télénovelas mexicaines – dont la star n’est autre qu’Angelica Rivera, la nouvelle femme d’Enrique Peña Nieto. Une campagne également suivie de près par la jeunesse mexicaine, dont 39 % d’entre elle devrait voter « PRI », selon une enquête de Consulta Mitosfsky.

Le débat télévisé du dimanche 6 mai, a rassuré ceux qui étaient préoccupés par la capacité d’Enrique Peña Nieto à maintenir son charisme sans script ni prompteur. Les téléspectateurs ont pu voir comment le candidat réagissait en direct aux attaques de ses adversaires, dans une campagne où tout est largement orchestré.

« Il a gagné, non pas parce qu’il a gagné le débat, mais parce que ses chiffres dans les sondages resteront les mêmes », a déclaré Aldo Muñoz Armenta, professeur de Sciences politiques à l’Université autonome de l’État de Mexico.

Enrique Peña Nieto semble imperturbable. Beaucoup de Mexicains expriment de la nostalgie pour l’ordre et la stabilité lors du dernier gouvernement du PRI – en dépit des critiques de corruption et autoritarisme du parti. « Mon parti a malheureusement été marqué, davantage par les erreurs du passé que les réalisations qui en ont découlées », a récemment déclaré le candidat du PRI à CNN.

Toutefois, de nombreux électeurs semblent être prêts à passer sous silence les erreurs du passé, le 1er Juillet prochain.

Global Post/ Adaptation Louise Michel D./ JOL Press

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