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A quoi joue Angela Merkel?

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Devine qui vient dîner à l’Elysée ? Angela, bien sûr. Cinq jours après le mini-sommet quadripartite de Rome, avec Mario Monti et Mariano Rajoy, et à la veille du Sommet européen de Bruxelles, Angela Merkel est à Paris pour s’entretenir en tête-à-tête avec François Hollande. Le tandem franco-allemand va tenter d’accorder ses violons de sorte que les négociations bruxelloises aboutissent à des avancées conséquentes – et efficaces – dans la lutte contre la crise en zone euro.

« La Chancelière de fer » refuse toutes solutions de facilité

La chancelière allemande Angela Merkel a martelé, mercredi 26 juin, son message contre des solutions de facilité à la crise, comme les euro-obligations, estimant que son pays avait déjà envoyé « un signal fort » à ses partenaires en soutenant un pacte de croissance.

Dans un discours aux députés du Bundestag, chambre basse du parlement, Angela Merkel a prévenu, une fois de plus, qu’il n’y avait « pas de solution rapide, facile à la crise » et plaidé pour « des solutions durables, pas un feu de paille ».

Le pacte de croissance, un signal fort ?

« L’Allemagne envoie avec sa culture de la discussion orientée vers les résultats » et avec son engagement pour la croissance « un signal fort en interne et vers l’extérieur », a déclaré Angela Merkel, évoquant le projet d’investir 120 à 130 milliards d’euros à court terme dans la croissance en Europe, un engagement pris la semaine dernière à Rome avec ses homologues espagnol, italien et français.

Les critiques de cette annonce pointent le fait qu’il s’agit en fait de crédits déjà existants, notamment des fonds structurels européens non affectés, plutôt que de « l’argent frais ».

Berlin place les reformes structurelles en tête de l’ordre du jour

Des réformes structurelles dans les pays en difficulté seront « tout en haut de l’ordre du jour » à ce sommet, a ajouté la chancelière, qui a également déclaré s’attendre à « des controverses » entre les partenaires et à ce que « tous les yeux, ou du moins beaucoup d’yeux, soient braqués sur l’Allemagne ».

Mais celle-ci n’a pas des forces illimitées, et a déjà donné suffisamment de gages à l’Europe, a-t-elle estimé.

Paris a baissé la garde ces dernières semaines sur sa revendication d’introduire à court terme des euro-obligations, instrument de mutualisation de la dette en zone euro auxquels Angela Merkel a répété mercredi son opposition farouche.

Ces « euro-obligations » et tous les autres produits du même type -les euro-obligations à court terme – « eurobills » en anglais – de moins d’un an, un fonds d’amortissement de la dette- sont non seulement incompatibles avec la constitution allemande mais également « contre-productives », a-t-elle martelé.

Lever le tabou de la fédéralisation

« Il est beaucoup trop question de toutes sortes d’idées sur une responsabilité commune, et nettement pas assez de possibilités améliorées de contrôle » des Européens les uns sur les autres, a déploré la chancelière.

Au sommet de jeudi et vendredi, Angela Merkel veut s’engager pour définir « un plan de travail et une méthode de travail » pour renforcer de manière substantielle l’intégration européenne, utilisant comme base les propositions publiées mardi par le président de l’Union européenne Herman van Rompuy. « Je vais m’engager pour donner un fondement stable à l’union monétaire », a-t-elle promis, et pour parachever celle-ci.

Des divergences au sein du gouvernement français ?

François Hollande s’est montré très prudent sur la question d’une plus grande intégration, rappelant que la France refuserait toutes remises en cause de sa souveraineté nationale. Il semblerait qu’au sein du gouvernement de Jean-Marc Ayrault quelques dissensions soient apparues sur ce sujet. D’un côté, Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances, plaiderait pour davantage de fédéralisme, par conviction mais en souvenir sans doute aussi de son engagement aux côtés de Jacques Delors – et François Hollande – dans les Clubs Témoins au début des années 1990. De l’autre, Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et partisan du « Non » lors du référendum de 2005 sur la constitution européenne s’y opposerait farouchement. L’amorce d’une fracture politique ? A surveiller.

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