14 heures, ce lundi 28 mai. Morgane Meurteil, secrétaire générale du Syndicat du travail sexuel, a « les nerfs ». C’est la quatrième fois en quelques jours que des journalistes la contactent pour lui parler tourisme sexuel et développement de la prostitution en marge de l’Euro 2012. Un faux-problème, assure la jeune femme, qui milite pour une légalisation de la prostitution. Elle livre son sentiment dans les colonnes de Jol Press.
[image:1,f]
L’Euro 2012, un prétexte de plus pour « nettoyer les rues »
L’Euro, comme les J.O., sont surtout un prétexte de plus, pour les gouvernements, de nous réprimer. Il faut voir ce qui se passe actuellement à Londres pour les J.O. Les touristes arrivent, donc il faut « nettoyer les rues ». Et puis subitement les médias s’intéressent à nous. Ça fait le buzz, alors… Mais le reste du temps ? Tout le monde s’en fout. Tout à coup les gens craignent pour nous, parce que les villes vont être remplies de « mecs » potentiellement bourrés etc… Mais des clients bourrés, on en a à longueur d’année. Pas seulement en période d’Euro ou de Coupe du Monde. Ce qui importe, c’est qu’on puisse travailler en sécurité, mais les lois prohibitionnistes nous en empêchent. Voilà où se situe le problème. Non seulement on ne peut pas travailler dans des conditions sécurisantes, mais il faut en plus se protéger de la police qui nous arrête.
Garantir les « bonnes mœurs et la morale » au lieu de protéger les citoyens
Il faut en finir avec cette politique de prohibition. Penser en termes de réduction de risques. L’organisation de la prostitution telle qu’elle se fait aux frontières de la France, par exemple la Jonquera [village catalan situé à la frontière franco-espagnole, et qui compte près de 800 prostituées pour 28 000 habitants, ndlr] ne serait pas « l’horreur » que c’est, si la France ne menait pas une politique répressive. En France, on pense à protéger la morale avant de protéger les citoyens.
« On nous prend pour des irresponsables »
Ce que nous voulons c’est le respect de nos droits fondamentaux : la liberté de s’associer entre nous, le droit commun… La liberté d’expression, aussi. Dès que nous, travailleuses du sexe, prenons la parole, on nous dit que notre discours n’est qu’illusion, que c’est juste un moyen pour nous d’accepter ce que nous faisons. Notre parole n’a aucune valeur, si ce n’est celle de symptôme de notre supposée aliénation. On nous prend pour des mineures, au sens pénal du terme, des personnes qui ne savent pas ce qui est bien ou pas pour elles, des irresponsables. Sauf, bien entendu, lorsqu’il s’agit de nous réprimer.