[image:1,f]« Nous savons tous que les Philippines font partie intégrante du territoire de la Chine, c’est un fait indiscutable ». C’est ce qu’a déclaré, lundi 7 mai au soir, He Jia, présentatrice de la CCTV. L’enregistrement a été retiré du site de CCTV mais restait disponible mercredi sur d’autres sites.
Un vieux conflit territorial en mer de Chine méridionale
Les relations entre la Chine et les Philippines sont envenimés par un désaccord autour de la souveraineté sur le récif de Scarborough, connu sous le nom d’îles Huangyan en chinois.
Ce banc de Scarborough se situe à 230 km à l’ouest de la principale île des Philippines, celle de Luçon. Manille estime que ces hauts fonds se trouvent dans sa zone maritime exclusive de 200 milles, et que sa souveraineté est donc à ce titre incontestable. Pékin, de son côté, revendique l’intégralité de la mer de Chine méridionale.
Des tensions en avril dernier
Cette « gaffe » intervient après une nette dégradation entre les deux pays. Le dimanche 29 avril, la Chine a rejeté une proposition des Philippines pour résoudre le différend autour du récif de Scarborough, en mer de Chine du Sud, par une médiation internationale. Le chef du département chargé des mers, proche de ce ministère, Deng Zhonghua, avait fait part, la veille, de cette protestation formelle à l’ambassade des Philippines en Chine.
Deng Zhonghua avait jugé qu’étant donné que le récif de Scarborough fait partie intégrante du territoire chinois, une telle soumission non seulement contrevient aux principes fondamentaux des relations internationales, mais inflige aussi de graves dommages à l’ordre international en vigueur. La Chine a demandé aux Philippines de respecter effectivement la souveraineté territoriale chinoise, et de ne plus rien entreprendre qui aggraverait ou compliquerait la situation.
Les Philippines avaient précédemment accusé la Chine de chercher à intimider leurs garde-côtes à l’aide d’un navire fonçant à plus de 20 nœuds près du récif de Scarborough. Le gouvernement philippin avait par ailleurs fait part de son intention de conduire davantage d’activités d’exploration de gaz et de pétrole dans la région disputée, en dépit de l’agressivité croissante de la Chine.
Pour contrecarrer la puissance grandissante de la Chine, 6.000 soldats américains et philippins ont pris part durant la deuxième quinzaine d’avril à des manœuvres militaires conjointes dans l’archipel philippin. Début avril, le Gregorio Del Pilar, navire amiral de la marine philippine, avait intercepté huit bateaux de pêche chinois ancrés dans ses eaux et s’apprêtait à appréhender les pêcheurs lorsque deux navires de surveillance maritime chinois s’étaient interposés.
Déclarations nationalistes sur Internet
Des internautes chinois ont profité de l’occasion pour laisser libre cours à leurs sentiments nationalistes.
« Cette présentatrice est formidable, une vraie patriote qui annonce au monde que les Philippines appartiennent à la Chine », selon un micro blogueur répondant au nom de helenjhuang.
« Nous devrions attaquer directement, renvoyer (le président philippin Benigno) Aquino et récupérer notre territoire », poursuit cet internaute.
« De fait, les Philippines ont provoqué des troubles de manière irrationnelle, s’ils veulent démarrer une guerre nous les frapperons », selon un autre micro blogueur, kongdehua.
Ou encore… « Si chaque Chinois crachait une fois, nous pourrions noyer (les Philippines) », estime cet internaute belliqueux.
CCTV, outil de propagande, garde le silence
Les responsables de CCTV ont refusé de commenter la gaffe de la présentatrice ni de dire si la chaîne s’était excusée. Lorsqu’il s’agit d’évoquer les conflits territoriaux ou des mouvements séparatistes à Taïwan, au Tibet, au Xinjiang ou concernant des zones maritimes disputées, les médias officiels chinois ont pour habitude de dire que « la Chine exerce une souveraineté indiscutable » sur ces régions.
Prêt à répondre à toute escalade
Loin de calmer le jeu, les officiels chinois ont fait preuve de la plus grande fermeté. Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Fu Ying a déclaré, lundi 7 mai, que Pékin était prêt à répondre à « toute escalade » de la part des Philippines concernant la souveraineté du récif de Scarborough.