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Près de 75 millions de jeunes au chômage dans le monde

[image:1,l]Le taux de chômage global des jeunes avait reculé entre 2002 et 2007. L’augmentation observée entre 2008 et l’apogée de la crise économique en 2009 a anéanti une grande partie des progrès réalisés. Au-delà même d’un rétablissement de la conjoncture économique mondiale, tout rétablissement de la situation passe par des réformes structurelles, en premier lieu dans le domaine de l’éducation. Outre ses effets négatifs et immédiats sur l’économie et la société, le chômage des jeunes a également des conséquences néfastes sur l’employabilité et les futurs salaires.

Aucune région du monde n’est épargnée malgré de nettes disparités

8,6% en Asie du Sud contre 25,7% au Moyen-Orient : le chômage des jeunes est un phénomène global. Partout, il est supérieur au taux de chômage de l’ensemble des actifs. Les raisons diffèrent d’une région du monde à l’autre.

Dans les pays développés et au sein de l’Union européenne, la crise a nettement aggravé une situation qui s’était améliorée depuis 2002. Une hausse de 26,5% a été constatée entre 2008 et 2011 et les prévisions pour 2012 établissent le taux de chômage des jeunes à 18%. Ces chiffres sont de l’ordre de ceux observés dans l’Europe centrale et du Sud-Est, même si, phénomène rare, le taux est redescendu à 17,6% en 2011 – contre 20,5% en 2009.

Les régions les plus touchées sont l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient avec, respectivement, 27,9% et 26,5% de jeunes sans emploi. Autre triste record, celui du rapport entre le taux de chômage des jeunes et celui de l’ensemble de la population active : 4 contre 1. Aux effets de la crise économique globale sont venus s’ajouter ceux des événements du Printemps arabe.

En Amérique latine et aux Caraïbes, les jeunes sans emploi sont passés de 13,7% à 15,6%. En Asie du Sud, 1,2 millions de jeunes supplémentaires se retrouvent au chômage. Les régions les moins touchées sont, pour des raisons différentes, l’Asie du Sud-Est et le Pacifique (13,5%) et l’Afrique subsaharienne (11,5%).

La crise économique et l’abandon du marché du travail

En raison des taux de chômage élevés qui les affectent, de nombreux jeunes, découragés, ont abandonné leur recherche d’emploi ou décidé de la remettre à plus tard, en rallongeant la durée de leurs études. Si cela était pris en compte, le taux de chômage global des jeunes passerait de 12,6% à 13,6%.

Ils sont en effet 6,4 millions de jeunes à avoir reporté leur entrée sur le marché du travail. C’est tout particulièrement vrai dans les pays développés et en Europe. En se comportant de la sorte, ceux-ci ne font sans doute que reporter la pression à laquelle ils seront soumis.

Ce « luxe » est moins courant dans les régions où règnent une plus grande pauvreté – comme dans l’ex-URSS, au Moyen-Orient ou en Afrique. Mais, l’âge d’entrée sur le marché du travail n’est pas seulement déterminé pas des facteurs économiques, il dépend aussi des valeurs dominantes de la société dans laquelle ils vivent.

Précarité et faible productivité

Une des difficultés à laquelle sont confrontés de nombreux jeunes à travers le monde, c’est aussi le décalage entre leurs aspirations et la réalité de leurs premières expériences professionnelles. Précarité et cantonnement à des emplois de faible productivité sont le lot d’un très grand nombre. Pire encore, les possibilités d’évolution apparaissent de plus en plus restreintes.

Le nombre d’emplois à temps partiel et temporaires a nettement augmenté au cours de la dernière décennie. C’est bien souvent la seule option disponible et cela a alimenté le débat sur la flexibilité du marché du travail. Dans l’Union européenne, ce type d’emploi a augmenté plus rapidement chez les jeunes que chez les adultes.

Dans les économies en voie de développement, les jeunes font face à d’importantes barrières structurelles dans leur recherche d’un travail décent. Dans la plupart de ces pays, la part de l’emploi salarié dans l’emploi total est faible, et une forte proportion de jeunes tend à s’engager dans des activités informelles et non-rémunérées, notamment au service d’entreprises ou de fermes familiales. La transition école-travail peut également être ponctuée par de périodes de chômage, d’emploi temporaire ou occasionnel, ainsi que de stages, si de telles opportunités se présentent, et ce alors même que les jeunes sont susceptibles de terminer à leur propre compte.

L’éducation, facteur clé

Éducation et formation sont indispensables à l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Elles favorisent la productivité et l’employabilité potentielle. Dans les économies développées, l’éducation sert de rempart contre le chômage, même si le niveau de diplôme exigé ne cesse de croître sans que, pour autant, les compétences soient proportionnellement supérieures. Il existe tout de même un lien fort entre le niveau d’instruction et le taux d’emploi. C’est encore plus vérifiable en période de crise.

Dans les économies en développement, les postes disponibles se limitent à de petits secteurs formels. Le changement structurel que l’on y observe engendre des écarts de compétence et des différences géographiques notoires. De nouveaux défis pour les systèmes.

Les propositions d’action de l’Organisation internationale du travail (OIT)

Pour cette institution internationale, les politiques d’emploi des jeunes doivent être une priorité. Parmi les moyens d’action, ses experts insistent sur :

> Les politiques macroéconomiques et politiques de croissance qui visent à maintenir ou renforcer les mesures qui peuvent contribuer à la création d’emplois et stimuler le démarrage ou la reprise durable de l’emploi.

> Les politiques et programmes actifs du marché du travail comme le développement de services publics de l’emploi, les subventions en faveur des salaires et de la formation, les incitations fiscales à l’emploi des jeunes.

> De meilleures stratégies pour améliorer la protection sociale pour les jeunes

> Le dialogue social et les partenariats pour l’emploi des jeunes

> Le soutien à d’importants systèmes d’information et d’analyse sur le marché du travail.

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