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Les euro-obligations opposent Hollande à Merkel

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[image:1,l]François Hollande pense avoir trouvé une solution à la crise de la zone euro : les euro-obligations. Malheureusement, Angela Merkel persiste, elle ne veut pas en entendre parler.

François Hollande souhaite étaler la dette de la zone-euro

Lors du Sommet de la zone euro, prévu mercredi 23 mai, le nouveau président français envisage de relancer ses propositions concernant l’étalement de la dette dans toute la zone euro par le biais d’euro-obligations.

Cependant, le président français sait qu’il n’y a que peu de chances pour que la chancelière allemande accueille chaleureusement son idée, même face à l’inquiétude grandissante de voir la zone euro se diriger vers une désastreuse rupture.

« Nous en avons parlé les deux pays ont confirmé leurs positions » a déclaré le ministre français de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici, après avoir rencontré son homologue allemand, lundi 21 mai, pour préparer le Sommet.

« François Hollande envisage de mettre tout sur la table, […] même les propositions qui ne pourront pas être acceptées immédiatement » a-ajouté Pierre Moscovici.

En tant que plus importante économie de la zone euro, l’Allemagne sait que les euro-obligations impliqueront que son contribuable prenne en charge la dette de la Grèce, de l’Espagne, de l’Italie parmi tant d’autres économies en difficultés.

Un pari dangereux pour l’Allemagne

Cela permettrait de soulager la douleur immédiate des pays du sud de l’Europe et le risque de mort prématurée de l’euro. Mais les critiques font valoir que les euro-obligations pourraient, en fait, récompenser le laisser-aller financier de ces pays et relâcher la pression nécessaire pour qu’ils mettent en place les réformes et la discipline financière obligatoires pour remettre leurs économies sur pied.

Et si les euro-obligations ne fonctionnent pas, payer pour le Sud pourrait nuire à la stabilité financière de l’Allemagne.

« C’est une prescription qui vient au mauvais moment » a déclaré le ministre allemand des Finances Steffen Kampeter sur la radio Deutschlandfunk ce week-end.

Il a également soutenu que le financement commun était peu susceptible d’être mis en place dans la prochaine décennie voire après, et ne sera certainement pas décidé lorsque François Hollande participera à sa première réunion aux côtés des autres dirigeants de la zone euro lors du dîner organisé mercredi 23 mai à Bruxelles.

Les euro-obligations inapplicables avant au moins dix ans

François Hollande devrait néanmoins être soutenu dans sa démarche par les leaders espagnols, italiens et tant d’autres parmi les 17 membres du bloc communautaire.

« Cela aurait un sens économique de créer un marché stable pour les obligations gouvernementales avec la mise en circulation de la dette commune, les euro-obligations, une fois que nous aurons renforcé notre gouvernance économique, afin d’assurer une prudence budgétaire », déclarait le commissaire à l’économie européenne, Olli Rehn, lors d’un discours à Oxford la semaine précédente.

Même si les Allemands se mettaient d’accord, la complexité juridique liée à l’introduction de la dette émise conjointement signifierait que les euro-obligations ne pourraient pas être envisageables avant plusieurs années. Cependant, ses partisans affirment qu’un accord pour commencer à travailler sur ces euro-obligations pourrait calmer les marchés et convaincre les électeurs grecs ou irlandais de soutenir le plan de réduction de la dette européenne lorsqu’ils se rendront aux urnes dans les prochaines semaines.

Les Irlandais et les Grecs mettent la zone-euro en péril

Un « non » en Irlande à l’occasion du référendum organisé le 31 mai sur le Pacte Budgétaire européen pourrait couper le pays des éventuels financements de sauvetage de l’Union Européenne. De récents sondages ont témoigné d’un nombre significatif de votants, lassés de l’austérité exigée contre une aide de 67 milliards d’euros en 2012.

La Grèce tiendra également de nouvelles élections législatives le 17 juin prochain, six semaines après qu’un premier vote ait conduit à une impasse politique engendrée par des mouvements d’extrême-gauche, comme d’extrême-droite, opposés aux mesures d’austérité inévitables pour obtenir une aide de 130 milliards d’euros.

Les sondages montrent actuellement que les Grecs souhaitent rester dans l’euro, mais ils sont profondément mécontents des partis politiques traditionnels et ce qu’ils voient comme une austérité imposée par l’étranger.

Le vote des Grecs sera décisif

Bien que de nombreux dirigeants européens aient affirmés vouloir que la Grèce reste dans la zone euro, les Grecs ont été prévenus, rester dans la zone euro sera impossible s’ils élisent les partis qui refusent les conditions du mémorandum.  « Il y a un choix : vous pouvez voter pour rester dans l’euro, avec tous les engagements que vous avez déjà pris, ou vous pouvez voter autrement, vous pouvez effectivement voter pour sortir » a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron aux Grecs, dimanche 20 mai, en marge du Sommet de l’OTAN à Chicago.

Le Royaume-Uni est en dehors de la zone euro, mais tout comme de nombreux autres dirigeants mondiaux, David Cameron est parfaitement conscient de l’impact, potentiellement catastrophique, que la sortie de la Grèce de la zone euro pourrait avoir sur l’économie mondiale, notamment en raison du risque de contagion qui pourrait pousser d’autres économies comme l’Espagne ou l’Italie à quitter la zone euro, causant ainsi l’effondrement de la monnaie unique.

Favoriser la croissance

La réunion de l’euro zone, mercredi 23 mai, entre les présidents et Premiers ministres est susceptible de tourner en faveur de la croissance. Angela MerkelFrançois Hollande et d’autres dirigeants travaillent pour trouver un terrain d’entente sur certaines idées telles que le soutien à la création d’emplois en Grèce, ainsi que dans d’autres pays durement touchés, ou le renforcement du capital de la Banque européenne d’investissement (BEI).

François Hollande veut un « Pacte de croissance » pour compléter le Pacte Budgétaire européen, et on parle aussi d’alléger la politique d’austérité en donnant aux pays comme l’Espagne, la France, l’Italie, plus de temps pour réduire les déficits budgétaires.

L’espoir réside désormais dans un programme qui serait plus favorable à la croissance et dans certains signes de compromis de la part d’Angela Merkel qui pourrait produire un « effet Hollande » sur le vote des Grecs, en stimulant notamment les principaux partis qui soutiennent le plan de sauvetage européen et l’adhésion à la monnaie unique.

Global Post / Adaptation Sybille de Larocque / JOL Press

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