Site icon La Revue Internationale

Joyce Banda, la deuxième «Dame de fer» d’Afrique

[image:1,l]

Un appel à l’unité et à la réconciliation

Lors de la cérémonie d’investiture Joyce Banda a déclaré : « Moi, Joyce Hilda Banda, je jure solennellement que je vais bel et bien assurer la fonction (…) de présidente de la République du Malawi, et que je vais défendre la Constitution ». La nouvelle présidente a appelé à l’unité et à la réconciliation : « Je veux que nous nous tournions tous vers l’avenir avec espoir et un esprit d’unité. J’espère sincèrement qu’il n’y a pas de place pour la revanche. J’espère sincèrement que nous allons rester unis ».

L’entourage du président défunt, Bingu wa Mutharika, a dans un premier temps cherché à écarter Joyce Banda du pouvoir car elle représente une figure de l’opposition depuis son exclusion du parti gouvernemental fin 2010. Mais les dirigeants du DPP (Democratic progressive parti), n’ont pas réussi à amender la Constitution. Le gouvernement américain, principal bailleur du Malawi, a apporté son soutien à Joyce Banda« La Constitution du Malawi décrit clairement ce que doit être la succession et nous souhaitons qu’elle soit suivie », a déclaré Johnnie Carson, secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines.

Exclue du parti gouvernemental en 2010

D’abord ministre des Affaires étrangères sous le président Bingu wa Mutharika, cette « femme de poigne » selon Le Point, avait ensuite été choisie par le chef de l’État, défunt, pour se présenter avec lui, comme vice-présidente, aux élections de 2009, qu’ils ont par ailleurs remporté avec 66% des voix. L’année suivante Joyce Banda a refusé que le frère du président prenne les rênes du pouvoir. Une opposition qui lui a valu son exclusion du Parti démocratique progressiste, considérée même comme une dangereuse dissidente.

Un gouvernement en rupture avec celui de son prédécesseur

À 61 ansJoyce Banda, veut  gouverner le Malawi d’une manière innovante et se démarquer de son prédécesseur en luttant contre ses pratiques très critiquées. Bingu wa Mutharika a souvent été accusé de dérives autoritaires et de vouloir placer ses proches aux postes clés du gouvernement.

La nouvelle présidente a ainsi exclu de son équipe l’entourage du défunt dirigeant et a expliqué qu’elle prendrait des mesures contre les anciens ministres qui voulaient l’écarter du pouvoir. Selon RFIJoyce Banda a aussi chassé l’ex-Première dame, Callista Mutharika, qui touchait près de 7 000 dollars par mois pour un poste de coordinatrice de programme de santé maternelle. C’est une militante féministe, Dorothy Ngema, qui la remplacera. Contrairement à son prédécesseur, Joyce Banda a refusé d’accueillir le président soudanais Omar el-Béchir, sujet à un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, au prochain sommet de l’Union africaine en juillet prochain qui doit se dérouler à Lilongwe, capitale malawite. En refusant la visite du président soudanais, Joyce Banda espère surtout satisfaire les exigences du Royaume-Uni et des États-Unis, donateurs internationaux, principaux bailleurs du Malawi.

Féministe convaincue

Fondatrice et directrice exécutive de l’Association nationale des femmes d’affaires du Malawimilitante des droits des femmesJoyce Banda, est un modèle pour de nombreuses femmes au Malawi. Elle est la deuxième femme à présider un pays africain après Ellen Johnson Sirleafprésidente de la République du Libéria. Joyce Banda sera chef de l’État jusqu’aux prochaines élections, prévues en 2014, mais doit dès maintenant se trouver une majorité pour tenter de sortir le pays d’une crise économique.

La nouvelle présidente veut rétablir une relation de confiance entre le Malawi et les pays développés, notamment en invalidant la dévaluation du kwacha, unité monétaire malawite, pour que l’aide internationale reprenne pleinement. Elle veut également mettre fin à la pénalisation des actes homosexuels. Un mois seulement au gouvernement, et déjà, Joyce Banda s’impose comme la deuxième « Dame de fer » en Afrique.

Quitter la version mobile