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Michael Haneke, la consécration

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Premiers pas

Le réalisateur autrichien est né en 1942 à Munich d’une mère actrice et d’un père acteur/réalisateur. Il a grandi dans la ville de Wiener Neustadt, au sud de Viennes et a suivi des études de philosophie, de psychologie et d’art dramatique à l’Université de Vienne. Passionné de cinéma, il est critique plusieurs années avant de devenir metteur en scène pour pièces de théâtre et opéras. Il ne devient réalisateur de films qu’en 1973, et ce pour la télévision. Très vite, ses films se distinguent par leur particularité et ne sont d’ailleurs pas tous appréciés.

Débuts au cinéma

Son tout premier film au cinéma (Le Septième Continent) est refusé par la télévision et le film est interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en France, en 1993. Il traite de l’implosion d’une famille qui finit par être détruite par son enfermement dans la vie quotidienne. Le second (Benny’s video) fait polémique, tant le sujet dérange : un jeune garçon, qui ne communique plus avec ses parents, est plongé dans l’univers des jeux vidéo et des films violents, jusqu’au jour où il commet l’irréparable et tue une jeune fille. Lui et sa famille font face à la situation avec une froideur indécente.

Film choc

C’est le film Funny Games (1997) qui révélera vraiment le réalisateur autrichien, avec une histoire gênante de nouveau, qui relate l’histoire d’une famille prise en otage par deux individus d’apparence tout à fait normale. La violence « réaliste » du film choque une nouvelle fois et fait connaître Haneke sur la scène internationale. Il réalisera même un remake de son film : Funny Games U.S., avec Naomi Watts, Tim Roth et Michael Pitt (2007).

Grand succès

Avec La Pianiste (2001), Haneke est à la fois ovationné et critiqué, par la presse et le public, mais reçoit tout de même le Grand prix du jury à Cannes et les acteurs du film, Isabelle Huppert et Benoît Magimel, obtiennent quant à eux le Prix d’interprétation. Le film est l’adaptation du roman La Pianiste d’Elfriede Jelinek (1983), et raconte l’histoire d’Erika Kohut, qui, à la quarantaine, est un professeur de piano reconnu, mais vit toujours avec une mère étouffante qui l’empêche de vivre sa vie de femme. Un de ses élèves, Walter Klemmer, lui montre son attirance pour elle. Elle le rejette d’abord, mais les relations avec le jeune homme évoluent rapidement en un rapport sexuel tumultueux et destructeur.

Première Palme d’or

C’est des mains de l’héroïne de La pianiste, Isabelle Huppert, alors présidente du jury du Festival de Cannes 2009, que Michael Haneke reçoit sa première Palme d’or pour son film Le Ruban blanc, l’histoire d’un village de l’Allemagne du nord à la veille de la Première Guerre mondiale, qui se déchire dans une froide violence. Un film en noir et blanc et en costumes qui remporte également le Prix FIPRESCI de la Critique internationale, le Prix de l’Education Nationale ainsi qu’une mention spéciale du jury oecuménique. Un film qui ose montrer les racines d’une violence bien ordonnée dès l’enfance, au sein d’ une institution scolaire, sous l’indifférence complaisante du village. Violence, ordre et indifférence : les trois vecteurs qui fondèrent la montée du nazisme en Allemagne.

Consécration

Michael Haneke reçoit sa deuxième Palme d’or au Festival de Cannes 2012 pour son film Amour, qui traite de la maladie dans un couple d’octogénaires amoureux comme au premier jour. Une consécration pour Haneke qui rejoint le cercle très fermé des doubles palmés (six à ce jour). Une histoire touchante qui a su atteindre le cœur du jury et qui arrivera certainement à conquérir celui du public dès le 24 octobre prochain. Là encore, Haneke ose aborder les thèmes qui dérangent : la vieillesse, la déchéance, la mort. Il vient toucher là où notre société refuse de s’immiscer. Le président du jury Nanni Moretti n’a pu rester insensible à ce film qui par delà son histoire émouvante, prend une dimension sociétale qui interroge et dérange.  Comme toujours chez Michael Haneke, le cinéma n’est pas simplement objet de divertissement, il est avant tout oeuvre d’interrogation sur les liens entre l’intime et le social, l’absolu et le contingent, la morale et l’instinct… C’est aussi probablement pourquoi le Festival de Cannes a fait du réalisateur autrichien un de ses favoris.

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