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Les 27 font un pas de plus vers un « pacte de croissance »

[image:1,f]Une première pour François Hollande sur la scène européenne. Le dîner a duré plus de cinq heures pour les participants à ce sommet informel convoqué par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Au menu : la relance par la croissance alors que la crise grecque, sujet d’inquiétudes grandissantes, a fait évoluer les esprits en Europe.

L’élection de Hollande a changé le climat

Cette réunion était le 24ème sommet européen depuis octobre 2008. La crise a bousculé les modes de gouvernance au sein de l’Union européenne et de la zone euro, à l’initiative, notamment, du président Nicolas Sarkozy. François Hollande a été très clair, il est ouvert au dialogue et refuse de se poser en « sauveur de l’Europe ». « Aujourd’hui ce qui doit compter c’est de donner une dimension nouvelle, et notamment de croissance », a-t-il ainsi déclaré.

D’après les observateurs, l’élection de François Hollande a fait évoluer les esprits au sein des 27. Sa prise de position en faveur d’une relance par la croissance a permis de lever un tabou entretenu par les positions fermes d’Angela Merkel sur l’austérité.

L’opposition allemande sur les « euro-bonds »

François Hollande s’est heurté comme prévu à l’opposition allemande sur les « euro-bonds ». « Les euro-obligations ne contribuent pas à relancer la croissance », a affirmé Angela Merkel dès son arrivée. Le chef d’État français a dit respecter ce point de vue tout en espérant une évolution d’ici fin juin. « Il y a de la part de l’Allemagne l’idée que les « euro-bonds », si je veux donner la version la plus optimiste, ne peuvent être qu’un point d’aboutissement alors que nous considérons que ça devrait être un point de départ », a-t-il expliqué. Il a indiqué qu’il pourrait y renoncer s’il obtient satisfaction sur la croissance dans un texte séparé, tout en s’engageant à redresser les finances publiques françaises. « À ce stade, pour permettre la discussion la plus large, nous n’avons pas évoqué d’instrument juridique », a-t-il dit en conférence de presse.

Le sujet des euro-obligations touche une corde sensible en Allemagne, où l’on ne veut pas offrir une assurance tout risque à des pays comme la Grèce, qui pourraient alors emprunter à des taux très bas, ce qui allégerait la pression pour mener à bien les réformes. D’autres pays, comme les Pays-Bas et la Finlande, sont du même avis, mais François Hollande est soutenu par d’autres partenaires européens, comme l’Italie et la Commission. Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, qui a déjeuné à l’Élysée, ne considère pas les euro-obligations comme une priorité. Son pays, qui a besoin de liquidités, ne peut se permettre de froisser Berlin.

Pour l’Allemagne, qui a déjà dû accepter des entorses au traité de Maastricht, qui interdit formellement le sauvetage de pays comme cela a été le cas avec le plan grec, et les actions de la Banque centrale européenne (BCE) en faveur des banques, accepter de tels mécanismes est politiquement impossible. François Hollande a expliqué que les « euro-bonds » ne devaient pas servir à mutualiser les dettes passées mais permettre des emprunts nouveaux.

Déjà, plusieurs initiatives font consensus

Plusieurs initiatives susceptibles de relancer la croissance à moyen terme, qui font partie des revendications de François Hollande, font d’ores et déjà consensus.

Il est question de mobilisation en faveur des PME des 80 milliards d’euros de fonds structurels européens non utilisés, de lancement d’euro-obligations pour financer de grands projets d’infrastructures et d’une augmentation des capacités de prêt de la Banque européenne d’investissement (BEI). Les dirigeants européens ont invité cette dernière à réfléchir à une augmentation de capital en vue d’un effort sur la croissance, a déclaré le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, évoquant également un accord à 27 sur le principe d’un renforcement de l’union économique.

Un projet-pilote sur les « euro-projets » pourrait entraîner le déblocage de 4,6 milliards d’euros d’investissements et la recapitalisation de la BEI lui permettrait de financer des projets allant jusqu’à 180 milliards d’euros.

La France pousse en outre, l’idée d’une taxe sur les transactions financières, notamment rejetée par Londres.

Vers un « pacte de croissance » fin juin ?

La réunion visait à préparer le Conseil européen des 28 et 29 juin « qui devrait, si le travail est fait en ce sens, préparer un Pacte de croissance qui pourrait être un pas supplémentaire à ce qui s’est jusqu’à présent construit », a dit le président français lors d’une conférence de presse.

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