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Les euro-obligations, cheval de bataille de François Hollande

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Euro-obligations : une porte de sortie éventuelle ?

Le président français François Hollande en est persuadé, les euro-obligations représentent une chance de sortir de la crise de l’euro. Reste à convaincre son homologue allemande, la chancelière Angela Merkel, qui ne partage pas l’enthousiasme du dirigeant français.
Lors d’un prochain sommet sur la zone euro, François Hollande envisage de relancer les propositions concernant les obligations, qui seraient conjointement délivrées par les pays de la zone euro. Ces dernières permettraient de distribuer et de s’alléger du fardeau des dettes souveraines sur un bloc monétaire uni.
François Hollande sait toutefois qu’il y a peu de chance que la chancelière allemande soit captivée par ce projet, même face à l’inquiétude croissante d’un effondrement de l’Europe, si des mesures drastiques ne sont pas prises. « Nous en avons bien sûr parlé, et les deux parties ont confirmé leurs positions » a déclaré le ministre des Finances français Pierre Moscovici, après sa rencontre avec son homologue allemand. « François Hollande envisage de tout mettre sur la table… même les propositions qui ne peuvent pas être acceptées immédiatement », a ajouté le ministre.

Des Allemands forcément réticents

L’Allemagne, qui est l’économie la plus solide de la zone euro, sait que la mise en place d’euro-obligations se traduirait par la prise en charge par ses contribuables des dettes encourues par la Grèce, l’Espagne, l’Italie ou tout autre pays en grande difficulté.
Cela permettrait, bien sûr, de juguler l’hémorragie des pays du Sud et le risque de mort prématuré de l’euro. Cependant, les critiques soulignent que ces euro-obligations reviendraient à récompenser un certain « laisser-aller » et risqueraient de relâcher la pression que certains pays se doivent de maintenir pour relever leurs économies malades. Et si les euro-obligations ne fonctionnaient pas, elles affaibliraient quand même l’économie allemande.
[image:2,l]« C’est une proposition qui tombe mal, et aurait des effets néfastes » a précisé le ministre allemand des Finances, Steffen Kampeter. Il a soutenu que le financement commun était peu susceptible d’être mis en place avant au moins une décennie. La première rencontre de François Hollande avec les dirigeants de la zone euro lors du sommet de Bruxelles n’y changerait rien. Le président français devrait obtenir le soutien des dirigeants de l’Espagne, de l’Italie et de nombreux pays membres du bloc monétaire, ainsi que du siège social de l’Union Européenne, qui avait conjointement publié un plan l’an dernier.

Un choix politique

« Il serait économiquement logique d’utiliser les euro-obligations afin de créer une émission de liquidité stable, qui permettrait d’aider le bloc européen à s’affranchir de sa dette. Ou du moins de le faire après avoir renforcé notre gouvernance économique, afin d’assurer une prudence budgétaire » a déclaré la semaine dernière Olli Rehn, Commissaire économique de l’U.E., dans un discours à Oxford.

Même si les Allemands acceptaient, les complexités juridiques, inhérentes à un tel projet, repousseraient la mise en place de ces obligations à de longues années. Cependant, les défenseurs de l’euro-obligation affirment qu’un accord concernant leur création pourrait calmer des marchés inquiets et convaincre les électeurs grecs et irlandais à faire le bon choix dans les urnes la semaine prochaine.
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Un « non » irlandais au prochain referendum du 31 mai sur le traité de discipline budgétaire pourrait les couper des fonds de sauvetage européens. Toutefois les sondages montrent qu’un nombre important d’électeurs, fatigués de l’austérité posée comme une condition pour percevoir l’aide de 67 milliards d’euros, envisagent un rejet.

La Grèce devra aussi voter lors d’une élection prévue le 17 juin, six semaines après le dernier vote national, qui a abouti sur une impasse politique, en raison notamment du succès rencontré par les partis extrémistes, farouchement opposés aux mesures d’austérité du plan de sauvetage. Les sondages montrent que la plupart des Grecs veulent conserver l’euro, mais sont profondément déçus par les politiques traditionnelles et par ce sentiment de « pauvreté imposée ».

Des conditions sine qua none

Bien que de nombreux politiciens européens aient souhaité que la Grèce reste dans la zone euro, le gouvernement hellène précise que cela serait impossible si le parti élu refuse de mettre en œuvre les conditions du plan de sauvetage.« Il y a un choix à faire : Vous  pouvez voter pour rester dans l’euro, en prenant vos engagements. Mais vous pouvez également voter pour sortir de l’Europe » a conclu le Premier ministre britannique, David Cameron dimanche dernier, au sommet de l’OTAN.
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La Grande-Bretagne est certes, en dehors de la zone euro, même comme les autres dirigeants, David Cameron est conscient de l’impact potentiellement catastrophique d’une sortie grecque sur l’économie mondiale. Avec un risque élevé de propagation sur les économies espagnole ou italienne, qui conduirait à un effondrement de la monnaie.

Un effet François Hollande ?

En ayant cette notion à l’esprit, la réunion des dirigeants de l’euro zone du mercredi 23 mai devrait mettre l’accent sur une nouvelle politique de croissance. Angela Merkel, François Hollande et les autres chefs d’États s’emploient à trouver un terrain d’entente sur des nouvelles lignes de financement afin de soutenir des projets de création d’emplois en Grèce et d’autres pays durement touchés. L’optimisation des banques d’investissement européenne devrait également être évoquée.
[image:5,l]François Hollande désire un pacte de croissance pour compléter le nouveau traité de discipline budgétaire de l’U.E. Donner plus de temps à l’Espagne, l’Italie et même la France pour rembourser leur dette permettrait aussi d’alléger l’austérité.

L’espoir réside dans un programme plus favorable à la croissance et dans le fait que des signes de compromis avec Angela Merkel puissent produire un « effet Hollande » sur les électeurs grecs. Cela permettrait in fine de stimuler les partis hellènes qui soutiennent le plan de sauvetage et l’adhésion à l’euro.

Global Post /Adaptation Henri Lahera / JOL Press

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