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Ratko Mladic, « le boucher des Balkans » devant la justice

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[image:1,l] Enfermé à Scheveningen, Ratko Mladic ronge son frein et espère encore retarder l’échéance. Après avoir réussi à faire reporter deux fois le début de son procès pour préparer sa défense, l’ancien « boucher des Balkans » va devoir faire face à l’Histoire.

Il y a un peu moins de 20 ans, Mladic était loin d’être cet homme éculé laissant planer des doutes sur sa santé pour gagner du temps. À l’époque, il paradait en plein bombardements sur le tarmac de l’aéroport de Sarajevo, posant en chef de guerre prêt à tout pour « rendre leurs terres aux Serbes » et chasser les « Turcs » musulmans.

Cet homme, aux manières brutales, éprouve une haine profonde envers les Croates depuis la mort de son père, tué par les oustachis (extrémistes croates pro-nazis) pendant la guerre de 39-45. Patriote fanatique, Mladic fait partie de ceux pour qui la fin justifie les moyens. Pour construire sa grande Serbie chrétienne et unifiée, il use et abuse de la force en ne faisant que peu de cas du sort de ses ennemis.

Méprisant la « couardise » des Casques bleus déployés en Yougoslavie, Mladic multipliera les provocations à l’encontre de la communauté internationale, allant jusqu’à enchaîner des soldats de l’ONU sur des sites stratégiques qu’il souhaitait ne pas voir bombardés.

Un chef brutal et cynique

Adulé par ses hommes, Ratko Mladic est un leader de terrain en complète opposition avec celui auquel son nom a souvent été rattaché : Radovan Karadzic. Le Nouvel Observateur rapporte, en 1995, le comportement en vigueur par Mladic pour traiter avec ses subordonnés : un désaccord avec un militaire se soldait par un violent coup de tête dans le nez.<!–jolstore–>

Pendant le siège de Sarajevo, il exhorte ses soldats à tirer toujours plus pour « rôtir et rendre fous » les bosniaques réfugiés dans les ruines. Un exemple parmi tant d’autres de la cruauté de celui qu’on surnommait « Attila » dès l’Ecole Militaire. Son fait d’armes le plus tristement célèbre restera le massacre de Srebrenica. Même s’il a toujours nié devant les juges avoir été à l’origine de quoi que ce soit, il n’y a guère de doute sur l’implication de Mladic dans ce massacre coûtant la vie de plus de 8000 musulmans, en juillet 1995.

Le silence et le refus de coopérer de l’ancien chef militaire n’ont rien d’étonnant. Depuis le début de sa carrière, la négation des faits et la dénonciation de la « propagande de l’ouest » sont au cœur de son discours. En 1995, Mladic alors à son apogée n’hésitait pas à tourner en dérision les accusations de La Haye : « 80 000 viols ? Mes hommes sont de vaillants guerriers, mais ce ne sont pas des surhommes ! ».

16 ans de clandestinité

Passé à la clandestinité après la fin de la guerre de Bosnie, Mladic se cachera 16 années, bénéficiant de la bienveillance des Serbes et du désintérêt de la communauté internationale pour une guerre trop vite oubliée. Il finira par être arrêté sous un nom d’emprunt en 2011dans la petite ville de Lazarevo. Depuis, Mladic gagne du temps. Chaque prétexte est bon à prendre pour retarder le verdict final. Par son refus de faire face aux faits, l’ancien général espère faire durer les choses et peut-être pouvoir, à l’image de son maître politique, Milosevic, faire un dernier pied de nez à une justice en disparaissant avant que ne soit lu le verdict.

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