Site icon La Revue Internationale

Les Indignés fêtent leur premier anniversaire

[image:1,l]

En ces jours printaniers, le mouvement Occupy s’est bel et bien décidé à raviver la flamme des Indignés. Ils étaient des milliers, ce weekend, à revenir sur les places et lieux des premières heures de la contestation, investis il y a un an, pour célébrer le premier anniversaire de l’occupation.

La Puerta del Sol fête son anniversaire

En Espagne, pays de naissance d’Occupy, le 15 mai 2011, pas moins de 81 villes ont de nouveau vibré au rythme des slogans des manifestants. « Nous ne sommes pas des euros », « La violence, c’est de gagner 600€ » ou encore « Écoutez la colère du peuple ! ». Plusieurs milliers d’Espagnols ont défilé pour témoigner de leur colère face à un gouvernement qui prône toujours plus d’austérité, dans un pays en crise qui voit son nombre de chômeurs augmenter de jour en jour (670 000 chômeurs supplémentaires depuis un an, soit un quart de la population active). Mariano Rajoy ne convainc pas les « Indignados » espagnols et un an après les évènements de la Puerta del Sol, à Madrid, ils sont au rendez-vous pour en témoigner.

Dans la nuit de samedi 12 à dimanche 13 mai, les Espagnols d’Occupy ont observé deux minutes de silence pour fêter un anniversaire sous le signe de la contestation. Un an après, les Indignés sont toujours présents et recueillent un soutien de plus en plus large auprès de la population. Si le mouvement prend de l’ampleur, les organisateurs sont désormais prêts à passer de la contestation à la proposition. Dimanche dans l’après-midi, plusieurs « Assemblées populaires » ont été tenues au cours desquelles 14 700 propositions ont été décidées. Ces suggestions d’Indignés, regroupant toutes les revendications du mouvement, n’ont pas pour objectif d’être soumises aux responsables gouvernementaux espagnols mais seront proposées à la société comme une alternative à une politique qu’ils rejettent en masse.

Des milliers de propositions pour une société d’Indignés

Malgré cette volonté de proposition, l’anniversaire d’Occupy n’a pas été épargné par la violence. Certaines villes comme Cadix, Valence, Palma ou encore Madrid ont été les théâtres d’altercations entre manifestants et forces de l’ordre. 18 « Indignados » ont été interpellés.

Les marches de la cathédrale Saint Paul de Londres ont retrouvé, le temps d’un weekend, les Indignés de cet hiver. Plusieurs centaines de manifestants ont répondu à l’appel pour célébrer le mouvement et se sont retrouvés sur cette place qu’ils occupaient jusqu’au démantèlement de leur camp en février dernier.

« À bas le capitalisme prédateur », « Vive la démocratie politique », « Le peuple avant les profits ». Derrière des slogans, inchangés depuis ces derniers mois, les Indignés de Londres ont également profité de cette réunion pour établir, vendredi 11 mai, le « Manifeste de mai ». Un carnet de doléances dans lequel les manifestants anticapitalistes proposent  une myriade de propositions pour accompagner le changement de société pour lequel ils s’engagent à grands coups de transformations du système économique, de démocratisation du FMI ou de l’ONU, d’abolition des paradis fiscaux ou encore de taxe mondiale sur les transactions financières.

Pour la démission de la classe politique

Les douloureux souvenirs d’un été mouvementé sont revenus à la mémoire de Benjamin Netanyahu ce weekend. Samedi 12 mai, ils étaient plusieurs milliers dans le centre de Tel Aviv pour commémorer le plus important mouvement de protestation qu’ait connu le pays, notamment un certain 3 septembre historique ou 500 000 Israéliens ont investi les rues de la ville pour dénoncer la hausse brutale du prix du logement.

À l’époque, Benjamin Netanyahu avait nommé un économiste pour imaginer des réponses aux exigeantes revendications des Israéliens. Manuel Trajtenberg n’avait alors pas répondu aux attentes de la rue.

Aujourd’hui, le Premier ministre israélien est de nouveau la cible d’Occupy. Derrière les mêmes banderoles, « Le peuple exige la justice sociale », « Nous voulons la justice sociale, pas la charité », les Indignés de Tel Aviv exigent tout simplement « le départ de Bibi » en référence au surnom donné à Benjamin Netanyahu.

Le dernier camp européen siège devant un Euro géant

Devant le célèbre Euro géant, symbole de la Banque Centrale Européenne, les Indignés de Francfort célèbrent un anniversaire dans le calme. À la différence des nombreux camps européens et américains, les tentes des Indignés de Francfort sont toujours en place. Ils sont désormais le dernier camp européen et doivent accueillir la douceur du printemps avec joie.

Depuis sept mois, une véritable communauté s’est créée devant les bâtiments « de l’austérité ». Ils sont quelques idéalistes à n’avoir pas craqué et bien décidé à faire entendre leurs voix. Bien loin des 5 000 manifestants réunis le 15 octobre dernier, les Indignés allemands sont désormais une vingtaine, accompagnés d’une cinquantaine de sans-abris. « Accueillis » par la municipalité de la capitale financière jusqu’à la fin du mois de mai et conciliants avec les autorités, le village des Indignés de la BCE est le symbole vivant d’un mouvement qui cherche à se pérenniser.

Passer de la contestation à la proposition

Le Canada mise également sur la pérennité. À Québec, les Indignés n’avaient plus retrouvé le chemin de la place de l’Université-du-Québec depuis leur expulsion en novembre dernier. Désormais, fini les camps et les tentes qui ont fait leur célébrité, l’attention du public et des politiques doit être concentrée sur leur message. Réunis samedi place d’Youville, les Indignés canadiens ont décidé d’instaurer un rendez-vous hebdomadaire, pour raviver la flamme des premiers jours.

D’autres, plus engagés, sont partis à pied de Montréal pour rejoindre Québec. Ces derniers projettent désormais d’investir le Parlement jusqu’à la démission du gouvernement et l’organisation de nouvelles élections.

Un an après, Occupy Wall Street ne semble pas mort, si les Indignés sont moins nombreux, ils sont mieux organisés, plus convaincus et soutenus par une crise mondiale qui, comme eux, semble plus que jamais se maintenir.

Quitter la version mobile