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Laurent Fabius, un éléphant au Quai d’Orsay

[image:1,l] C’est dans le Paris de l’après-guerre, que naît, le 20 août 1946, Laurent Fabius. Dans le cercle familial, règne « une extraordinaire liberté, une curiosité un peu bohème pour le monde et les êtres ». Fils, petit-fils et neveu d’antiquaires, le jeune Laurent baigne dans la culture, se plonge dans ProustNathalie Sarraute, et Julien Gracq. Son bac de philo en poche, il s’inscrit en « hypokhâgne », avant d’intégrer « Normal sup ». Viennent ensuite Sciences po et l’ENA

Quand il quitte la rue de l’Observatoire, en 1973, pour rejoindre le conseil d’ÉtatLaurent Fabius n’est toujours pas encarté. « Ma vision du monde, fondée sur la lutte contre les injustices, fut sociale avant d’être socialiste, intellectuelle et charnelle avant d’être politique et militante » se souvient, sur son site internet, celui qui ne rejoindra le Parti socialiste qu’en 1974. 

Le plus jeune Premier ministre de la Vème République

En 1981, le jeuné député de Seine-Maritime, qui a su se faire remarquer de François Mitterrand, est nommé ministre du Budget. Deux ans plus tard, c’est le ministère de l’Industrie et de la Recherche qui lui est confié. En 1984, le président socialiste, convaincu que Laurent Fabius saura mener les réformes qu’il faut à la France, lui remet les clefs de Matignon, faisant de lui le plus jeune Premier ministre de la Vème République. 

« Est-ce une bonne chose ? Est-ce une mauvaise chose ? Était-ce au bon moment ? Était-ce au mauvais moment ? On ne choisit pas ! » expliquait, l’an dernier Laurent Fabius à son ami Jérôme Clément, pour France 5« Il se trouve qu’il y a une circonstance historique et un président de la République qui vous propose : Voulez-vous être Premier ministre ? Il est rare qu’on refuse. »

Un goût prononcé pour les Affaires étrangères

À l’époque, déjà, Laurent Fabius se passionne pour les Affaires étrangères. En 1985, le jeune chef du gouvernement prend fait et cause pour la lutte contre l’apartheid. Il rencontre l’évêque sud-africain Desmond Tutu et, dans la foulée, obtient de François Mitterrand qu’il impose des sanctions au régime de Pretoria. L’ambassadeur de France est rappelé, les investissements français suspendus… Quelques mois plus tard, c’est à la venue du général Jaruzelski, chef de la République populaire de Pologne, qui vient tout juste de décréter l’état de guerre, que s’oppose Laurent Fabius.

À l’Assemblée nationale, le Premier ministre se dit « troublé » que François Mitterrand ait accepté de le recevoir, provoquant le mécontentement du président socialiste. Élu président de l’Assemblée nationale en 1988, il devient ensuite député européen« J’ai toujours eu la conviction que l’Europe doit être l’horizon de notre action. La démocratie européenne doit être approfondie et rénovée » argue-t-il. Ce qui ne l’empêche pas, dès 2004, de s’opposer à la Constitution. Une prise de position qui lui vaut de se retrouver isolé au sein du Parti socialiste, la plupart des militants étant acquis au « oui ». Et de susciter, à l’heure de sa nomination au Quai d’Orsay, bien des commentaires. « Fabius l’homme du “non” à l’Europe annoncé aux Affaires étrangères. Tout un symbole…. », a réagit ce mercredi 16 mai Valérie Pécresse sur Twitter

Laurent Fabius, comme une évidence 

Pour François Hollande, le choix de Laurent Fabius était pourtant une évidence. « Laurent Fabius rassure François Hollande, ses suggestions sont toujours habiles, et puis vu la situation, il faut quelqu’un qui ne passe pas six mois à découvrir le job et à s’installer », confiait, en mars dernier, un ténor du parti à Libération. À la demande de Martine Aubry, dont il soutenait la candidature, le député de Seine-Maritime avait commencé à préparer les décrets et rendez-vous internationaux. La maire de Lille évincée, c’est tout naturellement qu’il a accepté de travailler pour le candidat investi. « François Hollande a eu l’heur de trouver mon travail intéressant, j’ai donc repris mon bâton de pèlerin. »

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