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Les femmes handicapées, premières victimes d’abus sexuels

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[image:1,l]Le viol d’une jeune Sud-Africaine provoque la consternation en Afrique du Sud. Ses bourreaux lui ont jeté l’équivalent de 25 cents en échange de son silence et l’ont ensuite abandonné, emportant avec eux la dignité de la jeune fille, sous la forme d’une vidéo sur leurs téléphones portables. La vidéo du viol a ensuite rapidement circulée entre les élèves de Soweto, une banlieue de Johannesburg.

La police a retrouvé la victime un mois plus tard, en état de choc chez un homme de 37 ans, suspecté de l’avoir kidnappé après le viol et de l’avoir séquestré comme une esclave sexuelle.

Des victimes délaissées

Ce n’est pas la première fois que l’on ignore la détresse de cette jeune fille, violée deux fois auparavant, en 2009 et 2010. Le premier viol avait été jugé, mais annulé par la suite, en raison de l’état de la jeune fille considérée trop « confuse » pour relater sa version des faits. Après l’incident, sa mère supplia les services sociaux de placer sa fille dans une structure où elle serait en sécurité. Mais les services ont ignoré ses demandes et sa fille a été violée une deuxième fois. « Ils m’ont lâché » déclara la mère sur CNN. Après la circulation de la vidéo sur Internet, le gouvernement trouva finalement un placement en sécurité.

La stigmatisation combinée des handicaps physiques et mentaux et la barrière de la communication accroît les difficultés de rendre justice après ces abus infligés aux femmes handicapées. Elles ont souvent peu ou pas accès à la police, aux avocats et aux tribunaux pour les protéger. Comme les recherches de Human Rights Watch dans le nord de l’Ouganda le montrent, les organismes de services d’aides aux victimes, et les services de police, n’ont souvent pas les moyens d’aider les femmes handicapées. 

Les victimes ont également très peu accès aux services médicaux et psychologiques, à l’aide sociale et aux soins préventifs.

Les femmes handicapées davantage exposées aux violences sexuelles

L’affaire a retenu l’attention de l’Afrique du Sud et des médias internationaux, cependant nous n’entendons que rarement parler de violences sexuelles contre les femmes et jeunes filles handicapées. Il n’est pourtant pas rare que de cas comme celui-ci se produisent. Human Rights Watch a mené des études auprès de jeunes femmes handicapées et a révélé qu’un tiers des personnes interviewées avaient été sexuellement ou physiquement abusées. Les estimations mondiales indiquent que les femmes et les filles handicapées sont 1,5 à 10 fois plus susceptibles d’être victimes d’abus physiques, sexuels et viols.

Des femmes « invisibles et ignorées »

Ces crimes sont rarement signalés. Lorsqu’ils le sont, la justice et les services sociaux peinent à les résoudre. Les femmes ayant un handicap restent invisibles et ignorées.

Les stéréotypes et les mythes abondent à propos de la sexualité des femmes handicapées. Elles sont souvent perçues comme faibles, indésirables, ou encore asexuées ; les rendant plus vulnérables aux violences sexuelles. Certains violeurs considèrent qu’ils font une faveur à ces femmes, sans qui, elles ne pourraient pas avoir de relation sexuelle. Pire, certains ne les considèrent même pas comme des êtres humains.

Renforcer les moyens de lutte contre le viol en Afrique du Sud

Les gouvernements et les différents services doivent concentrer leurs efforts en matière de prévention de violences sexuelles et sexistes, afin d’inclure les femmes ayant un handicap. Cela pourrait impliquer le transport des femmes handicapées dans les cliniques, rendant les services plus accessibles. Cela passe aussi par la formation du personnel de santé et des responsables de l’application de la loi, ainsi que le développement de programmes visant à lutter contre la stigmatisation. 

Rendre justice et prendre des mesures durables et efficaces

Les sept suspects, âgés de 13 à 19 ans, arrêtés pour le viol de la jeune Sud-africaine, compareront devant la justice durant les mois de mai et juin. Des poursuites « justes, crédibles et publiques »  qui rendraient au moins justice à un membre de cette population invisible.

L’attention mondiale sur l’affaire de Soweto doit inciter les gouvernements à agir dans leurs propres pays dans lesquels se déroulent des crimes similaires. La décence et le respect des droits de l’Homme devraient pousser ces gouvernements à prendre des mesures, pas seulement en réponse à une vidéo virale.

Global Post/ Adaptation Louise michel D./ JOL Press

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