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Scénario inquiétant pour la zone euro

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Une forte inquiétude

C’était un scenario dont on n’aurait même pas osé parler, une perspective si terrible que le simple fait de la mentionner évoquait le malheur et la destruction de la zone euro.

Depuis quelques jours, le risque que la Grèce soit contrainte de quitter le bloc monétaire est devenu trop insistant pour être ignoré.
Le sujet autrefois tabou est désormais devenu un thème incontournable des dirigeants de l’Europe. « Le prix à payer serait très élevé, s’ils décidaient de quitter l’Euro » a prévenu le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schauble, avant que les négociations avec ses partenaires de la zone euro ne commencent, lundi 21 mai. Les gouverneurs de trois Banques centrales ont, de plus, ouvertement évoqué la possibilité d’une sortie grecque.

« Techniquement, cela pourrait être fait » a déclaré Patrick Honohan, le gouverneur d’Irlande. « Ce n’est pas nécessairement fatal, mais ce n’est pas attirant. »

Même José Manuel Barroso, le président général de la Commission européenne a eu un avertissement sévère pour les Grecs : « Si un membre ne respecte pas les règles du « club », il ne vaut mieux pas qu’il y reste », a-t-il annoncé à la télévision italienne la semaine dernière.

La théorie des dominos

Dans les couloirs du siège de l’Union européenne, la crainte ne vient pas seulement de l’éviction possible de la Grèce, mais du chaos qui en résulterait et qui se répandrait rapidement au Portugal, en Irlande, en Espagne et même au-delà. Cela provoquerait un effondrement de la monnaie, mais aussi de l’économie généralisée.

Cette option n’inquiète pas que l’Europe. Malgré ses problèmes, la zone euro avec ses 13 600  milliards de dollars, demeure la deuxième plus grande économie mondiale. Son effondrement provoquerait un terrible tsunami déferlant sur l’économie mondiale, reléguant la chute de la banque Lehman Brothers à une onde délicate.
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« Il n’est pas seulement question de l’Europe. Il y a une probabilité que cela se propage à l’économie globale » a expliqué le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda au Dow Jones Newswires le weekend dernier. « C’est le plus grand facteur de risque pour l’économie japonaise. »

La montée des extrêmes

Le scénario catastrophe n’est pas encore inévitable, mais si les dirigeants européens ne trouvent pas, rapidement, les bonnes réponses, le pire est à craindre.

La Grèce devrait être poussée à organiser un nouveau scrutin à la mi-juin, après la victoire en demi-teinte du précédent suffrage, tenu le 6 mai. Les sondages prédisent, là encore, une forte participation en faveur des partis à tendance néo-nazi ou trotskiste, et tous ceux se revendiquant de l’anti-austérité. Ils remportent un succès grandissant, dans le pays, depuis le début de l’impasse économique. Ils réclament une Grèce qui revienne sur ses engagements à réduire son immense déficit budgétaire, alors que son renflouement s’est fait à hauteur de 130 milliards d’euros.

Des créanciers sous tensions

L’Allemagne et les autres créanciers ont mis en garde le gouvernement hellène. Si les mesures ne sont pas respectées, ils opéreront un gel des paiements. Le pays en faillite sera donc obligé de quitter la zone euro.

Comme cette perspective semble se concrétiser, les épargnants pourraient envoyer leur argent dans des havres de tranquillité (Allemagne entre autres), afin d’affronter cette menace de transformer leurs euros contre une nouvelle monnaie nationale (plus faible).

Certaines études suggèrent que les Grecs ont déjà transféré 250 milliards d’euros hors du pays.

Ces craintes renouvelées sur la Grèce ont déjà un impact majeur sur les autres pays à risque. L’indice boursier du Portugal a ainsi atteint son niveau le plus bas depuis 1996. L’Espagne et l’Italie ont vu le taux de leurs obligations s’élever de manière spectaculaire cette année.
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Si la Grèce sortait de l’euro, ces créanciers augmenteraient les taux de prêt, semant le doute sur la capacité du pays à payer ses dettes. Les épargnants portugais, irlandais et espagnols pourraient également prendre peur et déplacer leur argent. Les banques, déjà en mauvaise passe, s’effondreraient. Les économies de la France et de l’Italie seraient menacées. Afin de sauver l’euro, une intervention massive de la Banque centrale européenne serait indispensable ; soutenue, par ailleurs, par un financement accru de l’Allemagne et des économies, plus stables, du Nord. Un accord de partage du fardeau de la dette ou une dévaluation de l’euro serait à prévoir.

Toutefois, il est très peu probable que les électeurs, sceptiques, d’Allemagne, des Pays-Bas ou d’Autriche partagent cette opinion. La nouvelle administration socialiste en France et les partis politiques italiens pourraient également se rebeller contre les mesures d’austérité imposées par le nouveau financement des gens du Nord.

Les politiciens grecs doivent convaincre

L’Irlande pourrait renoncer au plan de sauvetage, si ses électeurs, lassés de l’austérité, le décident, en rejetant le traité de discipline budgétaire de l’U.E., lors du referendum prévu pour le 31 mai 2012.

Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis lundi à Bruxelles. Ils ont admis que le risque d’une sortie grecque, qu’ils appellent le « Grexit » (pour Greek et Exit), atteint son paroxysme depuis le début de la crise en 2009.
Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois, qui a présidé la réunion des ministres des Finances de la zone euro, a toutefois précisé que les autres membres de l’UE ne cherchaient pas pousser la Grèce à sortir. « Personne n’a mentionné une sortie de la Grèce de la zone euro ? Je suis fermement contre » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. « Je ne peux pas envisager, même pendant une seconde, que la Grèce quitte l’euro. Cela n’a aucun sens. C’est de la propagande. »
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Bien que la plupart des Grecs désirent conserver l’euro, les dirigeants européens espèrent que voir la population se tourner vers des politiciens « ordinaires », ne défendant pas des valeurs extrémistes contestables et ne prônant pas une ligne anti-austérité. Pour que cela se produise, les dirigeants des autres pays européens interviendront peut-être directement dans la campagne électorale du mois de juin, en soulignant de manière évidente, l’impact que le vote grec aura sur le maintien du pays dans la zone euro.

« Sans un engagement grec, ce fonds de sauvetage ne fonctionnera pas. Cela doit être la première responsabilité des hommes politiques du pays » a déclaré Olli Rehn, le commissaire à l’Économie de l’U.E., juste après la réunion des ministres de la zone euro. « L’avenir de la Grèce et le bien-être de ses citoyens repose désormais entièrement sur les épaules des politiciens hellènes.» Il y a donc un risque que des électeurs grecs se retournent contre le gouvernement, et se rebellent contre les ingérences extérieures. Mais l’Union européenne n’a pas d’autres options si elle veut conserver une zone euro unie.

Global Post /Adaptation Henri Lahera / JOL Press

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