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100 milliards pour sauver les banques espagnoles

[image:1,l]Depuis l’annonce, samedi 9 juin, par Mario Draghi que la Banque centrale européenne (BCE) était prête à aider l’Espagne et la confirmation de l’accord de l’Eurogroupe en vue du déblocage d’un plan de secours de 100 milliards d’euros, la réaction des marchés financiers était attendue avec inquiétude.

« C’est une bonne nouvelle pour le système bancaire même si cela pourrait alourdir le ratio dette sur PIB pour l’Espagne. La réaction sera positive à court terme sur le marché de la dette et cette décision peut soutenir l’appétit pour le risque », affirme-t-on du côté de BNP Paribas. C’est l’opinion qui prévaut parmi les analystes. Un début de soulagement alors que l’Espagne traverse une triple crise.

Une triple crise et une reprise par l’extérieur

L’Espagne  vit en effet une triple crise : une bulle immobilière qui éclate et met en danger ses caisses d’épargne, une crise de ses finances régionales, le tout sur fond d’une récession qui empire, avec baisse des dépenses publiques, des salaires et des pensions.

En contrepartie, et on ne le dit pas, les exportations se redressent : c’est en effet la seule voie pour se sortir d’affaire, en Espagne comme en Grèce, comme en France aussi. Mais la reprise par l’extérieur est toujours lente, bien plus lente que les effets négatifs de la crise financière sur l’activité et la confiance. Voilà pourquoi les autorités espagnoles cherchent l’aide de la zone euro, car la facture dépasse de loin leurs possibilités. Mais, en Espagne ou ailleurs, les hommes politiques n’aiment pas demander de l’aide, préciser son usage, donner des garanties, s’engager sur une feuille de route. Et en Espagne, il n’est pas question de demander davantage d’austérité en contrepartie : la leçon grecque a porté.

La zone euro apprend à fonctionner dans la crise

Financièrement, il s’agit d’éviter la peur et la fuite des dépôts bancaires et, politiquement, la rage et la révolte sociale. Cette aide fait ainsi sens, avec un montant conséquent pour les caisses d’épargne qui vont se restructurer, tandis que les grandes banques espagnoles peuvent financer les entreprises du pays. Avec la pression qui monte partout, l’Espagne nous donne l’exemple, plus proche que l’Irlande, de la nouvelle feuille de route : faire intervenir la BCE, rendre plus efficace la puissance publique et soutenir les entreprises pour rebondir par l’export, avec une compétitivité retrouvée. Avant que les difficultés n’empirent, il faut guérir l’Espagne et prévenir ailleurs. 

L’Espagne est le quatrième pays de la zone euro à être aidé

Après la Grèce (240 milliards depuis mai 2010), l’Irlande (85 milliards en novembre 2010) et le Portugal (78 milliards en mai 2011), le plan d’aide à l’Espagne est le quatrième mis en œuvre par les responsables de la zone euroAu total, la facture s’élève à 503 milliards pour les créanciers de la zone. 

Parmi les quatre pays aidés, l’Irlande voudrait renégocier son plan de sauvetage.  Dublin se plaint des avantages obtenus par Madrid : le gouvernement irlandais a dû mettre en place un plan d’austérité rigoureux en échange de l’aide européenne, il y a 18 mois, une contrepartie non réclamée aux Espagnols. « Cela n’a rien à voir avec ce qui a été fait dans d’autres pays  » a déclaré le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, précisant que son pays avait déjà mis en place une série de réformes budgétaires et de politique de l’emploi. L’effort réclamé par les Européens sera donc concentré sur le secteur bancaire espagnol, pour éviter une faillite similaire à celle des banques grecques

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