Site icon La Revue Internationale

17 ans après, Aum terrifie toujours le Japon

217984198_fa925f1878_z.jpg217984198_fa925f1878_z.jpg

[image:1,l]Nous sommes le 20 mars 1995. Peu avant 8h du matin, cinq membres du culte Aum Supreme Truth montent à bord de rames de métro à la gare de Tokyo central. Armés de parapluies dont les pointes ont été aiguisées, ils percent des sacs plastiques contenant une quantitée importante de sarin, une substance chimique 500 fois plus toxique que le cyanure et très volatile. Ils prennent la fuite avant que l’arme chimique ne se diffuse dans les wagons. Très vite, les voyageurs, depuis la rue jusqu’aux plus hautes plate-formes, sont pris de suffocations et s’effondrent au sol en crachant du sang.

13 morts, 6000 blessés

Ce jour là, l’attaque a tué treize personnes et fait plus de 6 000 blessés, qui, pour certains, souffrent encore aujourd’hui de graves séquelles neurologiques induites par l’agent toxique. C’était la seconde attaque de ce type en deux ans. La première avait frappé la ville de Matsumoto dans la nuit du 27 au 28 juin 1994. Une chasse à l’homme est organisée pour retrouver celui qui est devenu l’homme le plus recherché de l’Archipel. Au total 189 personnes sont associées au crime. Ashara et 12 autres personnes sont condamnées à mort.

Une confrontation directe avec le gouvernement

La secte comprend alors près de 10 000 membres à travers le Japon – et 30 000 en Russie – tous loyaux à leur gourou. Le choix des victimes, lui, ne s’est pas fait au hasard. Nombre des passagers prenant le métro ce jour-là étaient des employés ministériels se rendant à leurs bureaux dans le district de Kasumigaski à Tokyo. En commettant cet attentat, les fidèles d’Aum entendaient provoquer une confrontation directe avec le gouvernement, annonciateur, pour eux, de l’apocalypse.

La pire attaque terroriste au Japon

L’année dernière, trois des hommes d’Ashara, condamnés à mort, ont réussi à s’évader. Le premier d’entre eux, Makoto Hirata, s’est rendu de lui-même à la police de Tokyo, à la veille du nouvel an. Au début du mois de juin, Naoko Kiruchi, un quadragénaire suspecté d’avoir synthétisé le sarin, a été arrêté près de Tokyo grâce à un informateur. Enfin, la semaine dernière, c’est Katsuya Takahashi, que l’on accuse d’avoir conduit un des porteurs de sarin sur les lieux du crime, qui a été arrêté. Dix-sept ans après, l’arrestation des trois derniers hommes responsables de l’attaque met un point final à l’enquête sur ce crime – la pire attaque terroriste sur le sol japonais – qui a traumatisé l’ensemble de la population.

Un dysfonctionnement de l’appareil policier

Mais, la facilité avec laquelle le trio a pu s’évader a soulevé des intérrogations quant au fonctionnement des forces de police. Selon certaines informations, la police aurait été incapable de remonter la piste de Kikuchi malgré de très nombreux témoignages. Hirata, lui, aurait été renvoyé du premier poste de police où il s’est rendu par un officier de police incrédule. L’arrestation de Takahashi n’a été possible que grâce à l’emballement médiatique qui a suivi l’arrestation de son complice.

La fin de la saga Aum ?

L’arrestation de Kikuchi clôt la saga Aum, mais il faudra un certain temps avant que les victimes ne retrouvent une vie normale. De plus, pour beaucoup, cela ne change rien. Shizue Takahashi  – qui n’a aucun lien avec le suspect et dont le mari est mort dans l’attentat – faisait, il y a peu, part de son exaspération sur le plateau de Kyodo News : « J’ai souffert pendant longtemps […] combien de douleur, nous, victimes, allons-nous devoir encore supporter ? ».

Un nouvel Aum est encore possible

Aujourd’hui, le culte, qui ne compte plus que quelques centaines de membres, a été renommé Aleph et s’est séparé de son gourou pour se concentrer sur un nouvel enseignement – un mélange étrange de bouddhisme, de christianisme, de yoga et d’occultisme. Fumihiro Joyu, leader de Circle of Rainbow Light (Cercle de Lumière de l’Arc-en-ciel), un groupe qui s’est séparé très tôt d’Aum, puis d’Aleph, a pressé Takahashi d’aider la police à faire toute la lumière sur l’ensemble des activités criminelles d’Aum : « Je veux qu’il aide la société à tirer les leçons de ces événements de sorte que cela ne se reproduise jamais plus ». 

Aleph, dont les membres continuent de vivre dans une résidence à Tokyo, poursuit son recrutement dans les milieux étudiants et cela fait craindre la résurgence d’un groupe similaire à Aum. Face au danger, le Comité National de Sécurité Japonais a renouveler la surveillance policière du groupe pour trois ans encore. Pour les membres du comité : « La ferveur des anciens membres d’Aum envers leur Gourou n’a, en rien, été altérée ».

Global Post – Adaptation Stéphan Harraudeau pour JOL Press

Quitter la version mobile