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Le plan d’action espagnol pour rassurer les marchés

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L’Espagne cherche comme elle le peut à apaiser les marchés financiers après l’annonce du sauvetage de la banque Bankia.

Retrouver la confiance des investisseurs

Le gouverneur de la Banque d’Espagne, Miguel Angel Fernandez Cardonez s’est exprimé devant le Sénat, mercredi 30 mai, afin de détailler le plan de sauvetage le plus cher de l’histoire espagnole.

L’Espagne « est le centre d’intérêt, non seulement pour les pays de la zone euro, mais aussi, probablement, pour l’économie mondiale. ». C’est dire à quel point l’enjeu est de taille. La dette de la Grèce ne semblerait qu’une pécadille, un hors d’oeuvre au menu des catastrophes boursières.

Comme l’a rappelé le gouverneur, l’actuel principal problème de l’Espagne réside dans la confiance des investisseurs. Une confiance perdue qui doit être retrouvée.

« Rien n’est plus important maintenant que de retrouver la confiance […] sans elle, nous ne pourrons résoudre aucun de nos problèmes. »

Ce problème mesure 2,58% et est intervenu mercredi 30 mai à 10h58 très exactement : iI s’agit de la chute de la bourse madrilène provoquée par l’annonce du sauvetage de Bankia qui réclame 23,5 milliards pour se remettre à flot.

Un discours pédagogique

Le Premier ministre espagnol  Luis de Gindos a également voulu apporter son propre éclairage de la crise que traverse le pays pour tenter de rassurer les marchés, devant le Sénat.

« Ce sera le mécanisme habituel, celui que l’on a utilisé pour d’autres injections du fonds public Frob auparavant, c’est à dire des émissions du Frob qui se font évidemment sur les marchés de capitaux et ensuite, au fur et à mesure des besoins, on injecte le capital. » a-t-il expliqué.

Sachant que le Frob est constitué de près de 5 milliards d’euros, il ne resterait qu’à trouver 14 milliards ailleurs, donc sur les marchés. Mais les taux d’intérêts de l’Espagne sont très élevés (6,67% à 10 ans), ce qui complique sérieusement le mécanisme. D’autant que le déficit de l’Espagne atteignait 8,9% de son PIB en 2011 et que son taux de croissance risque fort d’être négatif en 2012 et 2013, si l’on en croit les prévisions de la Commission européene.

Une autre option consisterait à apporter des obligations d’Etat à Bankia de manière à les échanger à la BCE. Une option qui n’a pas été encore étudiée, ni même présentée à la Banque centrale européenne.

Assainir Bankia, assainir l’Espagne

« En assainissant Bankia, nous réalisons l’étape la plus substantielle pour résoudre les doutes existant sur la solvabilité du système financier espagnol » a ajouté le Premier ministre, se voulant décidemment confiant dans la tourmente.

« Après, le groupe sera une des entités les plus solvables et assainies, […] avec cette intervention, nous faisons face à la majeure partie du problème du système bancaire espagnol. »

Appliquer le budget pour activer la reprise économique

Le gouverneur de la Banque centrale n’a néanmoins pas minimisé la situation et affirmé que la priorité était désormais « de retrouver de la crédibilité en appliquant le budget de manière rigoureuse. »

« Je crois qu’il n’est pas exagéré de dire que l’Espagne joue une grande partie de son avenir avec le respect des objectifs budgétaires et qu’un échec dans ce processus de consolidation éloignerait dans le temps la possibilité d’une reprise économique dans notre pays. »

L’Espagne ne promet pas de lendemains qui chantent

Or actuellement, les prévisions de croissance en Espagne sont loin d’être bonnes. Le pays cherche à atteindre un déficit de son PIB de 5,3% cette année,  mais il ne l’atteindra sûrement pas, malgré les engagements pris par Mariano Rajoy, le Premier Ministre espagnol, devant l’Europe.

« Le secteur bancaire est sérieusement atteint et par ricochet, cela va engager des dépréciations par milliards dans la zone euro. » avertit Jean-Yves Archer dans Les Echos.

« Chez Natixis aussi, on attendait des lendemains meilleurs et on refusait de provisionner valablement. Idem pour Dexia. » ajoute-t-il.

Après avoir vu les Grecs se ruer vers les guichets de leurs banques pour retirer plus d’un milliard d’euros, l’Espagne, malgré ces discours rassurants, inspire plus la peur de la contagion qu’une éventuelle « happy end ».

L’Europe à la manoeuvre

Jean-Yves Archer ne manque de s’interroger, « dans ce contexte, nous restons plein d’interrogations quant à la stratégie de Monsieur Mariano Rajoy qui pense pouvoir recapitaliser ses banques à hauteur de 200 milliards de capitaux propres alors que les créances irrécouvrables pèsent pour plus de 75 milliards et les créances douteuses pour plus de 200 milliards. »

Voilà pourquoi, même si l’Espagne doit tout faire pour maintenir l’illusion qu’elle maîtrise son navire, la solution d’une aide européenne discrète fait son chemin. Mercredi, José Manuel Barroso, le président de la Commission, a avancé l’idée d’une intervention directe du Fonds Européen de stabilité financière (FESF) auprès des banques espagnoles, sans passer par la case gouvernementale. Un début de sauvetage déguisé, sur fond de souveraineté politique préservée : cela sera-t-il suffisant ? Il est permis d’en douter. Sauf si  l’Espagne donne très vite des signes d’assainissement de son système bancaire…

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