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Retour au franc : la fin d’un tabou

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Alors que le retour de la Grèce à la drachme est sur toutes les lèvres, la question de la solidité de l’euro revient dans l’actualité. Jean-Baptiste Giraud avait déjà soulevé le débat en 2005, et aujourd’hui, la question se pose de nouveau, sans réalité économique, l’euro a-t-il sa place en Europe ?

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« A poser des questions imbéciles, on obtient des réponses idiotes ». C’est ainsi que débutait, fin 2005, la chronique d’un éditorialiste économique de renom sur une radio nationale de service public. 

De quoi parlait mon éminent et inébranlable confrère ? D’un sondage commandé par Economie Matin et le mouvement Ethic, réalisé par Téléperformance, qui révélait que 47 % des Français seraient favorables au retour au franc si celui-ci était possible, contre 46 % qui étaient pour conserver l’euro. Nous étions fin 2005, et d’après Jean-Louis Gombeaud pour ne pas le citer, qui aujourd’hui sévit sur RTL, il existait des sujets tabous en économie. Pardon, des « questions imbéciles, et des réponses idiotes ». Fin 2005, la monnaie unique était parée de toutes les vertus et envisager que les Français puissent avoir un avis différent étant non seulement politiquement incorrect, mais interdit.

 Quand la question de l’euro était taboue

Pourtant, fin 2005, la nouvelle fit la Une de plusieurs quotidiens allemands, et pas que Bild Zeitung, mais aussi du Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) institution de la presse économique outre Rhin. Le sondage fût également repris un peu partout en Europe, jusqu’aux Etats-Unis, et même en Chine. Sans commentaires au vitriol, mais avec toute la réserve et toute la rigueur qui sied à l’analyse des sondages.

 Pas de thermostat pour l’Europe

Et voici donc que depuis deux semaines le retour de la Grèce à la drachme est sur toutes les lèvres. Et par contrecoup, la question de la survie de l’euro, mais déjà, de sa légitimité, et de ses bienfaits supposés pour les européens, devient autorisée. Un autre éditorialiste économique, un « émergent » comme l’on dit de certains pays, a lui clairement posé le problème de l’euro dans Le Point cette semaine. Francois Lenglet y compare l’Union monétaire, donc l’euro, à un climatiseur qui tenterait désespérément la même température partout en Europe, Europe dont les pièces sont toutes de tailles différentes, exposées les unes au soleil, les autres au vent du Nord. « Quel que soit le réglage du thermostat, il est inadéquat pour la moitié des habitants » explique-t-il. Qu’en termes bien choisis ces choses-là sont dites ! 

 Sans réalité économique, pas d’euro

La fin de l’euro est inéluctable comme l’explique Francois Lenglet sans subi cette fois les foudres de ses pairs. Plus réalistes ? Moins idéalistes ? Factuellement, l’euro est mort, sauf à ce que l’intégration européenne devienne totale, faisant de l’Europe des Etats-Unis d’Europe, rendant évidente la solidarité de la Californie avec la Floride, du Minnesota avec l’Oklahoma.

La fin de l’euro, c’est ni plus ni moins ce que j’avais envisagé aussi en 2005, en faisant poser cette question à un panel représentatif de 1000 Français et en commentant prudemment le sondage. Ce n’était pas une vision dogmatique, mais bien pragmatique, car l’euro souffre depuis sa naissance d’un mal congénital : il n’est assis sur aucune réalité économique, mais sur une seule volonté politique. Tout oppose les économies néerlandaises et espagnoles, allemandes et grecques, autrichiennes et portugaises.

 L’Union Européenne a un choix à faire

Même le tandem franco-allemand roule avec des pneus de tailles différentes, et les passagers de l’engin n’ont pas exactement le même profil aérodynamique, ni le même coup de mollet. Mais à dire cela en 2005, alors que les ayatollahs de la pensée économique sévissaient, ne pas être émerveillé par les mille bienfaits de l’euro, c’était suspect, digne d’être placé sur le pilori de la bienséance économique. Aujourd’hui, nous sommes au pied du mur, et ce choix, dissoudre l’euro ou nous dissoudre dans l’Europe, nous devrons le faire très bientôt, sans billet retour. A bord du Titanic, alertés de la présence des icebergs, il y avait un moyen certain d’éviter le drame, en réduisant la vapeur et en descendant plus au Sud. Ne recommençons pas les mêmes bêtises par jusqu’au boutisme, aveuglés par les oreillères de l’orgueil

> Poir lire d’autres articles de Jean-Baptiste Giraud, consulter le site Economie Matin

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